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L'Eucharistie

26 décembre 2008

1 L'Eucharistie au coeur du Seder

L'Eucharistie chez les Pères de l'Eglise

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1 -  L' Eucharistie au coeur du Seder

   

     LITURGIE D'OUVERTURE

A la nuit tombée,

Le Maître de maison préside le repas,

Quatre coupes de vin rythment le Seder. Elles veulent rappeler les 4 verbes utilisés en Ex 6,6-7 pour exprimer la délivrance d'Israel.

  Ex 6, 6-7: Je suis Yahvé et je vous soustrairai au corvées des Egyptiens; je vous délivrerai de leur servitude et je vous rachéterai à bras étendu et par de grands jugements .Je vous prendrai pour mon peuple et je serai votre Dieu, qui vous aura soustraits aux corvées des Egyptiens.


Jn 13, 30: Il faisait nuit

Exhortation préliminaire rapportée par Lc 22, 15-16

J'ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir; car je vous le dis, jamais plus je ne la mangerai jusqu'à ce qu'elle s'accomplisse dans le Royaume de Dieu.


 

1 Bénédiction de la 1° coupe " Coupe de kiddoush "

On remplit la 1° coupe

Et ce fut soir.Et ce fut matin. Jour Sixiéme.Or furent complets le ciel et la terre et toutes leurs armées. Et Dieu eut compléte, au jour Septiéme, son oeuvre qu'il fit. Et il chôma, au Septiéme, et il le sanctifia; car en ce jour, il chôma de toute l'oeuvre qu'il créa.

Le mot Kiddoush dérive du mot Kadosh ( " Saint " ). le Kiddoush est la priére de sanctification du sabbat et des jours de fête, récité ou chanté en même temps que l'on éléve une coupe de vin. La bénédiction commence par un rappel du fondement du sabbat dans la Création. Puis intervient la bénédiction sur le vin. Finalement est rappelé la sortie du pays d'Egypte. Le sabbath fait sortir de l'esclavage des six jours profanes.

Bénit sois-tu, Adonaî, notre Dieu, Roi du Monde qui crées le fruit de la vigne

On boit la coupe


Puis, ayant reçu une coupe, il rendit grâces et dit : "Prenez et partagez entre vous; car, je vous le dis, je ne boirai désormais du produit de la vigne jusqu'à ce que le Royaume de Dieu soit venu ".

( Le 7° jour de la création, celui qui n'a de fin, a souvent été vu par les Péres de l'Eglise comme la figure du Paradis, du Royaume de Dieu établi en plénitude et pour toujours.)


  Bénit sois-tu, Adonaï, notre Dieu, Roi du Monde, qui nous choisis parmi tous peuples, et nous élevas parmi toutes langues, et nous sanctifias de tes commandements. Tu nous donnas, Adonaï, notre Dieu, avec amour, des Sabbats pour le repos et des temps pour la joie, des fêtes et des époques pour l'allégresse, ce jour de Sabbat et ce Jour de la Fête des Matsoth, date de notre délivrance, don de ton amour, convocation de ta Sainteté en souvenir de la sortie de Mitsraïm. Car tu nous choisis et tu sanctifias parmi tous peuples, et tu accordas le Sabbat et les temps de la Sainteté, en amour et en complaisance, en joie et en allégresse.


  Jn 15, 16 : Ce n'est pas vous qui m'avez choisi ; mais c'est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous allier et portiez du fruit et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez au Pére en mon nom, il vous le donne


Adonaï : " Seigneur" en Hébreu. Un Juif ne prononce jamais le nom de " YHWH " . Chaque fois qu'il lit un texte ou se trouve ce nom, il le remplece automatiquement par Adonaï.

Matsoth : pains sans levain ( au singulier : matsa ). azymes

Mitsraïm : Egypte

Mistsrites : Egyptiens

Béni sois-tu, Adonaï, qui sanctifies le Sabbat, et Israël, et ses Assemblées.

Béni sois-tu, Adonaï, notre dieu, qui nous as amenés jusqu'à ce Jour.


Lc 22, 15 : J'ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir


Le président se lave les mains, trempe du cerfeuil ou persil dans l'eau salée ou le vinaigre, coupe en deux un des pains sans levain ( il y en a 3 ) en disant:

Voici le pain misérable que mangèrent nos pères, au pays de Mitsraïm. Que tout affamé vienne et mange ; Que tout besogneux ait sa pâque .

Cette année nous sommes ici ; l'an prochain en Israël. Cette année fils d'esclaves ; l'an prochain fils de princes.....

"ici" = en Egypte = pays de l'esclavage et du péché.

" l'an prochain " : on le retrouve tout à la fin du Seder, avec une dimension eschatologique. On est dans le déja là et le pas encore là des promesses de Dieu.


Lc 22, 15-16: "car je vous le dit, jamais plus je ne mangerai jusqu'à ce qu'elle s'accomplisse dans le Royaume de Dieu. "


On passa à table. Selon les coutumes grecques pour les repas festifs, les convives s'installent sur des " lits de table ", disposés en fer à cheval autour de la table ou se trouvent  les mets.

C'est le triclinium romain. On s'appuie sur le coude gauche pour manger de la main droite. ( Le nombre des convives est alors clos ) . On se lave la main droite pour prendre les plats.


>>> Ceci aide à comprendre ce que nous dit Jean dans son Evangile. Jn 13, 25 : Le disciple se penche sur le poitrine de Jésus et lui dit :...


  2.  On sert le " repas pascal " : Plats d'entrée

-  Légumes verts

-  Haroset : fruits pilés trempant dans du vin rouge. Evocation des briques d'argile que les Hébreux devaient fabriquer en Egypte.

On consomme pas encore les nourritures.

Ex 1, 13-14 :  Les Egyptiens contraignirent les Israélites au travail et leur rendirent la vie amère par de durs travaux : préparation de l'argile, moulage des briques, divers travaux des champs, toutes sortes de travaux auxquels ils les contraignirent.

  LITURGIE PASCALE

3 . On remplit une 2° coupe  " Coupe de Haggadah "

mais on ne la boit pas encore.

Haggadah de Pâque : Ce texte liturgique raconte l'Exode des Hébreux hors d'Egypte. Il doit être accessible à tous, y compris aux enfants. C'esr pourquoi il comporte un dialogue entre le plus jeune et le président. Méme si chacun connaît l'histoire, la haggadah doit étre proclamée, car même les plus sages ont à approfondir constamment.


D'après J. Jeremias ( exégète ) , Jésus aurait pu expliquer à ce moment que sa mort à venir allait être l'accomplissement de ces rites.

De ce point de vue, 1 Co 5, 7 : " Car notre pâque , le Christ a été immolé. Célébrons donc la fête(...) avec des azymes de pureté et de vérité "... serait un vestige de cette interprétation faite par Jésus au cours de la dernière Cène.


  4 . Dialogue entre le président et le plus jeune

   -  Pourquoi cette Nuit pas comme les autres ?

   -  Pourquoi du pain non levé et ces nourritures spéciales ?

   -  Pourquoi mange-t-on couché et non pas assis ?

Les réponses sont en partie improvisées, expliquant les trois éléments principaux du repas :

  -  Zeroah : l'agneau (dont le sang sur le linteau des portes a protégé les hébreux de l'Ange exterminateur)

  -  Matsoth : les pains azymes (en raison de la hâte à fuir l'Egypte)

  -  Maror : les herbes améres  (parceque les Egyptiens avaient l'existence amère aux hébreux)

Ex 12, 8 :  Cette nuit là, on mangera la chair rôtie au feu; on la mangera avec des azymes et des herbes amères.

    L'Agneau que nos Pères mangeaient, ils le mangeaient en raison de quoi ? De ce que le Saint, béni soit-il, passa les maisons de nos Pères, en Mitsraïm. Car il est dit : "Et vous direz : C'est là le sacrifice de Pessah pour Adonaï, qui passa les maisons des fils d'Israël, en Mitsraïm, lorsqu'il frappa Mitsraïm; et nos maisons , il les épargna. Et le peuple s'inclina; et ils se prosternèrent".

Pessah : pâque, ce qui veut dire " passage"

Cet Azymes nous les mangeons en fonction de quoi ? De ce que la pâte de nos Pères n'avait pas eu le temps de lever, quand le Roi des Rois, le Saint, déni soit-il, parut sur eux et les sauva. Car il est dit : "Et ils cuisirent leur pâte, qu'ils firent sortir de Mitsraïm, en gâteaux non levés ; car elle ne fermenta pas : c'est qu'ils fuirent de MitsraÏm et ils ne tardèrent point ; et même des provisions, ils ne s'en firent point ".

Cette Herbe Amère nous la mangeons, en raison de quoi ? De ce que les Mitsrites firent amère la vie de nos Pères en MitsraÏm. Car il est dit : "Et ils firent amère leur vie, au travail lourd de l'argile et des briques, et à tous travaux des champs, et à tous travaux dont ils les accablèrent dans l'accablement ".

  En toute et toute gènèration, c'est une dette pour l'homme de se voir comme si lui-mème ètait sorti de Mitsraïm. Car il est dit : "Et tu raconteras à ton fils, en ce jour -là, disant : En vue de tout ceci, Adonaï agit pour moi, quand je sortis de Mitsraïm ". Non point nos Pères seulement, il les sauva, le Saint, bèni soit-il; mais nous mêmes, en eux, il nous sauva. Car il est dit : "Et il nous fit sortir de là-bas, afin de nous mener et de nous ddonner le pays qu'à nos Pères, il avait jurè".

On retouve la notion de temps "en spirale" : c'est nous, aujourd'hui que Dieu sauve et fait sortir d'Egypte.


Dt 26, 5-11 : Tu prononceras ces paroles devant le Seigneur ton Dieu : "Mon père etait un Aramèen errant qui descendi en Egypte, et c'est en petit nombre qu'il y séjourna, avant de devenir une nation grande, puissante et nombreuse. Les Egyptiens nous maltraitèrent, nous brimèrent et nous imposèrent une dure servitude. Nous avons fait appel au Seigneur le Dieu de nos Pères. Le Seigneur entendit notre voix, il vit notre misère, notre peine et notre oppression, et le Seigneur nous fit sortir d'Egypte à main forte et à bras ètendu, par une grande terreur, des signes et des prodiges. Il nous a conduits ici et nous a donné cette terre, terre qui ruisselle de lait et de miel. Voici que j'apporte maintenant les prémices des produits du sol que tu m'as donné, ô Seigneur."

Tu les déposeras devant le Seigneur ton Dieu et tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu. Puis tu te réjouiras de toutes les bonnes choses dont le Seigneur ton Dieu t'a gratifié, toi et ta maison,--toi ainsi que le lévite et l'étranger qui est chez toi.


On lève la coupe et l'on dit à voix plus haute :

C'est pourquoi la dette est sur nous de remercier, de louer, de louanger, de célèbrer, de hausser, d'exalter, de magnitier, de glorifier, et de bénir celui qui fit pour nos Pères et pour nous tous ces signes : qui nous tira de la servitude vers la liberté, de la détresse vers la joie, du deuil vers la fête, et des ténèbres vers la lumière grande, et de l'oppression vers l'affranchissement. Et chantons devant sa face un chant nouveau : Allélouïa.

  5 . Chant de la 1°partie du Hallel

On chante les Psaumes 113-114 en hébreu

Hallel : ce mot hébreu signifie louange. Mais il désigne aussi un ensemble de psaumes de louange : Ps 113 à 118 ( selon la numérotation hébraïque ) . On appelle aussi " grand hallel " le psaume 136

On léve la coupe , et l'on dit :

  Béni sois-tu, Adonaï,notre Dieu, Roi du Monde, qui nous sauvas, et sauvas nos Pères de Mitsraïm, et nous menas jusqu'à cette nuit-ci,pour manger en elle l'Azyme et l'Herbe Amère. Ainsi, mène-nous, Adonaï notre Dieu, jusqu'à d'autres Fêtes qui viennent au-devant de nous pour la paix et la joie de ton service ! Que nous mangions des sacrifices et des Pâques dont le sang, pour te plaire, monte jusqu'au mur de ton autel. Et nous te dédierons un chant nouveau sur notre délivrance et affranchissement. Béni sois-tu, Adonaï, qui délivres Israel !

On boit la coupe de Haggadah, accoudé à gauche, après qu'on a dit la bénédiction :

     Béni sois-tu,Adonaï, notre Dieu, Roi du Monde, qui crées le fruit de la vigne.

  6 . Ablutions

Le plus jeune offre de l'eau.


Lavement des pieds.

Jn 13, 4-5 : Il se léve de table, dépose ses vêtements, et prenant un linge, il s'en ceignit.Puis il met de l'eau dans un bassin et il commença à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint.

Ici, c'est Jesus qui rend ce service !

Lc 22,26 : Quel est en effet le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui est à table ? Et moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert !

Quand il y a plus de 5 participants, on termine par l'aîné : ici Pierre.

Jn 13,6 : Il vient donc à Simon-Pierre, qui lui dit : Seigneur, toi, me laver les pieds ?


LE REPAS PASCAL

   7 .  Bénédiction du pain azyme

Le président :

    Béni sois-tu, Adonaï, notre Dieu, Roi du Monde, qui fais sortir le Pain de la terre.

    Béni sois-tu, Adonaï, notre Dieu, Roi du Monde, qui nous sanctifias en tes ordonnances, et ordonnas de manger l'Azyme.

Puis fraction et distribution


Mt 26,26 : Or tandis qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples.

Lc 22,19 : Ayant pris du pain, ayant rendu grâces ( eucharistésias ), il le rompit et le leur donna, disant : ceci est mon corps qui est donné pour vous.  Faites ceci en mémoire de moi.


   8  .  Consommation du repas pascal

Comportant : - l'agneau

                       -  les azymes

                        - les herbes amères

  Ex 12,46  :  On la mangera dans une seule maison et vous ne ferez sortir de cette maison aucun morceau de viande. vous n'en briserez aucun os.


St Jean rappelle cette prescription à propos du Christ en Croix.

Jn 19,36 : Car cela est arrivé afin que l'Ecriture fût accomplie : Pas un os ne lui sera brisé.


Au cours du repas, on "trempe" le maror dans le harroset.


Annonce de la trahison de Judas.

Jn 13,26 :  Jésus répond : "C'est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper." Trempant alors la bouchée, il la prend et la donne à Judas, fils de Simon Iscariote.

Mt 26,23 : Il répondit : "Quelqu'un qui a plongé avec moi la main dans le plat, voilà celui qui va me livrer !"

Sortie de Judas. Jn 13,30 : Aussitôt la bouchée prise, il sortit ; il faisait nuit.


Fin du "Repas" proprement dit

9  .  Chant des grâces sur une 3° coupe. " Coupe de bénédiction"

On emplit la 3° coupe. Le Président prononce, au nom de tous, une longue bénédiction qui est action de grâce.


Lc 22,20 : IL fit de même pour la coupe après le repas.

1 Co 10,16 : La coupe de bénédiction que nous bénissons n'est-elle pas communion au sang du Christ ?

Cette phrase de St Paul laisse penser que c'est sur cette coupe-là que Jésus a dit "Ceci est mon sang".


Le Président dit : Bénissons notre Dieu.

Tous : Le nom d'Adonaï soit béni,de maitenant jusqu'en l'éternité.

Le Président dit : Avec votre permission (celle des rabbins et de l'assemblée), bénissons notre Dieu qui nous fit manger de ce qui est à lui.

Tous : Béni, celui qui nous fit manger de ce qui est à lui, et nous fit vivre de son bien.


Ce dialogue se retrouvera dans les liturgies chrétiennes. C'est le dialogue avant la préface :

Le Président : Le Seigneur soit avec vous.

Tous : Et avec votre esprit.

Le President : Elevons notre coeur.

Tous : Nous le tournons vers le seigneur.

Le Président : Ren dons grâce au Seigneur notre Dieu.

Tous : Cela est juste et bon.

1) partie : Dieu maintient sa Création en vie. Ps 136,25 : A toute chair il donne son pain, car éternel est son amour.

Le Président dit ou chante : Béni sois-tu Adonaï, notre Dieu, Poi du Monde, qui de ton bien nourris le monde entier, en grâce, en bonté et en miséricorde. Tu donnes ton pain à toute chair, car éternelle est ta bonté . De ton grand bien, jamais tu ne nous fit manquer, et, de ta nourriture, ne nous fera manquer jamais, jusqu'en l'éternité. Car en faveur de ton grand Nom, tu nourris tout, entretient tout et fait du bien à tout ; et à toutes ces créatures que tu as créées, tu prépares la nourriture.

2) partie : Mémoire des bienfaits de Dieu pour son peuple.

  Béni sois-tu, Adonaï, notre Dieu, qui fis posséder à nos Péres un pays de délices, un pays bon et large, et nous affranchis du pays de Mitsraïm, de la maison d'esclavages ; et pour ton alliance, scellée par toi en notre chair, et pour ta Loi que tu nous enseignas, et pour tes prescriptions que tu nous fis connaître, et pour la vie, la grâce et la bonté dont tu nous gratifias, et le manger de cette nourriture, dont constamment tu nous nourris et nous fais subsister tous les jours, en tout temps et toute heure.

Mention de l'alliance. C'est la circoncision. Avec l'Incarnation, ce texte prend un autre relief !

Dt 8,10 : Lorsque tu mangeras et te rassasieras, tu béniras Yahvé , ton Dieu, pour le bon pays qu'il t'a donné.

3) partie : Demande de salut pour l'avenir.

De tout, Adonaï, nous te remercions et nous te bénissons, Qu'en la bouche de tout vivant ton Nom soit béni constamment et toujours, jusqu'en l'éternité. Ainsi qu'il est écrit : "Tu mangeras et te rassasieras, et tu béniras Adonaï ton Dieu, pour le pays bon qu'il te donna". Béni sois-tu, Adonaï pour le pays et pour la nourriture. Aie pitié, Adonaï, notre Dieu, d'Isral, ton peuple, et de Iérouschalaïm, ta ville, et de Sion, tente de ta gloire, et de la royauté de la Maison de David, ton Oint, et de la Demeure grande et sainte sur qui fut appelé ton Nom. Notre Dieu, notre Pére, notre Berger, nourris-nous, entretiens-nous, sustente-nous, donne-nous l'aise et vite élargis-nous, Adonaï, de toutes nos misères. De grâce, Adonaï, notre Dieu, ne nous fais point avoir recours à l'homme de chair et de sang, ni aux mains de ses dons, ni aux mains de ses prêts, mais à ta seule main, pleine, ouverte, et sainte, et large, que nous ne soyons à la honte et l'opprobre jamais, jusqu'en l'éternité.

Il ya ensuite un appel pour la venue d'Elie et du Messie.

  Béni sois-tu, Adonaï, notre Dieu, Roi de Monde, qui crée le fruit de la vigne.

Puis on fait circuler la coupe et chacun boit.


Mention de l'Alliance nouvelle

Lc 22,20 : Il fit de même pour la coupe après le repas disant : "cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pous vous."

Mt 26,27 : Prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant : "Buvez-en tous; car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés.


RITES DE CONCLUSION

10 . on remplit une 4° coupe  "coupe de Hallel"

11 . Chant de la 2° partie du Hallel    Psaumes 115 à 118

12 . Chant du " grand Hallel"   Psaume 136

13 . Bénédiction de la coupe de Hallel

Après une longue louange comportant

Béni sois-tu, Adonaï, notre Dieu; Roi du Monde, qui crée le fruit de la vigne.

On boit la coupe et on ajoute : Béni sois-tu, Adonaï, notre Dieu, Roi du Monde, pour la vigne et pour le fruit de la vigne, et pour le fruit du champ et pour l'agrément du pays bon et large que tu accordas et fis posséder à nos Péres, les nourrissant de son fruit et rassasiant de ses biens.


Jn 15,1-5 : Je suis la vigne véritable et mon Pére est le vigneron. Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l'enléve, et tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde, pour qu'il porte encore plus de fruit.....Je suis la vigne; vous les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit.


14 . Priére finale

Aie compassion, Adonaï, notre Dieu,de ton peuple Israel, de IérouschalaÏm, ta ville, et de sion, Demeure de ta gloire, de ton autel et ton temple. Et rebâtis IérouschalaÏm, la ville de ton Sanctuaire. en promptitude et de nos jours. Et fais-nous monter au milieu d'elle et réjouis-nous en elle ; et que nous mangions de son fruit et syons rassasiés de ses biens, et que sur elle nous disions la bénédiction, en pureté et en sainteté. Veuille nous délivrer en ce jour de Sabbat, et nous réjouir en ce Jour de fête des Matsoth. Béni sois-tu Adonaï, pour le pays et pour le fruit de la vigne.

Et vous serez tous agréés par l'Eternel !


Mt 26,29 : Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce produit de la vigne jusqu'à ce Jour-là ou je le boirai avec vous, nouveau, dans le Royaume de mon Pére.

L'evangile de luc place cette déclaration eschatologique sur la coupe avant le repas ( Lc 22,18)


  La Pâque est terminée, ainsi qu'il est écrit, selon la coutume et l'ordre prescrits. Comme aujourd'hui par nous la Fête fut fêtée, par nous à l'avenir qu'elle soit répétée.

   Du Trône pur d'En-Haut, Dieu de compassion, rassemble tes enfants, nombreux comme poussiére : rends aux plants desséchés la terre nourriciére, aux captifs délivrés, rends les joies de sion, l'an qui vient à IérouschalaÏm


Mt 26,30 : Après le chant des psaumes, ils partirent pour le Mont des Oliviers.


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25 décembre 2008

2 L'Eucharistie au temps des Pères

L'Eucharistie chez les Pères de l'Eglise 

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2  -  L'Eucharistie au temps des Pères

Et puisque j'en suis aux recommandations, je n'ai pas à vous louer de ce que vos réunions tournent non pas à votre bien, mais à votre détriment ......Lors donc que vous vous rèunissez en commun, ce n'est plus le Repas du Seigneur que vous prenez. Dés qu'on est à table en effet, chacun prend d'abord son propre repas, et l'un a faim, tandis que l'autre est ivre. Vous n'avez donc pas de maisons pour manger et boire ? Ou bien mèprisez vous l'Eglise de Dieu, et voulez- vous faire honte à ceux qui n'ont rien ? Que vous dire ? Vous louer ? Sur ce point je ne vous loue pas.

Pour moi, en effet, j'ai reçu de Seigneur ce qu'à mon tour je vous ai transmis : le Seigneur Jésus, la nuit ou il était livré, prit du pain et, aprés avoir rendu grâce, le rompit et dit : "Ceci est mon corps, qui est pour vous ; faites ceci en mémoire de moi." De même après le repas, il prit la coupe, en disant : "cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang ; chaque fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi." Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous  buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne.   1 Co 11,17-26


                                                    Didaché,9-10

   Pour ce qui est de l'Eucharistie, rendez grâces ainsi :

D'abord pour le calice : Nous te rendons grâce, ô notre père, pour la sainte vigne de David, ton serviteur ; tu nous l'as fait connaître par Jésus, ton Serviteur. Gloire à toi dans les siècles !

Puis pour le pain rompu : Nous te rendons grâce, ô notre père, pour la vie et la connaissance que tu nous as accordées par Jésus, ton Serviteur. Gloire à toi dans les siècles !

Comme ce pain rompu, autrefois disséminé sur les montagnes, a été recueilli pour n'en faire plus qu'un, rassemble ainsi ton Eglise des extrémités de la terre dans ton royaume. Oui, à toi est la gloire et la puissance, par Jésus-Christ dans les siècles !

Après avoir été rassasiés, remerciez ainsi : Nous te rendons grâces, ô Père saint, pour ton saint nom que tu as abrité dans nos coeurs, pour la connaissance,la foi et l'immortalité que tu nous a accordées par Jésus, ton enfant. Gloire à toi dans les siècles !

C'est toi, Maître tout-puissant, qui as créé l'univers, à la louange de ton nom ; tu as donné aux hommes la nourrityre et le breuvage en jouissance, afin qu'ils te rendent grâces ; mais nous,tu nous a gratifiés d'und nourriture et d'un breuvage spirituels, et de la vie éternelle par ton Enfant. Avant tout, nous te rendons grâces, parce que tu es puissant ; Gloire à toi dans les siècles !

Souviens-toi,Seigneur, de délivrer ton Eglise de tout mal et de la parfaire dans ton amour. Rassemble des quatre vents l'Eglise que tu as sanctifiée, dans le royaume que tu lui as préparé. Car à Toi est la puissance et la gloire dans les siècles !

Vienne ta grâce et que passe ce monde ! Hosannah au Dieu de David ! Si quelqu'un est saint, qu'il vienne ; s'il ne l'est pas, qu'il fasse pénitence ; Marana tha ! Amen

                Ignace d'Antioche  - Lettre aux Smyrniotes,8

  Suivez tous l'évêque, comme Jésus-Christ suit son Père, et le presbyterium comme les Apôtres ; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse, en dehors de l'évêque, rien de ce qui regarde l'église. que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l'évêque ou de celui qu'il en aura chargé. Là ou paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là ou est le Christ Jésus, là est l'Eglise catholique. Il n'est pas permis en dehors de l'évêque ni de baptiser, ni de faire l'agape, mais tout ce qu'il approuve, cela est agréable à Dieu. Ainsi tout ce qui se fait sera sûr et légitime.

             Justin , 1° apologie,65-67

  Quand celui qui s'est associé à la foi et à notre croyance a reçu l'ablution dont nous avons parlé plus haut, nous le conduisons dans le lieu ou sont rassemblés ceux que nous nommons nos frères. Là commencent les prières ardentes que nous faisons pour l'illuminé, pour nous-mêmes et pour tous les autres, dans l'espoir d'obtenir, avec la connaissance que nous avons de la vérité, la grâce de vivre dans la droiture des oeuvres et dans l'observance des préceptes, et de mériter ainsi le salut éternel. Quand la prière est terminée, nous nous saluons tous d'un baiser de paix.

  Ensuite on apporte à celui qui est le chef des frères du pain, de l'eau et du vin. Il les prend et célèbre la gloire et chante les louanges du Père de l'univers, par le nom du Fils et du saint Esprit, et fait une longue action de grâces, pour tous les biens que nous avons reçu de lui. Les prières et l'action de grâces teminées, tout le peuple s'écrie :Amen ! Amen !, en langue hébraïque, signifie "ainsi soit-il".

  Quand le chef des frères a fini les prières et l'action de grâces, que tout le peuple y a répondu, ceux que nous appelons diacres distibuent à chacun des assistants le pain, le vin et l'eau, sur lesquels les actions de grâces ont été dites, et ils en portent aux absents.

  Nous appelons cet aliment Eucharistie, et personne ne peut y prendre part, s'il ne croit la vérité de notre doctrine, s'il n'a reçu l'ablution pour la rémission de ses péchés et sa régénération, et s'il ne vit selon les enseignements de Christ.

  Les apôtres, dans leurs écrits, que l'on nomme Evangiles, nous ont appris que Jésus-Christ leur avait recommandé d'en agir de la sorte, lorsque ayant pris du pain, il dit : "Faites ceci en mémoire de moi : ceci est mon corps" ; et semblablement ayant pris le calice, et ayant rendu grâces : "Ceci est mon sang", ajouta-t-il ; et il le leur distribua à eux seuls.

  Après l'assemblée, nous nous entretenons les uns les autres dans le souvenir de ce qui s'y est passé. Si nous avons du bien, nous soulageons les pauvres et nous nous aidons toujours ; et dans toutes nos offrandes, nous louons le Créateur de l'univers par Jésus-Christ son Fils et par le saint Esprit.

  Le jour du soleil, comme on l'appelle, tous ceux qui habitent les villes ou les campagnes se réunissent dans un même lieu, et on lit les récits des apôtres ou les écrits des prophètes, selon le temps dont on peut disposer. Quand le lecteur a fini, celui qui préside fait un discours pour exhorter à l'imitation de ces sublimes enseignements.

  Ensuite nous nous levons tous et nous prions. Et, comme nous l'avons dit, la prière terminée, on apporte du pain, du vin et de l'eau, et celui qui préside fait les prières et les actions de grâces avec la plus grande ferveur. Le peuple répond : Amen. Et la distribution et la communuon générale des choses consacrées se fait à toute l'assistance ; la part des absents leur est portée par les diacres.

  Ceux qui sont dans l'abondance et veulent donner, font leurs largesses, et ce qui est recuelli est remis à celui qui préside, et il assiste les veuves, les orphelins, les malades, les indigents, les prisonniers et les étrangers : en un mot, il prend soin de soulager tous les besoins.

  Si nous nous rassemblons le jour du soleil, c'est parce que ce jour est celui ou Dieu, tirant la matière des ténèbres, commença à créer le monde, et aussi celui ou Jésus-Christ notre Sauveur ressuscita d'entre les morts ; car les juifs le crucifièrent la veille du jour de Saturne, et le lendemain de ce jour, c'est-à-dire le jour du soleil, il apparut à ses disciples, et leur enseigna ce que nous avons livré à vos méditations.

       Hyppolite - Tradition Apostolique

  L'évèque avec tout le collège des prètres dit cette action de grâces :

Le Seigneur est avec vous. Tous répondront : - Et avec ton esprit.

Elevons nos coeurs. - Ils sont prés du Seigneur.

Rendons grâces au Seigneur. - C'est juste et nécessaire.

  L'évèque continura ainsi : Nous te rendons grâces, ô Dieu, par ton enfant bien-aimé Jésus-Christ que, dans les derniers temps, tu nous as envoyé comme Sauveur, Rédempteur et Messager de ta volonté. Il est ton Verbe inséparable, par qui tu as tout créé, en qui tu as mis tes complaisances. Tu l'as envoyé du ciel dans le sein d'une Vierge. Dans ses flancs, il s'est manifesté comme ton fils, né de l'Esprit Saint et de la Vierge. Il a réalisé ta volonté, et pour t' acquérir un peuple saint, a étendu les mains, lorsqu'il s'ouffrait, afin de délivrer de la souffrance ceux qui en toi ont cru. Lors donc qu'il s'était livré à une souffrance librement acceptée, pour détruire la mort, fouler aux pieds l'enfer, illuminer les justes, établir le Testament et manifester sa Résurrection, il prit du pain, rendit grâces et dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps qui sera rompu pour vous. De même pour le calice,il dit : Ceci est mon sang qui est répandu pour vous. Quand vous faites ceci, faites-le en mémoire de moi. Nous souvenant donc de sa mort et de sa résurection, nous t'offrons le pain et le calice, en te rendant grâces de ce que tu nous as jugés dignes de nous tenir debout devant toi et de te servir. Nous te demandons d'envoyer ton Esprit sur l'oblation de la sainte Eglise, de rassembler dans l'unité tous ceux qui communient, de les remplir de l'Esprit-Saint, pour affermir leur foi dans la vèrité. Ainsi nous voulons te louer et te glorifier par ton enfant, Jésus-Christ. Par lui te soient rendus gloire et honneur, Père et Fils avec le Saint-Esprit, dans la sainte Eglise, maintenant et dans des siècles des siècles ! Amen !

       Cyrille de Jérusalem  -  5° catéchèse mystagogique

  Vous avez donc vu le diacre donnant au célèbrant et aux pesbytes de Dieu qui entourent l'autel, l'eau pour se laver les mains. Il ne la leur donnait nullement en raison de la souillure corporelle : ce n'est pas cela. Car c'est sans aucune souillure corporelle que nous sommes entrés dans l'église au début. Mais ce lavage est un symbole du devoir qui vous incombe de vous purifier de toutes vos fautes et tous vos manquements. Les mains sont en effet le symbole de l'action : en les lavant, nous suggérons nettement la pureté irréprochable des actions. N'as-tu pas entendu le bienheureux David expliquer ce mystère et dire : "Je laverai mes mains parmi les innocents, et je ferai le tour de ton autel, Seigneur" ?  Donc, avoir les mains lavées symbolise l'exemption de fautes.

  Ensuite le diacre crie : "Accueillez-vous les uns les autres ; échangeons le baiser !" Ne pense pas que ce baiser soit du même genre que ceux qu'échangent sur la place les amis ordinaires. Certes non ce baiser n'est pas de ce genre. Il lie âmes de mutuelle amitié et sollicite l'oubli de toute offense. Ce baiser signifie donc que les âmes se fondent et bannissent tout ressentiment. C'est ce qui faisait dire au Christ : "Si tu apportes ton présent à l'autel, et que là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton présent devant l'autel, et va te réconcilier avec ton frère : alors, viens offrir ton présent". Ce baiser est donc une réconciliation, et c'est pourquoi il est saint, comme le proclmait le bienheureux Paul : "Echangez un baiser", et Pierre : "...En un baiser de charité".

  Ensuite le célébrant crie : "haut les coeurs !" C'est qu'en effet, à ce moment particulièrement redoutable, il importe d'élever son coeur à Dieu, et de ne pas le tenir abaissé vers la terre et les affaires terrestres. donc, le célébrant prescrit avec autorité, à ce moment, de quitter les soucis de cette vie et les préoccupations domestiques, pour tenir son coeur au ciel, auprès du Dieu de miséricorde. Vous répondez alors : "nous les tenons auprés du Seigneur" ,et par cette affirmation vous adhérez à l'ordre. Que nul donc n'ait le front de prononcer seulement : "Nous les tenons auprès du Seigneur", tandis que sa pensée serait aux soucis de la vie. Le souvenir de Dieu doit toujours vous être présent. que si la faiblesse humaine rend la chose impossible, à cette heure du moins il faut faire un effort tout particulier.

  Puis le célébrant dit : "Rendons grâces au Seigneur !" Il nous faut en véruté lui rendre grâces, car il nous a appelés, indignes, à cette grâce si grande : il nous a réconciliés avec lui, alors que nous étions ses ennemis, il nous a jugés dignes de l'esprit d'adoption. Vous dites ensuite : "C'est digne et juste !" En rendant grâces, en effet nous accomplissons une action digne et juste, alors que lui, c'est en faisant, non pas ce qui est juste, mais plus que ce qui était juste, qu'il nous a fait du bien et admis à de si grandes grâces.

  Puis, nous faisons mention du ciel, de la terre et de la mer, du soleil et de la lune, des astres et de toute la création, raisonnable et sans raison, visible et invisible, des Anges, Archanges, Seigneuries, Chefs, Principautés, trônes, Chérubins aux multiples visages, disant ardemment avec David : "Glorifiez le Seigneur avec moi",.Nous mentionnons aussi les Séraphins que vit Isaïe, en l'Esprit Saint, debout autour du trône de Dieu, de deux ailes se voilant la face, de deux autres les pieds, et les deux dernières soutenant leur vol, tout en disant : "Saint, Saint,Saint est le Seigneur Sabbaoth". Si nous répétons cette divine louange, venue des Séraphins, c'est pour participer à l'hymme des armées célestes.

  Après nous être sanctifiés par ces chants spirituels, nous supplions le Dieu de philanthropie, d'envoyer le Saint-Esprit sur les oblats déposés devant nous pour qu'il transforme laepain dans le corps du Christ et le vin dans le sang du Christ. Ce qu'a touché le Saint-Esprit est en effet totalement sanctifié et transformé.

  Après le plein accomplissement du sacrifice spirituel, du culte non sanglant, nous invoquons Dieu sur cette offrande de propitiation, pour la commune paix des Eglises, pour le bon équilibre de l'univers, pour les empereurs, les soldats et les alliés, les infirmes, les affligés, et en un mot, pour tous ceux qui ont besoin d'être secourus, tous nous prions et nous offrons le sacrifice.

  Ensuite nous faisons mention de ceux qui sont endormis, et d'abord des patriarches, des prophètes, des apôtres, des martyrs, pour qu'à leur prière et à leur intervention, Dieu reçoive notre demande. Ensuite nous prions pour les saints pères endormis, les évèques, et en général pour tous ceux d'entre nous qui se sont endormis, avec la même confiance qu'un puissant secours sera accordé aux âmes pour lesquelles monte notre prère, dans le temps que le saint et très redoutable sacrifice est là devant nous.

  Puis, la prière terminée, tu dis "Amen", la scellant de cet Amen, qui signifie : puisse s'accomplrir ce que contient la prière que Dieu nous apprise !

  Ensuite, le célébrant dit : "Aux saints les choses saintes !" Saintes sont les choses qui se trouvent devant lui, et sur lesquelles a fait irruption le Saint-Esprit. Saints vous aussi, qui avez été jugés dignes du Saint-Esprit. Les choses saintes donc, et les saints, sont les uns pour les autres. Ensuite vous dites : "Un seul Saint, un seul Seigneur, Jésus Christ !" En effet, il n'y a vraiment qu'un seul saint, saint par nature. Nous aussi nous sommes saints, non par nature, mais par participation, par effort et par prière.

  Vous entendez ensuite le chantre vous inciter, par un chant divin, à participer aux saints mystères : "Goûtez, dit-il, et voyez que le Seigneur est bon !". Ne laissez pas à votre gosier de chair cette appréciation, non, mais à la foiqui n'hésite pas. Ceux qui goûtent ne sont pas invités, à déguster pain et vin, mais ce qui répond à ces éléments : le corps et le sang du Christ.

  Quand donc tu approches, ne t'avance pas en tendant la paume des mains, ni les doitgs écartés, Mais puisque sur ta main droite va se poser le Roi, fais lui un trône de ta gauche ; dans le creux de ta main, reçois le corps du Christ, et réponds : "Amen." Après avoir avec attention sanctifié tes yeux par le contact du saint corps, prends-le et veille à n'en rien laisser perdre. Que si tu en laissais perdre quelque chose, tu devrais considérer cela comme une amputation de l'un de tes membres. Dis-moi en effet, supposons que l'on t'ait donné des paillettes d'or, ne les garderais-tu pas avec la plus grande attention, évitant d'en perdre quoi que ce soit, et d'en être ainsi appauvri ? Ne veilleras-tu pas avec bien plus d'attention encore à ne laisser tomber aucune miette de ce qui est plus précieux que de l'or et des pierres précieuses ?

  Mets ta main droite sous la gauche pour recevoir le corps du Christ. (Grégoire de Nysse)

  Ensuite, quand tu as communié au corps du Christ, avance-toi aussi vers la coupe de son sang. Ne tends pas les mains, incline-toi, dis par manière d'adoration respectueuse : "Amen", et sois sanctifié par la réception du sang du Christ. Puis, en attendant l'oraison, rends à Dieu qui t'a admis à de hauts mystères.

  Retenez intactes ces traditions, et gardez-vous vous-mêmes sans trébucher. Ne vous privez pas vous-mêmes de la communion, n'allez pas vous souiller par le péché et vous soustraire ainsi à ces mystères sacrés et spirituels. Que le Dieu de la paix vous amène à la perfection de la sainteté. Et que votre corps, votre âme, votre esprit, soient jalousement gardés intacts pour le jour de l'avenement de notre Seigneur Jésus Christ, à qui soient gloire, honneur et puissance avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. amen.

        Basile de Césarée  -  Lettre 93

  Communier chaque joue et prendre sa part du corps et du sang sacrés du Christ est aussi beau qu'utile. Lui-même le dit clairement : "Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle". Qui peut mettre en doute que participer sans cesse à la vie revient à multiplier la vie en soi ? Notre usage toutefois est de communier quatre fois par semaine, les dimanches, mercredis, vendredis, samedis et en outre les autres jours ou l'on célèbre la mémoire d'un saint.

                Ambroise  -  Des Sacrements, V,25

  Reçois chaque jour ce qui doit profiter chaque jour. Vis de telle manière que tu mérites de le recevoir chaque jour. Celui qui ne mérite pas de le recevoir chaque jour ne mérite pas de le recevoir après une année. Ainsi le saint Job offrait chaque jour un sacrifice pour ses fils, de peur qu'il n'eussent commis quelque péchè dans leur coeur ou en paroles. Toi donc, tu entends dire que chaque fois qu'on offre le sacrifice, on représente la mort du Seigneur, la résurection du Seigneur, l'ascension du Seigneur, ainsi que la rémission des péchés, et tu ne reçois pas chaque jour le pain de vie ?

             Augustin  - Sermon 227

  Je n'oublie point mon engagement. A vous qui venez d'être baptisés j'avais promis un discours sur le sacrement de la table sacrée, sacrement que vous contemplez en ce moment même et auquel vous avez participé la nuit dernière. Vous devez connaître en effet ce que vous avez reçu, ce que vous recevrez encore, ce que vous devriez recevoir chaque jour.

  Soyez attentifs à la lecture des Actes des Apôtres ; c'est maintenant, c'est aujourd'hui même qu'on commence à lire cet ouvrage, et quiconque veut faire des progrès dans la vertu, trouve là des moyens pour réussir. Quand vous venez à l'église, laissez de coté vos entretiens et appliquez-vous à étudier les Ecritures.

  voyez aussi comme les mystères du sacrifice se suivent naturellement. Après avoir prié, on vous invite d'abord à porter votre coeur haut. N'est- ce pas ce que doivent faire les menbres du Christ ? Vous êtes devenus les membres du Christ ; mais ou est votre chef ? Des menbres ont un chef,et si le chef ne marche en avant, les menbres ne le suivront point. Ou donc est allé votre chef ? Qu'avez-vous répété dans le symbole ? "Le troisième jour il est ressuscité d'entre les morts ; il est monté au ciel, il est assis à la droite du Père". Ainsi notre Chef est au ciel.Voilà pourquoi, lorsqu'on vous invite à élever votre coeur, vous répondez : "Nous avons le coeur près du Seigneur".

  Il est à craindre toutefois que vous n'attribuez à vos forces, à vos mérites, à vos travaux d'avoir élevé votre coeur près du Seigneur, tandis que vous ne le faites que par la grâce de Dieu. Aussi, quand le peuple a répondu : "Nous tenons notre coeur près de Seigneur", l'évêque, ou le prêtre qui célèbre, continue, et dit : "Rendons grâces au Seigneur notre Dieu", de ce que notre coeur, est près de lui. Rendons-lui grâces ; car, sans lui, ce coeur serait à terre. C'est à quoi vous applaudissez en répondant encore : "Il est bien juste, et bien convenable" que nous rendions grâces à celui qui nous accorde de tenir nos coeurs élevés vers notre Chef.

  Ensuite, après la consécration du divin sacrifice, afin de nous rappeler combien Dieu demande que nous soyons nous-mêmes un sacrifice pour lui, on a prononcé ces paroles : "le sacrifice désigne ce que nous sommes" ; une fois donc la consécration achevée, nous disons l'Oraison Dominicale (le Notre Père), celle qui vous a été enseignée et que vous avez répétée, puis à la suite de cette oraison : "La paix soit avec vous", et les chrétiens se donnent alors un baiser. Ce baiser est un symbole de paix ; ce que témoignent les lèvres doit se passer dans le coeur. De même, donc que tes lèvres s'approchent des lèvres de ton frère, ainsi ton coeur ne doit pas s'éloigner du sien.

          Augustin - Explication de la messe aux néophytes, 3

  Après quoi, on dit : "Que la paix soit avec vous". Le baiser de paix est un grand mystère. Qu'il exprime ton amour. N'imite point Judas, Judas le traître a donné au Christ le baiser de ses lèvres, mais dans son coeur, il l'a traqué. Peut-être quelqu'un te porte-t-il de l'inimitié et tu ne peux le convaincre ? Tu devras le supporter. Ne lui rends pas le mal pour le mal dans ton coeur. Il hait, mais toi, aime, et tu pourras donner le baiser de paix en toute sécurité.

24 décembre 2008

3 - L'Agneau

L'Eucharistie chez les Pères de l'Eglise

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                 L'Agneau

                     * * *

     Lire la Bible avec les Pères de l'Eglise

                          * * *

  "Telles sont bien les paroles que je vous ai dites quand j'étais encore avec vous : il faut que s'accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes". Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Ecritures, et il leur dit : "Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d'entre les morts le troisième jour, et qu'en son Nom le repentir en vue de le rémission des péchès serait proclamé à toutes les nations, à commencer par Jérusalem".                                                                                                                                  Lc 24,44-47


         Cyrille de Jérusalem  -  2° catéchèse mystagonique

Le Christ est le trésor caché dans les Ecritures, car il était signifié par des figures et des paraboles qui, humainement parlant, ne pouvaient être comprises avant l'accomplissement des prophéties, c'est-à-dire avant la venue du Seigneur.


De même que le serpent de bronze fut éle é par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.          Jn 3,14-15

Car je ne veux pas que vous l'ignoriez, frères : nos pères ont tous été sous la nuée, tous ont passé à travers la mer, tous ont été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer, tous ont mangé le même aliment spirituel et tous ont  bu le même breuvage spirituel ; ils buvaient en effet à un rocher spirituel qui les accompagnait, et ce rocher, c'était le Christ.           1 Co 10,1-4


                      Origène  -  Homèlie sur l'Exode, 5

voyons la règle d'interprétation que nous a léguée l'Apôtre Paul. Vous voyez la différence entre la lecture historique et l'enseignement de Paul. La traversée de la mer par les Juifs, Paul l'appelle un baptême ; en ce qu'ils croyaient être une nuée. Paul voit le Saint-Esprit. De ce passage il convient de rapprocher la parole du Seigneur dans l'Evangile : "Celui qui n'est pas rené de l'eau et de l'Esprit-saint, ne peut entrer aux royaume des cieux." Paul parle ensuite clairement du rocher qui les accompagnait et il dit : "Ce rocher c'était le Christ." Qu'allons-nous donc faire, nous qui avons reçu de Paul, maître de l'Eglise, de telles règles d'interprétation ? N'est-il pas juste que nous appliquions à d'autres cas l'exégèse dont il nous a donné l'exemple ?


                   L'Agneau pascal

       Ex 12 ; Is 53 ; Co 5,7 ; Jn 1,29

                           * * *

                               

                         L'Agneau

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           Cyrille d'alexandrie  -  Commentaire de Jean ,4,2

Dis-moi, qui arrêta l'exterminateur ? Qui empêcha les ancêtres des Juifs de périr avec les Egyptiens lorsque la mort victorieuse de tout s'armait contre les premiers-nés ? Tout le monde ne sait-il pas qu'ayant sacrifié un agneau pour obéir à la loi divine et ayant mangé la chair, ils avaient frotté de son sang les montants de leur portes ? C'est pourquoi la mort fut contrainte de les épargner : ils étaient sanctifiés. L'exterminateur en effet, c'est-à-dire la mort charnelle, était parti en guerre contre toute la nature humaine, à cause du péché du premier homme . Mais parce que le Christ devait renverser ce tyran cruel par sa chair sacrée, en entrant comme nous dans la vie, ce mystère fut annoncée en figure aux anciens. Ils mangèrent les chairs de la victime, se sanctifièrent avec son sang et furent sauvés, l'exterminateur épargnant selon la volonté de Dieu ceux qui s'étaient partagé l'agneau.


    Augustin d'Hippone  -  Traité sur St Jean , IV ,10-11

"Un autre jour Jean vit Jésus qui venait à lui, et dit : Voici l'Agneau de Dieu, voilà celui qui enléve les pèchés du monde". Si, pour être agneau il suffit d'être innocent, Jean est agneau. Lui aussi n'est-il pas innocent ? Mais quel innocent est-il ? Et jusqu'à quel point l'est-il ? Tous viennent de cette souche, tous sortent de cette source au sujet de laquelle David chante et gémit ainsi : "Moi j'ai été conçu dans l'iniquité, et ma mère m'a enfanté dans le péchè". Celui-là seul est l'agneau, qui n'est pas venu en cette matière. En effet, il n'a pas été conçu dans l'iniquité, puisqu'il n'a pas été conçu par le fait d'un mortel. Donc celui-là ne tire pas d'Adam son origine. Il ne lui a emprunté que le corps, sans en prendre le péchè ; il n'a pas puisé à cette source empoisonnée. C'est pourquoi il enlève notre péchè. "Voici l'Agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péchè du monde".


       Cyrille de Jérusalem  -  Catéchèses mystagoriques, 1,3

Là, il s'agir de faire sortir d'Egypte le peuple opprimé ; ici, le Christ doit délivrer ceux qui, dans le monde, sont accablés par le péchè. Là, le sang de l'agneau détourna l'exterminateur ; ici, le sang de l'Agneau immaculé, Jésus-Christ, constitue un refuge contre les démons.


        Méliton de Sardes  -  Sur la Pâque, 65-71

Bien des choses ont été annoncées par de nombreux prophètes en vue du mystère de Pâques, Qui est le Christ : A lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

C'est lui qui est venu des cieux sur la terre en faveur de l'homme qui souffre ; il a revêtu cette nature dans le sein de la vierge et, quand il en est sorti, il est devenu homme ; il a pris sur lui les souffrances de l'homme qui souffre, avec un corps capable de souffrir, et il a détruit les souffrances de la chair ; par l'esprit incapable de mourrir, il a tué la mort homicide.

Conduit comme un agneau et immolé comme une brebis, il nous a délivrés de l'idolâtrie du monde comme de la terre d'Egypte ; il nous a délivrés de l'esclavage du démon comme de la puissance de Pharaon ; il a marqué nos âmes de son propre Esprit, et de son sang les membres de notre corps. C'est lui qui a plongé la mort dans la honte et qui a mis le démon dans le deuil, comme Moïse a vaincu Pharaon. C'est lui qui a frappé le péchè et a codamné l'injustice a la stérilité, comme Moïse a condamné l'Egypte. C'est lui qui nous a fait passer de l'esclavage à la liberté, des ténèbres à la lumière de la mort à la vie, de la tyranie à la royauté eternelle, lui qui a fait de nous un sacerdoce nouveau, un peuple choisi, pour toujours, C'est lui qui est la Pâque de notre salut.

C'est lui qui endura bien des épreuves en un grand nombre de personnages qui le préfiguraient : en Abel il a été tué ; en Isaac il a été lié sur le bois ; en Jacob il a été exilé ; en Joseph il a été vendu ; en Moïse il a été exposé à la mort ; dans l'agneau il a été égorgé ; en David il a été en butte aux persécutions ; dans les prophètes il a été méprisé. C'est lui qui s'est incarné dans une vierge, a été suspendu au bois, enseveli dans la terre, ressuscité d'entre les morts, élevé dans les hauteurs des cieux. C'est lui l'agneau muet ; c'est lui l'agneau égorgé ; c'est lui qui est né de Marie ; la brebis sans tache ; c'est lui qui a été pris du troupeau, traîné à la boucherie, immolé sur le soir, mis au tombeau vers la nuit. Sur le bois, ses os n'ont pas été brisés ; dans la terre il n'a pas connu la corruption ; il est ressuscité d'entre les morts et il a ressuscité l'humanité gisant au fond du tombeau.


     Méliton de Sardes  -  Sur la Pâque, 100-103

Comprenez-le, mes bien-aimés : le mystère de la Pâque est ancien et nouveau, provisoire et éternel, corruptible et incorruptinle, mortel et immortel. Il est ancien en raison de la Loi, mais nouveau en raison du Verbe ; provisoire en ce qu'il est figuratil, mais éternel parcequ'il donne la grâce ; corruptible puisqu'on immole une brebis, mais incorruptible parcequ'il contient la vie du Seignaur ; mortel, puisque le Seigneur est enseveli dans la terre, mais immortel par sa resurrection d'entre les morts. Oui, la Loi est ancienne, mais le Verbe est nouveau ; la figure est provisoire, mais la grâce est éternelle ; la brebis est corruptible , mais le Seigneur est incorruptible, lui qui a été immolé comme l'agneau, et qui resuscita comme Dieu. Car il a été conduit comme une brebis vers l'abattoir, alors qu'il n'était pas une brebis ; il a été comparé a l'agneau muet, alors qu'il n'était pas un agneau. En effet, la figure a passé, et la vérité a été réalisée : Dieu a remplacé l'agneau, un homme a remplacé la brebis, dans cet homme, le Christ, qui contient toutes chose. Ainsi donc, l'immolation de la brebis et le rite de la Pâque et la lettre de la Loi ont abouti au Christ Jesus en vue de qui tout arriva dans la loi ancienne et d'avantage encore dans l'ordre nouveau. Car la Loi est devenu le Verbe, et, d'ancienne, elle est devenue nouvelle, le commandement s'est transformé en grâce, la figure en verité, l'agneau est devenu le fils, la brebis est devenue l'homme et l'homme est devenu Dieu.

"Venez donc, toutes les familles des hommes, pétries de péchès, et recevez le pardon des péchès. Car c'est moi, le Christ, qui suis votre pardon, moi la Pâque du salut, moi l'agneau immolé pour vous, moi votre rançon, moi votre vie, moi votre résurrection, moi votre lumière, moi votre salut, moi votre Roi. C'est moi qui vous emméne vers les hauteurs des cieux ; c'est moi qui vous ressusciterai par ma main puissante."


                   La Croix

                     * * *         

       Jean Chrysostome  -  Sermon aux néophytes, 3

Veux-tu connaitre encore mieux la puissance du sang du Christ, souviens-toi de son origine. Il a coulé du côté du Maître en croix. Quand Jésus eut expiré, encore en croix, raconte l'Ecriture, un soldat vint et lui ouvrit le côté avec une lance. Il en coula de l'eau et du sang. L'eau symbolise le baptème, le sang est la figure de l'Eucharistie. Nous sommes d'abord lavés dans le baptème, puis gratifiés du sacrement eucharistique. La lance du soldat ouvrit le côté et brisa le mur du temple saint. Voici, j'y ai trouvé un trésor de grâce. Il en fut de même de l'agneau pascal. Les juifs immolaient l'agneau, et nous, nous avons cueilli le fruit de la figure : Du coté coula du sang et de l'eau.

          Augustin d'Hippone - Traié sur St Jean, CXX,2-3

"Un des soldats lui ouvrit le côté d'un coup de lance ; et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau". l'Evangeliste se sert d'une expression choisie à dessein : il ne dit pas qu'on a fappé ou blessé le côté du Sauveur, mais : "on l'a ouvert". Effectivement, la porte de la vie devait s'ouvrir à l'endroit ou ont pris naissance les Sacrements de l'Eglise, sans lesquels il est impossible d'arriver à la vie, qui est la seule véritable. Ce sang a été répandu pour la rémission des péchès ; cette eau est un liquide salutaire, car elle nous sert de bain et de breuvage. Saint Jean avait dit : "Et s'étant approché de Jésus, ils virent qu'il était déjà mort, et il ne lui rompirent point les jambes". A ce passage se rapporte le témoiniage suivant : "Vous ne briserez aucun de ses os". Voilà l'ordre donné à tous ceux qui, sous l'ancienne loi, devaient célébrer la Pâque par l'immolation de l'agneau ; cette immolation était l'ombre antécédente de la passion du Sauveur. C'est pourquoi "Jésus-Christ, notre Agneau pascal, a été immolé". Le prophète Isaïe avait dit d'avance à son sujet : "Il a été conduit à la mort comme une brebis". de même encore l'Evangeliste avait ajouté : "Mais l'un des soldats ouvrit son côté d'un coup de lance". A cela se rapporte l'autre témoignage : "Ils verront quel est celui qu'ils ont percé". Voilà la promesse de la venue du Christ avec le même corps que celui avec lequel il a été crucifié.


                               Le Sang

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        Jean Chrysostome  -  Sermon aux néophytes,3

Veux-tu connaître la puissance du sang de Jésus-Christ ? Revenons à la figure qui l'annonce. Pour ne pas fapper le peuple juif en même temps que les Egyptiens, il donna un signe distinctif, un signe merveilleux pour que tu discernes la puissance de la vérité signifiée. Déjà la colère de Dieu menace et l'on redoute l'ange exterminateur qui doit visiter toute demeure. C'est à ce momment que Moïse donne l'ordre : Immolez un agneau d'un an, sans défaut, et de son sang marquez vos portes. Comment ? Le sang d'un agneau peut-il sauver des hommes doués de raison ? Certainement pas en tant qu'il est sang, mais parce qu'il figure le sang du Maître. L'ange exterminateur en voyant le sang de l'agneau sur les portes passait et n'osait pas entrer, à plus forte raison l'ennemi se tiendra-t-il à distance, en apercevant, non le sang de l'agneau aux linteaux des portes, mais le sang véritable du Christ aux lèvres des fidèles, aux portes des temples vivants de Dieu ? Si l'ange craignait déjà la figure, à plus forte raison le démon fuit-il la réalité !

      

       Jean Chrysostome  - Homélie 46 sur St Jean

Ce sang forme en nous une brillante et royale image ; il produit une incroyable beauté, il ne laisse pas la noblesse de l'âme se flétrir, lorsqu'il l'arrose souvent et la nourrit.

Ce sang se répand dans l'âme aussitôt qu'on l'a bu, il arrose et la nourrit. Ce sang, quand on le reçoit dignement, met en fuite les démons ; il apelle et fait venir à nous les anges, et même le Seigneur des anges. Car aussitôt que les démons voient le sang du Seigneur, ils fuient, mais les anges accourent. Ce sang, par son effusion, a lavé et purifié le monde.

Saint Paul, dans son Epitre aux Hébreux, dit sur ce sang des choses qui sont pleines d'une admirable sagesse. C'est ce sang qui a purifié l'intérieur du temple et le Saint des saints. Que le symbole de ce sang, dans le temple des Hébreux et dans la capitale de l'Egypte, jeté par aspersion sur les linteaux des portes, a eu tant de puissance et de vertu, la vérité en a une plus grande et plus efficace. C'est ce sang qui a consacré l'autel d'or ; le grand prêtre n'osait entre dans le sanctuaire sans en avoir auparavant été arrosé. C'est avec ce sang que se faisait la consacration des prétres ; ce sang figuratif lavait les péchés ; si donc la figure a eu tant de vertu et de puissance, si la mort a eu tant de frayeur de l'ombre, combien, je vous prie, craindra-t-elle la vérité ? Ce sang est la sanctification et le salut de l'âme. C'est lui qui la lave, la purifie, l'orne, l'enflamme ; c'est lui qui rend notre intelligence plus brillante que le feu, notre âme plus resplendissante que l'or. C'est ce sang qui, une fois répandu, a ouvert le ciel.


          Le sacrifice d'Abraham - Gn 22

                          * * *

       Méliton de Sardes  -  Fragments

Car il a été comme un bélier  - cela est dit au sujet de Notre Seigneur Jésus-Christ  -  et il a été tondu comme un agneau et il a été conduit comme un mouton et il a été crucifié comme un agneau et il porta le bois sur ses épaules, conduit pour être immolé comme Isaac par son père. Mais le Christ a souffert ; Isaac par contre n'a pas souffert, car il était figure de celui qui souffrirait un jour, le Christ. Mais étant devenu la figure du Christ, il inspira aux hommes de l'étonnement et de la crainte.

On pouvait en effet contempler un mystère inouï : un fils conduit par son père sur la montagne por être immolé, fils qu'il plaça, les pieds liés, sur le bois du sacrifice, après avoir soigneusement préparé ce qui était nécessaire à son immolation. Isaac se tait, lié comme un bélier, il n'ouvre point la bouche, il ne dit mot. Ni effrayé par le poignard, ni terrifié par le feu, ni attristé par la souffrance, courageusement, il était la figure du Seigneur. Il y avait donc Isaac placé au milieu, lié comme un bélier, et à ses côtés Abraham, le poignard hors du fourreau, sans honte de mettre à mort son fils.

Pour Isaac, le juste, apparut un bélier à immoler, afin qu'Isaac soit délié de ses liens. Par son immolation il racheta Isaac. De même le Seigneur, lui aussi, nous sauva par son immolation ; lié, il nous délia et, mis à mort, ils nous racheta.

En effet le Seigneur était l'agneau, à l'instar du bélier qu'Abraham vit, pris dans le buisson de Sabec. Mais le buisson désignait la croix, et le lieu Jérusalem, et l'agneau le Seigneur lié pour être immolé. L'expression "pris" par les cornes, le Syrien et l'Hébreu la rendent par "pendu", ce qui indique plus clairement le croix. Mais le terme "bélier", lui aussi, correspond parfaitement. En effet, on ne dit pas "agneau", jeune, comme Isaac, mais "bélier", adulte, comme le Seigneur.

             Ephrem de Nisibe  - Commentaire sur le Diatessaron 16,27

Abraham a attendu pour voir mon jour, Abraham dont il est dit : "En ta descendance, les nations seront bénies". Il vit et se réjouit, car il reconnut, par le symbole de l'agnzau, le salut de tous les gentils. Tu n'as pas cinquante ans, et Abraham t'a vu ? Il leur dit : Avant qu'Abraham fût, j'étais, il était mais d'une manière cachée, lorsque Isaac fut sauvé et qu'il se manifesta par un agneau.

Et lorsque la descendance d'Isaac descendit en Egypte et y demeura longtemps, c'est semblablement par un agneau qu'ils furent libérés. Et depuis ce temps, ils immolaient un agneau, jusqu'à la venue du véritable agneau. Lorsqu'il vint à Jean, celui-ci clama et dit : Voici l'agneau de Dieu. Et, par la venue de l'agneau véritable, disparurent les agneaux préfigurateurs.

            Origène  -  Homélies sur la Genèse,8,9

"Se retournant, Abraham regarda, et voici qu'un bélier était retenu par les cornes dans un buisson." Nous avons dit plus haut qu'Isaac figurait le Christ ; néanmois, ici, le bélier aussi semble figurer le Christ. Il est intéressant de savoir comment l'une et l'autre figures, Isaac qui n'est point égorgé et le bélier qui l'est, conviennent au Christ.

Le Christ est le "Verbe de Dieu", mais "le Verbe s'est fait chair". Par conséquent, dans le Christ, il y a une chose qui vient d'en haut et une autre qui a été reçue de la nature humaine et du sein virginal. Donc le Christ souffre mais c'est dans la chair ; il a subit la mort, mais c'est la chair qui l'a subie, dont le bélier est ici la figure. Jean aussi disait de même ; "voici l'Agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde."

Le Verbe au contraire qui est le Christ selon l'esprit, dont Isaac est l'image, est demeuré dans l'incorruptibilité. C'est pourquoi il est à la fois victime et grand prêtre. Selon l'esprit, en effet, il offre la victime à son Père ; selon la chair, lui-même est offert sur l'autel de la croix. Car, demême qu'il a été dit de lui : "Voici l'Agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde", de même a-t-il été dit de lui :"Tu es prêtre pour l'éternité selon l'ordre de Mélchisédech."

23 décembre 2008

4 - Le Prêtre - Berger

L'Eucharistie chez les Pères de l'Eglise

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                    Melchisédech

                     * * *

          Gn 14,17-20 ; Ps 109, 4; He 7

                                         Augustin d'Hippone  -  La Cité de Dieu, 16,22

  Les gens de Sodome ayant été vaincus et Lot lui-même fait prisonnier, Abraham le délivra en menant au combat trois cent dix-huit de ses serviteurs. il ne voulut accepter aucune des dépouilles que lui offrait le roi qui lui devait la victoire. C'est bien alors qu'il fut béni par Mélchisédech, prêtre du Dieu Tres-Haut, dont il est abondamment et magnifiquement parlé dans l'Epitre intitulé " Aux Hébreux". Et c'est là qu'apparut pour la première fois le sacrifice offert maintenant à Dieu par les Chrétiens sur toute la terre, accomplissant ainsi la prophétie qui bien plus tard s'adresse au Christ, lequel était encore à venir dans la chair : "Tu es prêtre pour toujours selon l'ordre de Melchisédech", non pas certes selon l'ordre d'Aaron : celui-ci devait disparaitre à la lumière des réalités annoncées par ces ombres.

 

                              Le prêtre

                                        * * *

        Constitutions apostoliques  VIII, 12. 22-23

  Tu as accueilli le sacrifice d'Abel comme venant d'un saint et tu as repoussé l'offrande de Caïn, le fratricide. C'est toi qui as délivré Abraham de l'impiété de ses ancêtres, qui l'as établi héritier du monde et lui fis voir ton Christ. Tu as établi Melchisédech comme grand prêtre de ton culte.

       Missel Ambrosien, Préface du 2e dimanche après la Nativité

  Vraiment il est juste et bon de t'offrir le sacrifice de louange. Abel le juste en institua la figure, l'agneau pascal en montra la réalisation, Abraham le célébra, le prêtre Melchisédech en fit la manifestation, mais c'est le Christ l'agneau véritable et prêtre éternel, né aujourd'hui, qui l'accomplit.

      Ambroise de Milan  -  Des Sacrements, IV, 27

  Et le prêtre dit : "Nous rappelant donc sa très glorieuse passion, sa résurection des enfers et son ascension  au ciel, nous t'offrons cette hostie sans tache, cette hostie spirituelle, cette hostie non sanglante, ce pain sacré et le calice de la vie éternelle, et nous te demandons et te prions d'accepter cette oblation par les mains de tes anges sur ton autel d'en haut, comme tu as daigné accepter les dons de ton serviteur le juste Abel, le sacrifice de notre père Abraham et celui que t'a offert le grand prêtre Melchisédech."

      

                     

                 Prêtre à jamais

                           * * *

               Cyrille de Jérusalem  -  Catéchèse  10,14

  Le Christ au contraire est Grand Prêtre et possesseur d'un sacerdoce immuable ; il n'a pas commencé dans le temps son sacerdoce ; et n'a pas non plus de successeur de son sacerdoce suprème, comme tu l'as entendu le dimanche ou nous parlions à la synaxe (la messe) sur l'expression "selon l'ordre de Melchisédech". Il n'a pas reçu son sacerdoce suprème d'une succession corporelle, ni n'a été oint d'huile préparée, mais il l'a reçu de Père avant les siècles.

             Ambroise de Milan  -  Des Sacrements, IV

  Melchisédech offrit donc le pain et le vin, Qui est Melchisédech ? "Sans père, dit-on, et sans mère sans généalogie, n'ayant ni commencement à ses jours ni fin à sa vie." C'est ce que contient l'Epitre aux Hébreux. Sans père ni mère, dit-on, semblable à qui ? au Fils de Dieu.

Le Fils de Dieu est né sans mère par la génération céleste, parce qu'il est né de Dieu le père seul. Et, d'aute part, il est né sans père quand il est né de la vierge, car il n'a pas été en gendré par une semence virile, mais il est sorti d'un sein virginal, né de l'Esprit-Saint et de la Vierge Marie.

  Semblable en tout au Fils de Dieu, Melchisédech était aussi prêtre, car le Christ à son tour est prêtre, lui à qui il est dit : "Tu es prêtre à jamais selon l'ordre de Melchisédech."

  Qui est donc l'auteur des sacrements, sinon le Seigneur Jésus ?

L'instruction que je vous ai donnée hier a été poussée jusqu'aux sacrements du saint autel, et nous avons appris qu'une figure de ces sacrements les avait précédés, à l'époque d'Abraham, quand le saint Melchisédech, qui n'avait ni commencement ni fin à ses jours, offrit son sacrifice. Entends, homme, ce que dit l'apôtre Paul aux Hébreux. Ou sont ceux qui prétendent que le fils de Dieu est temporel ? Il est dit que Melchisédech n'avait ni commencement ni fin à ses jours. Si Melchisédech n'a pas de commencement à ses jours, est-ce que le Christ a pu en avoir un ? La figure n'est pas plus que la réalité. Tu vois donc qu'il est à la fois le premier et le dernier. Le premier, parce qu'il est l'auteur de tout, le dernier, non parce qu'il trouverait une fin, mais parce qu'il achève tout.

             Léon le Grand  -  Sermon 96, 3-4

  Le Seigneur Jésus-Christ est donc présent, bien-aimés, au milieu de ceux qui croient. Bien qu'il siége à la droite de Dieu le Pêre, le Pontife suprême n'est pourtant pas absent de l'assemblée de ses pontifes et c'est avec raison que toute l'Eglise et tous les prêtres chantent en son honneur : "Le Seigneur l'a juré et ne s'en dédira point : tu es prêtre à jamais selon l'ordre de Melchisédech."

  Il est, en effet, le vrai et éternel pontife, dont le gouvernement ne peut connaître ni changement ni fin. Il est celui dont le prêtre Melchisédech montrait par avance la figure, n'offrant pas à Dieu des victimes conformes à la loi juive, mais immolant en sacrifice ce mystère que notre Rédempteur  a consacré dans son sang. Il est celui dont le Père a, en le confirmant par un serment inviolable, institué le sacerdoce non selon l'ordre d'Aaron, pour qu'il passe avec le temps de la loi, mais selon l'ordre de Melchisedech, pour qu'il soit perpétuellement célébré.

    Melchisédech est roi de justice et de paix

                      

                                      * * *

     Clément d'Alexandrie -  Stromate IV, 161, 2-3

  Salem s'interprète "paix", dont notre Sauveur est décrit comme le roi. Ainsi le dit Moïse : Melchisédech, roi de Salem, le prêtre du Dieu Très-Haut, qui donnait dans le vin et le pain la nourriture consacrée comme symbole de l'Eucharistie, Et Melchisédech se traduit par "roi juste" : le nom est donc synonyme de justice et de paix.

     Ambroise de Milan -  Des Sacrements, IV

  Qui est Melchisédech, que signifie roi de justice, roi de paix ? Qui est ce roi de justice ? Est-ce qu'un homme peut être roi de justice ? Qui est donc roi de justice, sinon la justice de Dieu ? Qui est la paix de Dieu, la sagesse de Dieu ? Celui qui a pu dire: "Je vous donne ma paix je vous laisse ma paix."

    Théophile d'Antioche -  A Autolycus  2,31

  Vers ce temps là, il y eut un roi juste, du nom de Melchisédech, dans la ville de Salem (à présent Hiérosolyma). Ce fut le premier de tous les prêtres du Dieu Tres-haut ; à partir de lui la ville sisdite de  Hiérosolyma fut appelée Jérusalem ; à partir de lui aussi on trouva des prêtres établis sur toute la terre.

                      Le pain et le vin

                            * * *

           Jérôme  -  Epître 46,2

  Reporte-toi à la Genèse : tu y trouveras Melchisédech, roi de Salem, prince de cette cité, qui déjà en figure du Christ offrit le pain et le vin et inaugura le mystère chrétien dans le corps et le sang du Sauveur.

          Cyprien de Carthage  -  Lettre 63,4

  De même, dans l'histoire du prêtre Melchisédech, nous voyons figurer d'avance le mystère du sacrifice du Seigneur selon le témoignage et les termes de l'Ecriture."Et Melchisédech, roi de Salem apporta du pain et du vin ; il était prêtre du Très-haut et il bénit Abraham." Que Melchisédech porte en lui la figure du Christ, l'Esprit-Saint le déclare dans les psaumes en faisant dire au Fils par le Père : "Je l'ai engendré avant l'aurore. Tu es prêtre à jamais selon l'ordre de Melchisédech."

  Cet ordre assurément trouve son origine dans ce sacrifice et part de ce fait que Melchisédech fut prêtre du Dieu Très-Haut, qu'il apporta du pain et du vin, qu'il bénit Abraham. Qui donc fut plus prêtre du Dieu Très-Haut que notre Seigneur Jésus-christ qui offrit un sacrifice à Dieu son Père et qui offrit le même qu'avait offert Melchisédech, le pain et le vin, c'est-à-dire son corps et son sang ?

  Ainsi donc dans la Genèse pour que le prêtre Melchisédech pût valablement bénir Abraham, il y eut d'abord l'image du sacrifice constituée par l'offrande du pain et du vin. Et Dieu achevant et portant à la perfection ce sacrifice offrit du pain et un calice mêlé de vin. lui qui est la plénitude, accomplit la réalité de ce que la figure annonçait.

      Ephrem de Nisibe  -  Hymmes sur les azymes 2,7-8

  De ses mains il a rompu le pain du sacrifice de son corps ; de ses mains il a mêlé la coupe en signe du sacrifice de son sang. Il s'est sacrifié et offert, le prêtre de notre rédemption. Il a revêtu le sacerdoce de Melchisédech, sa préfiguration : un sacerdoce sans culte sacrificiel. Il a donné le pain et le vin, abolissant ainsi un sacerdoce saturé de libations.


                       Abel   -   Gn 4, 1-12

                               * * *

             Hilaire de poitiers  -  Traité des mystères

  Caïn cultivait la terre er Abel paissait les brebis. Chacun fit à Dieu une offrande tirée des fruits de son labeur ; mais Dieu regarde les offrandes d'Abel sans porter ses regards sur celles de Caïn. Or, le jour et le lieu du sacrifice ne sont pas différents pour l'un et l'autre, et pour Dieu qui voit tout, comment une chose peut elle être sous son regard, une autre hors de son regard ?

  Mais par cette figure, il nous est enseigné que le regard de Dieu est la marque des objets qu'il a agréés et que, bien que toutes choses lui soient soumises, son regard ne va qu'à celles qui en sont dignes. Rien n'avait été dit précédemment des moeurs de Caïn qui pût rendre son sacrifice désagréable à Dieu. Mais dans les événements qui suivent, se découvre la prescience de Dieu qui ne reçoit pas le sacrifice de celui qui devait marcher contre son frère. Celui qui devait tuer n'est pas digne du regard de Dieu, comme s'il avait déjà tué.

  Or, la culture de la terre porte le signe des oeuvres de la chair et tout fruit de la chair consiste en vices qui, dans l'horreur qu'en a Dieu, écartent d'eux son regard.

  Il n'y a pas de regard pour le sacrifice qui est tiré des oeuvres de la terre, et seules parmi les graisses sont agréées les prémices des brebis, entendons que le sacrifice du fruit intérieur et de notre moi lui-même est agréable. Puisque en effet "les prénices c'est le Christ" (1Co 15,20-23). "premier-né des créatures, premier-né d'entre les morts" (Col 1, 15-18), prince des prêtres, "afin qu'il occupe en tout la première place" (Col 1,18), brebis Lui-même et selon sa naissance corporelle une parmi les brebis, le sacrifice d'Abel est déjà agréable sous la figure de l'Eglise qui par la suite devait offrir, tiré des pémices des brebis, le sacrifice de Saint Corps.

          Ephrem  -  Hymme sur la crucifixion 2,8

  Ce premier Agneau s'est choisi un premier pasteur, prémices pour le Premier-né ; il lui a infusé une part de son identité, a gravé en lui certains de ses traits, a étendu jusqu'à lui l'image de sa mise à mort : Abel fut tout ensemble pasteur et victime. Notre Pasteur-victime a dessiné enlui son image pastorale et victimale. Louange à toi qui dessines tes préfigurations !

          Cyprien de Carthage  -  La prière du Seigneur,24

  Celui qui possédait la justice st la paix du Seigneur apparut comme le premier des martyrs : par son sang glorieux il fût comme l'avant-garde sur le chemin de la passion du Seigneur.


                        Le Bon Berger  -  Ps 22(23)

                                * * *

                 Ambroise de Milan  -  Des Mystères, 43

  Ainsi lavé et orné d'une riche paeure, le peuple s'avance vers les autels du Christ en disant : "J'approcherai de l'autel de Dieu, de Dieu qui réjouit ma jeunesse." Il vient donc et, voyant le saint autel tout paré, il s'écrie : "Tu as préparé devant moi une table." C'est ce peuple qui fait paeler David qyand il dit : " Le Seigneur me rassasie et rien ne me manquera. Il m'a placé dans un pâturage. Il m'a conduit près de l'eau qui me rétablit." Et plus loin : "Même si je marche dans l'ombre de la mort, je ne craindrai pas le malheur, car tu es avec moi, Ton sceptre et ton bâton eux-mêmes m'ont encouragé. Tu as préparé devant moi une table en face de ceux qui m'affligent. Tu as oint ma tête d'huile, et ta coupe enivrante, qu'elle est excellente !"

                Ambroise de Milan  -  Des Sacrements, V

  Tu t'es donc approché de l'autel, tu as reçu le corps du Christ. Apprends encore quels sacrements tu as reçu. Ecoute parler le saint David. Lui aussi, sous l'action de l'Esprit, prévoyait ces sacrements. Il s'en réjouissait et disait que rien ne lui manquait. Pourquoi ? Parce que celui qui a reçu le corps du Christ n'aura plus jamais faim. Combien de fois as-tu entendu le Psaume 22 sans comprendre ! Vois comme il s'applique bien aux sacrements célestes.

  "Le Seigneur me nourrit et rien ne me manquera, il m'a placé dans un pâturage. Il m'a conduit près de l'eau qui me réconforte, il m'a fait revenir à la vie. Il m'a conduit sur le chemin de la justice, à cause de son nom. Car même si je marche à l'ombre de la mort, je ne craindrai pas le malheur, parce que tu es avec moi. Ton sceptre et ton bâton eux-mêmes m'ont soutenu." Le sceptre, c'est le pouvoir souverain, le bâton la souffrance, c'est à dire l'éternelle divinité du Christ, mais aussi sa passion corporelle. Celle-là a créé, celle-ci a racheté.

  "Tu as préparé devant moi une table en face de ceux qui m'affligent. Tu as oint ma tête d'huile, et ta coupe enivrante, qu'elle est excellente ! " Vous vous êtes donc approchés de l'autel, vous avez reçu la grâce du Christ, les sacrements célestes.

       Ambroise de Milan  -  De Helia et Jejunio, 10,34

  Le jour de la résurrection est déjà là ; les élus sont baptisés, ils viennent à l'autel, reçoivent le sacrement, apaisent leur soif en buvant tout leur saoul. Aussi chacun, refait par la nourriture et le breuvage spirituels s'écrie :"tu as péparé devant moi une table...et ta coupe enivrante, qu'elle est exellente. (Ps 22,5)

     Grégoire de Nysse  -  Commentaire du Ps 22

  Par ce psaume, le Christ apprend à l'Eglise qu'il faut d'abord que tu deviennes une brebis du Bon Pasteur : c'est la catéchèse qui te guide vers les pâturages et les sources de la doctrine. Il faut ensuite que tu sois enseveli avec lui dans la mort par le Baptème. Mais cela n'est pas la mort, mais ombre et image de la mort. Après cela, il prépare la table sacramentelle. Puis il oint avec l'huile de l' Esprit. Il apporte enfin "le vin qui réjouit le coeur de l'homme" et produit la sobre ivresse.

          Pseudo-Augustin  -  Sermon 336,3

  Pour que tu saches que rien ne pourra tu manquer, ajoute la suite : "Dans un lieu de pâturages, il m'a placé. Il m'a conduit vers les eaux du repos". Reconnais, ô homme, ce que tu étais, ou tu étais, au pouvoir de qui tu étais. Tu étais une brebis égarée, tu paissais dans des lieux inaccessibles et sans eau, te nourrissant de ronces et de chardons. au pouvoir d'un mercenaire tu n'étais pas en sécurité au cas ou survenait le loup. Mais maintenant, le vrai berger est allé te rechercher, et, portée sur ses épaules par sa bonté. tu as été ramenée au bercail, c'est-à-dire à la maison de Dieu, l'Eglise, ou demeure ton berger, le Christ, ou le troupeau des brebis est rassemblé. Ce berger n'est pas comme le mercenaire, sous la coupe duquel tu menais une vie de peine et de misère et craignais le loup. Veux-tu savoir quelle sollicitude a pour toi ce bon berger ? Il a donné sa vie pour toi. Car lui-même, dit dans l'Evangile : "Le bon berger donne sa vie pour ses brebis". Et il l'a fait. Alors que le loup s'appêtait à t'attaquer, il s'est porté au-devant du loup, pour se faire tuer à ta place. Maintenant donc, tu demeures en sécurioé au bercail. Tu n'as pas besoin qu'un autre ferme et ouvre la porte de ta cour (Jn 10,3), parce que le Christ est pour toi le berger et la porte ; lui-même est aussi à la fois le pâturage et celui qui te donne à manger."Moi,dit-il, je suis la porte des brebis. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; il sortira et entrera et trouvera sa nourriture ".

  Ainsi donc, le pâturage que t'a préparé le bon berger, dans lequel il t'a placée pour que tu sois rassasié, ce n'est pas la variété des herbes fraîches, les unes au suc doux, les autes au suc très amer, que parfois on trouve, parfois on ne trouve pas, selon le cours des saisons. Pour pâturage, c'est la douce parole de Dieu et ses préceptes qui ont été semés. C'est d'eux qu'avait goûté celui qui disait à Dieu : "Que tes paroles son douces à ma bouche, plus que le miel et le rayon de miel ". C'est encore à propos de ces pâturages que lui-même secrie, parlant aux brebis du Seigneur : "Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !".

  Lis donc dans le Décalogue de l'Ancien Testament : "Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage". Lis dans le Nouveau Testament les préceptes qu'on chante à l'office : "Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux. Heureux les doux, car ils posséderont la terre" et la suite, et autres choses analogues, ainsi que les nombreuses paroles semées par les prophètes et les apôtres.

  C'est à propos de ce pâturage que le berger clame aux brebis : "Travaillez pour la nourriture impérissable". Elle est impérissable, parce que la parole de Dieu demeure éternellement : le Verbe de Dieu est la mourriture, et pas seulement la nourriture, il est aussi la boisson. Ecoutons-le dire au peuple ancien par l'entremise des prophètes : "Ceux qui me mangent auront encore fain  ; et ceux qui me boivent auront encore soif"(Sir 24,21). Et ce qu'il dit encore en personne : "Ma chair est une vraie nourriture et mon sang est une vraie boisson"

  Car les pâturages ne sont pas loin de l'eau du repos. Tout est dans un lieu unique. L'Eglise catholique : là se trouve les préceptes de la vie, ton pâturage, et la source d'eau bondissant pour la vie éternelle, par les flots de laquelle tu referas tes forces quand tu seras baptisé pour être recréé en Christ. Si ton pâturage n'est irrigué de cette eau, tu ne pourras être conduit, car, sans le baptème du Christ, les préceptes de Dieu ne peuvent ni germer ni être mangés pour rassasier l'âme.


22 décembre 2008

5 - Le Sacrifice

L'Eucharistie chez les Pères de l'Eglise

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                         Le   Sacrifice

           Augustin d'hippone  -  Cité de Dieu, X,6

  Le vrai sacrifice, c'est toute oeuvre accomplie pour s'unir à Dieu d'une sainte union, c'est -à-dire toute oeuyre qui se rapporte à cette fin suprême et unique ou est le bonheur.

  C'est pourquoi même la miséricorde envers le prochain n'est pas un sacrifice, si on ne l'exerce pas en vue de Dieu. Le sacrifice en effet, bien qu'offert par l'homme, est chose divine, comme l'indique le mot lui-même, qui signifie action sacrée.

  Le sacrifice (c'est -à-dire sa matérialité) est donc un sacrement, c'est-à-dire un signe sacré et visible de l'invisible sacrifice.

    Irénée de Lyon  -  Contre les hérésies IV,17

  Que Dieu n'ait besoin de rien, il l'affirme dans le Psaume : "Je n'agréerai pas de veaux de ta maison, ni de boucs de tes troupeaux, car à moi son tous les animaux de la forêt, les bêtes des montagnes et les boeufs, à moi et le monde et tout ce qu'il renferme. Vais-je donc manger la chair des taureaux ou boire le sang des boucs ? "(Ps 49,9-13). Mais ensuite, pour que personne ne s'imagine que c'est par colère qu'il repousse tout cela, il ajoute en maniére de conseil : "Immole à Dieu le sacrifice de la louange et acquitte tes voeux envers le Très-Haut. Invoque moi au jour de la détresse, et je te délivrerai, et tu me glorifieras." (Ps 49, 14-15). Ainsi, aprés avoir repoussé ce par quoi ils croyaient, tout en péchant, se rendre Dieu favorable, et avoir montré que lui-même n'a desoin de rien, il conseille et rappelle ce par quoi l'homme est justifié et s'approche de Dieu.

  "Lavez-vous, purifiez vous, ôtez la malice de vos coeurs, De devant mes yeux, cessez vos méchancetés, apprenez à bien faire, recherchez la justice. Sauvez celui qui souffre l'injustice, faites droit à l'orphelin et défendez la veuve : venez alors et disputons ensemble, dit le Seigneur."(Is 1,16-18) Par là, il n'exclut pas leurs sacrifices à la façon d'un homme irrité, mais il a pitié de leur aveuglement et enseigne le sacrifice véritable, celui par l'offrande duquel ils se rendrons Dieu favorable et obteindrons de lui la vie. Comme il le dit encore ailleurs : "Le sacrifice pour Dieu, c'est un coeur contrit ; l'odeur de suavité pour Dieu, c'est un coeur qui glorifie Celui qui l'a modelé."(Ps 50,19)

  De tout cela, il ressort que ce ne sont pas des sacrifices et des holocaustes que Dieu attendait d'eux, mais la foi, l'obéissance et la justice, pour leur salut. Ainsi encore, chez le prophète Osée, pour leur enseigner sa volonté, Dieu leur disait : "Je veux la miséricorde plus que le sacrifice, et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes."(Os 6,6)

    Cyrille d'Alexandrie  -  Commentaire en Saint Jean, IV, 2

  Je meurs, dit-il, pour tous, afin de donner par moi la vie à tous et j'ai donné ma chair afin de racheter celle de tous. La mort mourra dans la mort et la nature humaine déchirée ressuscitera avec moi. C'est pour cela que je suis né comme vous, c'est-à-dire en homme de la race d'Abraham, afin d'être entièrement assimilé à mes frères.

  Le bienheureux Paul a bien compris ces paroles de Christ quand il dit à son tour : "Donc, puisque les enfants avaient en commun le sang et la chair, lui aussi y participa pareillement afin de réduire à l'impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable" (He 2,14). Le seul moyen de réduire à l'impuissance celui qui a la puissance de la mort, et la mort elle-même, c'était que le Christ se livrât lui-même pour nous, en unique rançon pour les hommes car il leur était superieur à tous. Aussi dit-il quelque part dans les Psaumes, qu'il s'est offert pour nous comme victime sans tache à Dieu le Père : "Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation, mais tu m'as préparé un corps. Tu n'as pas agréé d'holocauste pour le péchè. Alors j'ai dit : Voici, je viens. En tête du livre il a été écrit de moi que j'accomplisse ta volonté, mon Dieu. Et je l'ai voulu" (Ps 39,7-9).

  Le sang des taureaux et des boucs, la cendre des génisses ne suffisaient pas à nous purifier du péché. Le meurtre de bêtes inconscientes n'aurait jamais réduit la mort à l'impuissance. Le Christ se présente donc lui-même, afin de subir en qelque sorte le châtiment pour tous. "Grâce à ses plaies, nous sommes guéris" (Is 53,5), dit le prophète, et sur le bois il a porté lui-même nos fautes dans son corps. Il a été crucifié pour tous et à cause de tous, afin qu'un seul étant mort pour tous, nous vivions tous en lui.


                Mémorial de la Passion

        Ignace d'Antioche  -  Lettres aux Smyrniotes 7,1

  Le pain, c'est la chair du Christ qui a souffert pour nos péchès

         Justin  -  Dialogue avec Tryphon 41,1

  A son tour l'offrande du" froment", amis, que la traditon prescrit d'offrir pour les lépreux purifiés et leur lépre, était la figure du pain de l'action de grâce ; c'est en "Souvenir" de la souffrance qu'il endura pour les hommes dont l'âme est pirifiée de toute perversité, que Jésus-Christ notre Seigneur nous a prescrit de faire ce pain de l'action de grâces, afin qu'en même temps nous rendions grâces à Dieu d'avoir créé pour l'homme le monde avec tout ce qu'il renferme, de nous avoir libérés du mal dans lequel nous étions, par Celui qui est devenu "souffrant" selon sa volonté.

  Aussi, des sacrifices que vous lui offriez autrefois, Dieu a dit, par la bouche de Malachie, l'un des douze prophètes : "Ma volonté n'est point en vous, dit le Seigneur, et je n'accepterai pas vos sacrifices de vos mains. C'est pourquoi depuis le lever du soleil jusqu'au couchant, mon nom est glorifié parmi les nations, en tout lieu un sacrifice est offert à mon nom, sacrifice pur, car mon nom est grand parmi les nations, tandis que vous vous le profanez."(Ml 1,10-12)

             Jean Chrysostome  -  Homélie 24 sur 1Co,4

  Soyons purs en nous approchant de ce corps, et quand vous le verrez exposé à vos yeux, dites-vous à vous-mêmes : c'est à ce corps que je dois de ne plus être terre et cendre, de ne plus être captif, mais libre. C'est par lui que j'espère le ciel et les biens qui sont là haut, en réserve pour moi : la vie immortelle, la condition des anges,l'intimité avec le Christ. Ce corps a été cloué sur la croix, ce corps a été déchiré par les fouets, la mort n'en a pas triomphé. ce corps, attaché à la croix, a fait que le soleil a détourné ses rayons. C'est par ce corps que le voile du temple a été déchiré, que les rochers se sont fendus, que la terre entière a été ébranlée. Le voilà, ce corps qui a été ensanglanté, percé d'une lance d'ou ont jailli deux sources salutaires pour le monde, une source de sang, une source d'eau.

  Voulez-vous d'ailleurs connaître la vertu du corps du Christ ? Demandez-la à la femme travaillée d'une perte de sang, qui n'a pas touché ce corps, mais rien que le vêtement ; qui n'a pas touché le vétement, mais rien que la bordure. Demandez-la à la mer qui a porté ce corps sur ses flots, demandez-la au démon lui-même et dites-lui : d'ou te vient cette plaie incurable ? D'ou vient que te voilà sans pouvoir ? D'ou vient que tu es captif ? qui t'a saisi pendant que tu fuyais ? Et le démon ne vous répondra que ces mots : le corps crucifié. C'est par lui que les aiguillons de l'enfer ont été brisés, par lui que les menbres de démon ont été broyés, par lui que les principautés et les puissances ont été désarmées. Et ayant désarmé les principautés et les puissances, il les a menées hautement en triomphe, à la face du monde entier, aprés les avoir vaincues par sa croix.

    Augustin d'Hippone  -  Sermon aux néophytes sur le sacrement de l'autel,2

  Il est devenu pour toujours le prince des prêtres, et nous a laissé la disposition du sacrifice que vous voyez, à savoir son corps et son sang. Son corps frappé par la lance, fit jaillir l'eau et le sang qui lavèrent nos péchés.

  Ce que vous découvrez dans le pain est pendu à la croix. Ce qui est dans la coupe à coulé de son côté. Les anciens sacrifices du peuple de Dieu, par leur variété multiple, ont annoncé l'unique sacrifice à venir. le Christ est en effet la brebis par l'innocence de son âme sans duplicité, et le bouc du sacrifice par sa ressemblance avec notre chair de péché. Et tout ce que les nombreux et divers sacrifices de l'ancienne aliance ont annoncé aboutit à cet unique sacrifice dévoilé par l'alliance Nouvelle.

       Ambroise de Milan  -  De officiis 1,48,238

  Autrefois c'était un agneau, c'était un veau qu'on offrait. Maintenant c'est le Christ qui est offert, mais qui est offert comme homme, comme subissant la Passion. Et c'est lui-même qui s'offre comme Prêtre, pour effaver nos péchés. Ici-bas il s'offre en image, mais au ciel il s'offre en vérité, ou il intercéde pour nous auptés du Père, comme avocat.


                  

Sacrifice de la Nouvelle Alliance

         Irénée  -  Contre les Hérésies IV,17,18

  Le pain, qui provient de la création, il le prit, et il rendit grâces, disant :"Ceci est mon corps." Et la coupe pareillement, qui provient de la création dont nous sommes, il la déclara son sang, et il enseigna qu'elle était l'oblation nouvelle de la Nouvelle Alliance.

  C'est cette oblation même que l'Eglise a reçue des apôtres et que, dans le monde entier, elle offre au Dieu qui nous donne la nourriture, comme prémices des propres dons de Dieu sous la Nouvelle Alliance.

  De celle-ci, parmi les douze prophètes, Malachie a parlé d'avance en ces termes : "Je ne prends pas plaisir en vous, dit le Seigneur tout-puissant, et je n'agréerai pas de sacrifice de vos mains car du levant au couchant, mon nom est glorifié parmi les nations, et en tout lieu de l'encens est offert à mon nom, ainsi qu'un sacrifice pur : car mon nom est grand parmi les nations, dit le Seigneur tout-puissant." (Ml 1,11) Il signifiait très clairement par là que le premier peuple cesserait d'offrir à Dieu, tandis qu'en tout lieu un sacrifice lui serait offert, pur celui-ci, et que son nom serait glorifié parmi les nations. Ainsi donc, l'oblation de l'Eglise, que le Seigneur a enseigné à offrir dans le monde entier, est réputée sacrifice pur auprès de Dieu et lui est agréable.

     Jean Chrysostome  -  Homélie 82 sur Matthieu,1

  Il appelle ce sang, le "sang de la Nouvelle Alliance." Comme l'ancienne exigeait du sang de brebis et de génisses, de même la nouvelle fait couler le sang du Seigneur.

  Il témoigne encore par ces paroles qu'il va mourrir, et c'est pour cela qu'il parle de testament et qu'il évoque cet ancien Testament qui était aussi consacré par le sang. Puis il répéte pourquoi il meurt : "ce sang sera répandu pour une multitude en rémission des péchès." Et il ajoute : "Faites ceci en mémoire de moi "

  Comme vous faisiez autrefois la pâque en mémoire des miracles d'Egypte, de même vous ferez ceci en mémoire de moi. Le sang, hier, n'était que pour sauver les premiers-nés mais celui-ci est répandu pour la rémission des péchès du monde entier. "Ceci est mon sang qui sera répandu en rémission des péchès."

       Augustin d'Hppone  -  Sermon sur le sacrement de l'autel - Aux néophytes,1

  Le devoir de prêcher et notre charge, qui vous ont enfantés afin que le Christ soit formé en vous, nous obligent d'enseigner votre jeune âge, vous qui venez de renaître de l'eau et de l'Esprit, afin de vous apprendre à cnsidérer le pain et le vin sur la table du seigneur avec des yeux nouveaux. Avec une piété toute nouvelle, il vous faut comprendre ce grand et divin sacrement, ce remède si merveilleux et si noble, ce sacrifice si pur et si simple, inconnu de Jérusalem, inconnu de la tente de MoÏse et du temple lui-même construit par Salomon, qui furent "l'ombre des choses à venir" (Col 2,17) : c'est le sacrifice offert du Levant au Couchant annoncé par les prophètes, ou est offerte à Dieu la victime de louange, selon la grâce du Nouveau Testament.

  Il ne s'agit plus d'un sacrifice sanglant pris dans le bétail des troupeaux, il n'est plus question maintenant de porter à l'autel une brebis ou un bouc, notre sacrifice d'aujourd'hui est le corps et le sang du pr^tre lui-même. C'est de lui que de longue date les psaumes ont dit : "Tu es prêtre pour toujours selon l'ordre de Melchisédch." (Ps 109,4)


Fruit du sacrifice : rémission des péchés

     Augustin d'Hippone  -  Sermon 329 Pour une fête de martyr,2

  Vous avez entendu sa parole, au moment ou approchait sa Passion, c'est-à-dire au moment ou approchait notre libération : "Si le grain de blé ne tombe en terre et n'y meurt, il reste seul, s'il meurt, il porte beaucoup de fruits". Sur la croix, il a réalisé une immense affaire : il a ouvert le trésor qui contenait notre rançon, au moment ou le coup de lance a ouvert son côté. Le prix du monde entier en a coulé !

      Jean Chrysostome  -  Homélie 82 sur Matthieu,1

  Prenez, leur dit-il, et mangez. Ceci est mon corps qui est rompu pour vous. Comment n'ont-ils point été troublés en entendant ces paroles ? Il leur découvre la cause de sa Passion, c'est-à-dire la rémission des péchés.

     Ambroise de Milan  -  Des sacrements IV,6,28

  Chaque fois donc que tu le reçois, que te dit l'âpotre ? "Chaque fois que nous le recevons, nous annonçons la mort du Seigneur." Si nous annonçons la mort du Seigneur, nous annonçons la rémission des péchés. Si, chaque fois que son sang est répandu, il est répandu pour la rémission des péchés, je dois toujours le recevoir, pour que toujours il remette mes péchés. Moi qui péche toujours, je dois avoir toujours un remède.


Oblation du Christ, oblation de l'Eglise

       Ambroise de MIlan  -  Explanatio Ps 38,25

  Nous avons vu le Prince des Prêtres venir à nous, nous l'avons vu et entendu offrir pour nous son sang. Nous le suivons, autant que nous le pouvons, nous prêtres, afin d'offrir le sacrifice pour le peuple encore qu'infirmes quant au mérite, cependant dignes de respect quant au sacrifice, car, encore qu'à présent le Christ ne paraisse pas offrir, cependant lui-même est offert sur terre car c'est le corps du Christ qui est offert. Bien plus : lui-même, manifestement, offre en nous, lui dont la parole consacre le sacrifice qui est offert.

      Augustin d'Hippone  -  Sermon 227 aux néophytes sur les saints mystères

  On a maintenant consacré le divin sacrifice. Or Dieu a voulu que nous fussions nous-mêmes son sacrifice, ce qui apparait lorsqu'il nous est demandé d'emblée de nous offrir nous-mêmes en sacrifice à Dieu, ce sacrifice est le symbole de ce que nous sommes.

    Irénée de Lyon  -  Contre les Hérésies IV,17,18

  Parce que l'Eglise offre avec simplicité, c'est à juste titre que son présent est réputé sacrifice pur auprès de Dieu. Comme le dit Paul aux Philippiens : "Je suis comblé, maintenant que j'ai reçu d'Epaphrodite votre envoi, odeur de suaviré, sacrifice agréable et qui plait à Dieu." Car il nous faut présenter une offrande à Dieu et témoigner en tout notre reconnaissance au Créateur, en lui offrant, dans une pensée pure et une foi sans hypocrisie, dans une espérance ferme, dans une charité ardente, les prémices de ses créatures.

    Augustin d'Hippone  -  Sermon 329 Pour une Fête de martyr, 1-2

  Combien glorieuse est la geste des saints martyrs qui, partout, fait fleurir l'Eglise ! Elle fait éclater à nos yeux combien nous avons raison de chanter : "Précieuse aux yeux du Seigneur est la mort de ses saints." (Ps 115,15) Elle est réellement précieuse à ses yeux, et aux yeux de celui pour qui ils l'ont endurée. Le prix de tant de morts vient de la mort d'un seul. Que de morts n'a achetées en mourant, celui qui, par sa mort, a donné au grain de blé de se multiplier !

  Vous avez entendu sa parole, au moment ou approchait sa passion, c'est-à-dire au moment ou approchait notre libération : "Si le grain de blé ne tombe enterre et n'y meurt, il reste seul. S'il meurt, il porte beaucoup de fruits." Sur la croix, il a réalisé une immense affaire : il a ouvert le trésor qui contenait notre rançon, au moment ou le coup de lance a ouvert son côte. Le prix du monde entier en a coulé ! Fidéles et martyrs en ont été rachetés.

  La foi des martyrs est une foi éprouvée : leur sang en témoigne. Ils ont rendu ce qu'ils avaient reçu ils ont accompli ce qu'avait dit saint Jean : "Comme le Christ a livré sa vie pour nous, ainsi devons-nous à notre tour livrer notre vie pour nos frères." Et ailleurs, nous lisons : "Si tu prends place à une table noble, prends bien garde à ce qui t'est présenté" (Pr 23,12) : tu dois en préparer autant. La noble table est celle ou le Seigneur lui-même est l'aliment de la table. Personne ne se donne lui-même en nourriture : le Christ Seigneur le fait. Il est l'hote, la nourriture et la table. Les martyrs ont bien compris ce qu'ils mangeaient, ce qu'ils buvaient, pour lui rendre en retour.

        St Augustin  -  Cité de Dieu, X,6

  Tel est le sacrifice des chrétiens : être tous un seul corps en Jésus-Christ, et c'est ce mystère que l'Eglise célèbre assidûment dans le sacrement de l'autel, connu des fidèles, ou elle apprend qu'elle est offerte elle-même dans l'oblation qu'elle fait à Dieu.


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21 décembre 2008

6 - Le Festin des noces

L'Eucharistie chez les Pères de l'Eglise

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L'hospitalité d'Abraham - Gn 18, 1-15

       Genèse Rabba 48,10-11

  "Je vais prendre un morceau de pain" (Gn.18,5) as-tu dit ! Par ta vie. Je revaudrai cela à tes enfants, dans le désert, dans le pays ou ils s'installeront et dans les temps à venir. Dans le désert, ou est-ce dit ? Ici : "YHVH dit à Moïse : Je vais faire pleuvoir du ciel, du pain pour vous" - voilà pour le désert. Dans leur pays, ou est-ce dit ? Ici : "Un pays de blé et d'orge". Dans les temps à venir, ou est-ce dit ? Ici : "Il y aura abondance de blé dans le pays" (Ps 71,16)

  "Abraham courut au gros bétail" est-il aussi écrit ! Par ta vie, je revaudrai cela à tes enfants, dans le désert, dans le pays ou ils s'installeront et dans les temps à venir. Dans le désert, ou est-ce dit ? Ici : "Un vent se leva de par YHVH et amena des cailles de la mer" (Nb 11,31) - voilà pour le désert. Dans leur pays, ou est-ce dit ? Ici : "Un troupeau important appartenait aux enfants de Rouben" (Nb 32,1). Dans les temps à venir, ou est-ce dit ? Ici : "En ce jour-là chacun élévera une vache" (Is 7,21)

  "Je vais prendre un morceau de pain et vous rassasierez votre coeur" (Gn 18,5). Rabbi itshaq dit : Nous voyons dans le Pentateuque, les Prophètes et les Hagiographes que le pain est la nourriture du coeur. Dans le Pentateuque, ou donc ? Ici : "Je vais prendre un morceau de pain et vous rassasierez votre coeur."Dans les Prophètes : "Rassasie ton coeur, d'un morceau de pain". Dans les Hagiographes : "Le pain rassasie le coeur de l'homme" (Ps 103,15)

  "Ils lui répondirent : Agis comme tu l'as dit." (Gn 18,5) Les anges dirent à Abraham : Chez nous le boire et le manger n'ont point cours, mais puisqu'ils ont cours chez toi, "agis" pour toi, "comme tu l'as dit" : qu'il t'accorde de donner un autre festin, cette fois pour la naissance d'un fils.

  "Pétris et fais des galettes". C'était donc l'époque de Pâque.

  Rabbi Tanhouma citait ici le proverbe "à la ville deviens citadin". Le manger et le boire n'ayant pas cours dans l'en-haut, Moïse arrivé dans l'en-haut ne s'alimenta pas, selon : "Je suis resté dans la montagne quarante jours et quarante nuits sans manger de pain, ni boire d'eau" (Dt 9,9). Mais dans l'en-bas ou l'on mange et boit, Abraham était debout près d'eux "sous l'arbre et ils mangèrent" (Gn 18,8). Mangèrent-ils vraiment ? Non, ils semblaient manger et la nourriture disparaissait au fur et à mesure.

           Ambroise de Milan  -  Homélie sur Abraham, 1,5,33

  Abraham se hâte d'aller à leur rencontre, parce qu'il ne suffit pas d'agir correctement, il faut encore faire rapidement ce qu'on fait. La Loi ordonne de manger la Pâque à la hâte.

          Grégoire d'Elvire  -  Homélie 2,4-6

  Quand il est rapporté qu'au chêne de Manbré, au débouché des chemins, Abraham avait sa tente ou tous les passants trouvaient un refuge, c'était une figure : grâce aux apôtres, qui seraient des fils d'Abraham, les hommes accourraient vers la foi en Dieu de toutes les parties du monde, depuis les extrémités de la terre.

  De fait, notre Seigneur et Sauveur a dans l'Evangile accompli en personne la figure annoncée quand il dit : "Les noces sont prêtes, mais les invités n'en étaient pas dignes. Allez maintenant au débouché des chemins et invitez au festin des noces tous ceux que vous trouverez". En disant cela, il montrait que, puisque les juifs, qui avaient été invités par la Loi et les prophètes à l'union du Christ et de l'Eglise, s'en étaient montrés indignes en ne venant pas - c'est-à-dire en ne croyant pas en lui - les apôtres furent alors envoyés au débouché des chemins, pour rassembler de toutes les Nations le peuple des croyants et être le refuge des Nations ; ainsi s'accomplirait le festin des noces du Christ et de l'Eglise.

          Grégoire d'Elvire  -  Homélie 2,7-8

  L'arbre était une image évidente de la croix. Aux uns, elle parut dure et âpre comme le bois, parce que le Seigneur y fut suspendu pour que nos péchés, qui provenaient du bois de la transgression y reçoivent leur châtiment en étant par l'homme cloués au bois de la croix, comme le dit l'apôtre Paul quand il traite du mystère de la croix : "Il a réparé notre faute en la clouant à la croix."

  Aux autres, elle a fourni une ombre et une faîcheur qui protègent et rafraîchissent les croyants de l'ardeur et de la brûlure de la persécution, ainsi qu'il est écrit : "J'espérerai à l'ombre de tes ailes, jusqu'à ce que passe l'injustice."(Ps 56,2) En effet, la croix du Christ est, comme le dit l'apôtre, "folie pour ceux qui se perdent, mais puissance de Dieu pour ceux qui seront sauvés." (1Co 1,18)

          Chromace d'Aquilée  -  Sermon 15,2

  Lorsque au chêne de Manbré, à midi, le Seigneur lui apparut, Abraham vit alors la préfiguration du mystère a venir. Le chêne de Manbré désignait en effet la croix du Seigneur. L'heure de midi c'était la figure du moment de la Passion, car c'est à la sixième heure que le Seigneur fut mis en croix pour le salut du monde, comme nous le lisons dans l'évangile. Et il est rapporté qu'Abraham se reposait, sous le chêne, parce que la foi des Patriarches n'a trouvé son repos que dans la croix du Christ ; et il se reposait a midi, à l'heure habituelle de la plus forte chaleur, parce que seule la croix du Seigneur a pu refroidir en nous, par l'ombre de sa passion, l'ardeur du péché.

        Grégoire d'Elvire  -  Homélie 2,14-15

  D'ailleurs le Seigneur lui-même en a témoigné dans l'Evangile en disant : "Abraham a cherché à voir mon jour ; il l'a vu, et a jubllé." (Jn 8,56) A l'évidence, il a vu le jour de la venue du Seigneur et connu les mystères au temps ou, jubilant de joie, il court à sa rencontre,lui prépare un festin et, rendu joyeux par l'esprit de prophétie, lui sert ce qui convenait au mystère du festin, quand il lui lave les pieds, pour manifester le service plein et parfait qui aurait lieu lors de sa venue. Le Seigneur a en personne rendu la pareille à la postérité d'Abraham en lavant les pieds de ses fils dans la foi, à savoir les apôtres ; il devait ainsi, par la purification de son bain, rendre beaux les pieds de ceux qui portent la bonne nouvelle de la paix.

        Chromace d'Aquilée  -  Sermon 15,3

  Abraham, donc, lava les pieds au Seigneur ; mais comme serviteur à son maître. Puisque le Christ récompense avec tendresse et bonté les services rendus, il a lavé les pieds de ses disciples pour rendre aux fils le service qu'il avait reçu de leur père. Eux avaient lavé les pieds au Seigneur pour être sanctifiés, tandis que le Seigneur a lavé les pieds de ses disciples, non pour se sanctifier, mais pour les sanctifier. Eux ont lavé les pieds au Seigneur pour effacer leurs péchés ; lui, il a lavé les pieds de ses disciples pour les purifier de toutes souillures de péché.

  Abraham, jadis, offrit au Seigneur trois galettes ; lui, avec cinq pains, il a rassasié les fils d'Abraham dans le désert. Abraham, jadis, fit reposer le Seigneur à l'ombre d'un chêne, à midi ; le Seigneur a protégé les fils d'Abraham à midi à l'ombre de sa Croix : car il était midi quand le Seigneur fut crucifié. Abraham, jadis, tua un veau pour le Seigneur ; lui, il s'est offert lui-même en sacrifice pour le salut des fils d'Abraham.

       Grégoire d'Elvire  -  Homélie 2, 17-18

  Mais voyons maintenant ce que signifie le mystère du festin servi au Seigneur par Abraham."Un veau tendre et gras." Le veau tendre et gras, figurait la chair du Seigneur qui devait être immolé pour le salut des croyants, ainsi que le dit l'apôtre : "Le Christ, notre Pâque, a été immolé". Le veau est dit gras, parce qu'il est riche de la plénitude de toutes les oeuvres bonnes, comme le dit l'apôtre : "En lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité." Ce veau donc qu'est le corps du Seigneur et qui dans l'Evangile est mis à mort pour le fils pécheur, c'est lui qui pour nous a été immolé par les incrédules, et un excellent festin en a été préparé pour les croyants.

       Origéne  -  Homélie sur la Genèse, IV,2

  Le veau est servi, voici encore un mystère. Le veau lui-même n'est pas dur, mais "bon et tendre". Et que peut-il avoir d'aussi tendre, que peut-il y avoir d'aussi bon que Celui qui s'est abaissé pour nous jusqu'à la mort et qui "a donné sa vie pour ses amis" ? Il est le "veau gras" que le Père égorge pour recevoir son fils repentant. Car le Père "a tant aimé ce monde qu'il a donné son fils unique" pour la vie de ce monde.

    Ambroise de Milan  -  Homélie sur Abraham, 1,5,40

  On nous dit qu'il courut au troupeau, prit un veau tendre et bon, ce ne sont pas là détails oiseux. Car lorsque dans l'Exode Moïse fait connaître la Passion du Seigneur, il dit : "Vous prendrez un agneau sans tache, pur, parfait, âgé d'un an, mâle ; vous le prendrez parmi les brebis ou les chevreaux ; et toute la multitude de l'assemblée le mettra à mort vers le soir". C'est pourquoi, ici aussi, le récit dit qu'il est midi quand Abraham offre l'hospitalité au Seigneur, mais c'est pour le repas du soir que le veau est immolé et mangé. C'est un bon veau, puisqu'il devait purifier les péchés ; tendre, parce que ce n'est pas avec une nuque dure mais tendre qu'il a accepté le joug de la Loi et n'a pas refusé le gibet de la croix. Tendre, certainement, car rien n'a été laissé de la tête, des pattes et des entrailles, et ses os n'ont pas été brisés, mais il est tout entier devenu la nourriture de ceux qui le mangent. Tel nous l'avait préfiguré l'ombre de la Loi, tel la vérité de l'Evangile l'a montré.

      Grégoire d'Elvire  -  Homélie 2,24

  Quant à la signification des trois mesures de fleur de farine, ainsi que des pains azymes cuits sous la cendre et faits à partir de ces trois mesures, il ne faut pas la passer sous silence. Les trois mesures sont les trois descendants de Noé, C'est-à-dire Sem, Cham et Japhet, à partir desquels tout le genre humain fut reconstitué après le déluge, c'est-à-dire à partir desquels commencérent à exister "toutes les tribus, langues et peuples" d'ou devaient venir ceux qui croient au Christ, qui sont associés à sa Passion et participent à la table sainte, bien plus, qui doivent être incorporés au pain du corps du Seigneur.

        Grégoire d'Elvire  -  Homélie 2,29

  Les trois mesures de fleur de farine, dont Sara a fait les pains cuits sous la cendre, représentaient, je l'ai dit, l'image des trois fils dont est né l'ensemble du genre humain qui, dans la foi à la divine Trinité, Père, Fils et Saint Esprit, devaient être pétris avec l'eau du baptème par l'Eglise dont Sara était l'image, et être réunis en l'unique pain du corps du Christ ; Sara, en effet, je l'ai déjà dit, était le type de l'Eglise, obéissante ministre des sacrements.


                      Les noces de Cana

           Faute de Riez  -  Homélie sur le corps et le sang du Christ, 10

  Le vin manquait, parce que la vigne refusait son fruit, cette vigne dont il est dit : "J'en attendais du raisin ; elle a donné des épines" (Is 5,4), et c'est pourquoi on a couronné d'épines la tête du rédempteur. Quand le Seigneur au temps des noces, c'est-à-dire quand l'époux, s'unissant à son Eglise dans la joie de la Paque, changea l'eau en vin, il préfigurait manifestement par là que des multitudes de peuples allaient venir par la grâce de son sang.

  Que l'eau désigne en effet les peuples, la parole sacrée l'indique ; on lit : "Ces eaux que tu as vues, ce sont des peuples, des nations et des langues." (Ap 17,15) Nous voyons par là que l'eau nous offre la figure des nations et le vin celle du sang de la passion du Seigneur.

  Ainsi quand l'eau est mélée au vin dans le sacrement, le peuple fidèle est incorporé et lié au Christ. Il lui est uni par le lien d'un parfait amour.

        Cyprien de Carthage  -  Lettre 63,13

  Quand dans le calice l'eau se mèle au vin, c'est le peuple qui se mèle avec le Christ, et la foule des croyants qui se joint et s'unit à celui en qui elle croit. Ce mélange, cette union du vin et de l'eau dans le calice du Seigneur, est indissoluble. De même l'Eglise, c'est-à-dire le peuple qui est dans l'Eglise et qui fidèlement, fermement, persévére dans la foi, ne pourra jamais être séparée du Christ, mais Lui restera attachée par un amour qui des deux ne fera plus qu'un.

        Ephrem  -  Commentaire de l'évangile concordant,219

  Au désert, notre Seigneur multiplia le pain et, à Cana, il changea l'eau en vin. Il habitua ainsi la bouche des disciples à son pain et à son vin jusqu'au temps ou il leur donnerait son corps et son sang. Il leur fit goûter un pain et un vin qui passent pour éveiller en eux le désir de son corps et de son sang vivifiants.

  Comme premier signe, il fit un vin réjouissant pour les convives, afin de manifester que son sang réjouirait toutes les nations. Le vin intervient dans toutes les joies et de même toutes les délivrances se rattachent au mystère de son sang.

         Romanos le Mélode  -  Hymne sur Cana 18,20

  Quand le Christ changea manifestement l'eau en vin par sa puissance, toute la foule se réjouit, trouvant admirable le goût de ce vin. Aujourd'hui, c'est au banquet de l'Eglise que nous nous asseyons tous, car le vin est changé en sang du Christ, et nous le buvons tous avec une allégresse sainte, glorifiant le grand Epoux.

       Ephrem de Nisibe  -  Hymne sur l'Epiphanie 3,22

  De l'eau il fit du vin, il abreuva le monde de son festin ; par son vin les époux furent unis.

        Ephrem de Nisibe  -  Hymne sur la virginité 33,1

  Cana te remercie de mettre de la joie à son festin de noces. De l'époux la couronne est un honneur pour toi, car tu l'as honoré ; et celle de l'épouse sera pour ta victoire. Au miroir de Cana toutes les paraboles s'expliquent, se dessinent : au moyen de l'épouse tu as dépeint l'Eglise ; au moyen des convives tu as représenté ceux que tu as marqués ; au moyen de sa fête, tu dépeins ta venue.

    Ephrem de Nisibe  -  Hymne sur la virginité 16,2

  Heureuse es-tu, Cana, car l'Epoux céleste a été invité par l'époux de chez toi, à qui a manqué le vin. Il invita le Convive qui a invité tous les peuples aux noces et à la vie en Eden ! Heureux tes invités qui se sont réjouis de sa bénédiction ! Et tes jarres qui ont été remplies par sa parole ! En toi ont mûri, comme prémices, les bonheurs célestes qui, en toi, ont resplendi pour la première fois !

      Irénée de Lyon  -  Contre les hérésies,III,11,5

  C'est en prenant des pains qui provenaient de la terre et en rendant grâces, c'est encore en changeant de l'eau en vin, qu'il a rassasié les convives et désaltéré les invités aux noces. Il montrait par là que le Dieu qui a fait la terre et lui a commandé de porter du fruit, qui a établi les eaux et fait jaillir les sources, ce même Dieu octroie la terre et lui a commandé de porter du fruit, qui a établi les eaux et fait jaillir les sources, ce même Dieu octroie aussi au genre humain, dans les derniers temps, par l'entremise de son fils, la bénédiction de la Nourriture et la grâce du Breuvage, lui, l'incompréhensible, par Celui qui peut être compris, lui, l'invisible, par Celui qui peut être vu.


                    La Sagesse a dressé une table

          Cyprien de Carthage  -  Lettre 63,5

  Par Salomon aussi, l'Esprit saint montre la figure du sacrifice du Seigneur, en faisant mention de la victime immolée, du pain, du vin et aussi de l'autel : "La sagesse, dit-il, a construit une maison, et l'a soutenue de sept colonnes. Elle a immolé ses victimes, elle a mêlé dans le cratère le vin à l'eau et dressé sa table. Puis elle a envoyé ses serviteurs, invitant à haute voix à venir puiser à son cratère : Celui qui est sans instruction, qu'il vienne vers moi, disait-elle. Et à ceux qui manquent de sens elle disait : Venez manger de mes pains et buvez le vin que j'ai mêlé pour vous." (Pr 9,1-5)

  Il parle de vin mêlé, c'est-à-dire il annonce prophhétiquement le calice du Seigneur mêlé d'eau et de vin ; et ainsi il apparait que la passion du Seigneur a réalisé ce qui avait été prédit.

        Faute de Riez  -  Homélie sur le corps et le sang du Christ

  Que ce vin de son sang doive être mêlé d'eau, le Seigneur nous le montre non seulement par la tradition mais par la forme même de sa passion ; sous le coup de lance en effet il coula du sang et de l'eau de son flanc sacré comme l'avait annoncé bien longtemps avant le prophète en disant : "Voici qu'il frappe le rocher, les eaux coulent", et comme l'a dit ensuite l'Apôtre : "ils buvaient au rocher qui les accompagnait". Tu vois que quiconque a bu à la grâce du Christ est suivi par la miséricorde du Christ.

  Mais dans Salomon, nous lisons sur Dieu lui-même cette prophétie : "La Sagesse a bâti sa maison", c'est-à-dire elle a revêtu le corps d'un homme dans lequel habite la plénitude de la divinité."Elle a taille sept colonnes" parce que la bénédiction de la grâce a pris sept formes pour le remplir. "Elle a abattu ses bêtes, elle a mêmé son vin dans le cratère et préparé sa table". Et dans la suite : "venez, mangez de mon pain et buvez le vin que j'ai mêlé pour vous". Nous voyons donc que le vin a été mêlé d'eau.

        Procope de Gaza  -  Commentaire sur les Proverbes

  "La Sagesse a bâti sa maison". Elle a construit l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, et dont la nature est à la fois visible et invisible."Elle a sculpté sept colonnes". A l'homme qui a été formé selon le Christ, elle a donné les sept dons du Saint-Esprit, afin qu'il croie au Christ et observe ses commandements. Grâce à ces dons, la vertu est animée par la connaissance et, réciproquement, la connaissance s'incarne dans la vertu.

  "Elle a mélangé son vin dans la coupe et a dressé sa table". De même qu'on fait un mélange dans une coupe, la sagesse a uni à la connaissance des choses créées la connaissance d'elle-même comme cause de toutes choses. Et cette connaissance de tout ce qui concerne Dieu, comprable à du vin, enivre l'esprit. C'est ainsi que par elle-même, qui est le pain du ciel, elle nourrit les âmes par la vertu ; elle les abreuve et les réjouit par la doctrine. Elle a donc apprêté tout cela comme une table magnifiquement servie pour le banquet spirituel de ceux qui désirent y participer.

  "Elle a envoyé ses esclaves inviter à sa coupe, en proclamant à haute voix". Elle a envoyé les Apôtres, ces servants de sa divine volonté, pour qu'ils proclament la bonne nouvelle de l'Evangile. Et c'est par la bouche de ces serviteurs que la Sagesse proclame : "Si vous manquez de sagesse, venez à moi !" Celui qui manque de sagesse est celui qui pense dans son coeur que Dieu n'existe pas. Qu'il rejette son athéisme, qu'il me rejoigne par la foi, qu'il sache que je suis le Créateur et le Seigneur de l'univers.

  "A l'homme sans intelligence, elle dit : Venez manger mon pain et boire le vin que j'ai mélangé pour vous ! " Et à ceux qui n'accomplissent pas les oeuvres de la foi, afin qu'ils accédent à une connaissance plus parfaite, elle dit : Venez manger mon corps qui, comme du pain, vous nourrit pour la pratique de la vertu ; buvez mon sang qui, par la connaissance, vous réjouira comme du vin et vous enivrera pour vous diviniser. Car ce sang, d'une façon étonnante, je l'ai mélangé à la divinité, pour votre salut.


20 décembre 2008

7 - Le pain du ciel et l'eau du rocher

L'Eucharistie chez les Pères de l'Eglise

       0_damascene_isaac_benoit_1_

                           La manne

                       * * *

                                 

                Le pain des anges - Ps 77,2

                                     * * *

      Ambroise de Milan - Homélie sur les Mystères

En vérité il est admirable que Dieu ait fait pleuvoir la manne pour nos pères et qu'ils aient été rassasiés chaque jour du pain du ciel. C'est pourquoi il est dit : "L'homme a mangé le pain des anges."

Pourtant ceux qui ont mangé ce pain au désert sont tous morts. Cette nourriture, au contraire, que tu reçois, ce pain vivant qui est descendu du ciel, fournit le soutien de la vie éternelle, et quiconque le mange ne mourra jamais . C'est le corps du Christ.

Examine maintenant ce qui est supérieur, le pain des anges ou la chair du Christ qui est certes le corps qui donne la vie. Cette manne-là était du ciel, celle-ci au-dessus du ciel ; celle-là appartenait au ciel, celle-ci au maître du ciel ; celle-là était sujette à la corruption si on la gardait jusqu'au lendemain, celle-ci est étrangère à toute corruption ; quiconque en goûte avec respect ne peut éprouver la corruption.

            Cyrille d'Alexandrie - Commentaire de Saint Jean. IV. 2

" Il leur donna le pain du ciel, l'homme mangea le pain des anges." Ps 77,24-25 . Ces paroles semblent bien s'appliquer aux Israélites ; il n'en est pas ainsi mais c'est nous, bien plutôt, qu'elles concernent. N'est-il pas naïf et parfaitement déraisonnable de croire que les saints anges au ciel, bien que de nature incorporlle, se nourrissent d'aliments plus grossiers et réclament pour soutenir leur vie les mêmes secours que notre corps terrestre ? Au contraire, on comprend aisément qu'étant des esprits, ils réclament des aliments de même nature, c'est-à-dire spirituelle et intellectuelle. Comment peut-on dire alors que le pain des anges a été donné aux ancêtres des Juifs, si cette parole du prophète est vraie ?

Evidemment, puisque la manne était l'image allégorique du Christ qui conserve et maintient toute chose dans l'être, qui nourrit les anges et donne la vie sur la terre, le prophète appelait vérité ce qui était comme annoncé par une ombre : car les saints anges ne sauraient prendre part à une nourriture trop terrestre. Il élevait ses auditeurs, même malgré eux, au-dessus de cette idée grossière de la manne jusqu'à une notion d'ordre spirituel, celle du Christ lui-même qui est le pain des saints anges.

         Fauste de Riez - Homélie sur le corps et le sang du Christ.5

Que le Christ lui-même ait été préfiguré sous l'apparence de cette manne, le Prophète aussi nous le montre avec évidence en disant : "Il leur donna le pain du ciel : l'homme se nourrit du pain des anges". Et quel est ce pain des anges, sinon le Christ qui nous rassasie de l'aliment de son amour et de la lumière de sa gloire.

        Augustin d'Hippone - Sermon sur le Ps 33,6

Il a voulu établir notre salut dans l'institution de son corps et de son sang. Par quel moyen ce corps et ce sang sont-ils venus en notre puissance ? Par son humilité. S'il ne se fût fait humble, il ne serait point notre nourriture et notre breuvage. Voyez de quelle hauteur il est descendu : "Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu." Voilà l'éternelle nourriture, la nourriture des Anges,.....la nourriture des Esprits célestes. Ils mangent et ils sont rassasiés, et ce qui fait leur aliment et leur bonheur, n'en demeure pas moins tout entier. Mais quel homme pourrait toucher à cette nourriture ? Quel coeur d'homme serait assez préparé ?

Cette viande spirituelle devait donc être changée en lait, afin d'arriver aux enfants. Mais, comment une viande devient-elle du lait ? Comment peut-elle subir ce changement, si ce n'est en passant par la chair ? C'est là ce que fait la mère. Ce qu'a mangé la mère, l'enfant le mange aussi ; mais comme l'enfant est incapable de manger du pain, la mère doit faire passer ce pain par sa chair, et le rendre à son enfant dans le suc du lait, et par l'humilité des mamelles.

Comment donc la divine Sagesse nous a-t-elle nourris du pain des Anges ? C'est que "le Verbe s'est fait chair, et a demeuré parmi nous." Voilà le fruit de l'humilité, qui donne à l'homme le pain des Anges, ainsi qu'il est écrit : " Il leur a donné le pain du ciel, l'homme a mangé le pain des Anges." C'est-à-dire, l'homme a mangé le Verbe, cette nourriture éternelle des Anges, et qui est égal à son Pére ; car,"ayant la nature de Dieu, il n'a pas cru que fût lui une usurpation de s'égaler à Dieu". Telle est la nourriture des Anges. "Mais il s'est anéanti lui-même en prenant la forme de l'esclave, et en se rendant semblable aux autres hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui ; il s'est humilié; se rendant obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la croix"

          Augustin - Sermon sur le Ps 77,17

Ce pain est vraiment le pain des Anges, le Verbe de Dieu, aliment incorruptible de ceux qui sont incorruptibles. C'est pour être le nourriture de l'homme qu'il s'est fait chair, et a demeuré parmi nous. C'est là le pain que les nuées de l'Evangile font pleuvoir dans le monde entier. Il ouvre les coeurs des prédicateurs, comme des portes céjestes, pour annoncer sa parole, non plus à une synagogue qui murmure et tente le Seigneur, mais à l'Eglise qui croit et met son espoir en lui.


 

        Le pain au goût multiple  -  Sagesse 16,20-21

                                  * * *

                        Augustin  -  Lettre 54,2

De même que, chez le peuple de la première alliance, la manne avait pour chacun le goût qu'il voulait, ainsi dans un coeur chrétien des effets divers sont opérés par ce sacrement qui a vaincu le monde.

          Fauste de Riez  -  Homélie sur le corps et le sang du Christ .4

Si la manne...... prenait au goût de chacun la saveur qu'il avait désirée, autre était ce qu'on prenait, autre ce qu'on sentait, si la saveur se formait d'une manière invisible dans le palais de chacun, si donc cette manne de l'ancienne loi qui tombait du ciel dépassait par cette variété de saveurs son naturel et son apparence spécifique, si la largesse du donateur avait attribué une telle variété à sa créature que le goût en offrait ce qu'ignorait la vue - en effet la nouveauté de cette nourriture et le cas qu'on en faisait dépendaient du desir de qui la recevait ; chacun se trouvait réconforté par l'agreable don de cette pluie aux saveurs variées et étrangéres à sa nature et par la bonté de celui qui multipliait cette rosée solide ; - si donc il était ainsi, que la foi accomplisse ici ce que faisait alors l'appétit, et de même que l'aliment prenait saveur dans le corps, que Dieu croisse dans nos coeurs par notre croyance en lui.

C'est ainsi que nous lisons : "L'homme atteindra les profondeurs du coeur et Dieu sera exalté". Donc, ce que le plaisir du goût obtenait alors dans le palais, Que la bénédiction divine l'opère ici dans les sens, que la puissance même du prêtre qui consacre te donne la force de reconnaïtre et de percevoir le sacrifice du vrai corps du Seigneur et que celui qui se cachait alors préfiguré dans la manne, se révéle maintenant à toi dans la grâce.


        Le " vrai " pain du ciel - Jn 6

                               * * *

            Ephrem de Nisibe  -  Mimré 4 sur la Passion

Cette manne que les Israélites ont mangée dans le désert, cette manne qu'ils recueillaient et qu'ils ont méprisée bien qu'elle leur tombât du ciel, était la figure de ce pain spirituel que vous avez reçu maintenant. Prenez et mangez-en ; par ce pain vous mangez mon corps, vraie source de la rémission. Je suis le pain de la vie.

       Cyrille d'Alexandrie  -  Commentaire de Saint Jean. IV.2

Vos pères et vos aînés, dit le Christ, ont pourvu, en mangeant la manne, au besoin naturel de leur corps : ils y trouvaient une vie passagère et donnant à leur chair la nourriture d'un jour, ils arrivaient tout juste à ne pas mourir de faim. La preuve la plus claire que ce n'était point là le vrai pain descendu du ciel, c'est qu'à en prendre, on ne gagnait nullement l'immortalité.

En revanche le signe que le fils est le propre et véritable pain de vie, c'est qu'il rend vainqueurs de la mort ceux qui en ont pris une fois et qui se sont en quelque sorte mêlés à lui dans la communion. La manne est prise comme l'image ou plutôt comme l'ombre du Christ : elle annonçait le pain de vie sans être elle-même ce pain


.

      

     L'eau jaillissant du rocher   -   Ex 17,1-6

                          * * *

    Cyrille d'Alexandrie  -  Commentaire de Saint Jean  .IV .2

Mais ils ont bu aussi l'eau du rocher. Qu'en est-il résulté, quel profit pour ceux qui l'ont bue ? Il sont morts. Ce n'était donc pas là non plus une vraie boisson, mais en réalité, la vraie boisson, c'est le sang du Christ.

         Ambroise de Milan  -  Des Sacrements. V

Nous avons dit qu'on place sur l'autel le calice et le pain, que met-on dans le calice ? du vin. Et quoi encore ? De l'eau. Mais tu dis : "Comment donc ? Melchisédech a offert le pain et le vin. Que signifie le mélange d'eau ? " En voici la raison....Comme le peuple juif avait soif et murmurait parce qu'il ne pouvait pas trouver d'eau, Dieu ordonna à Moïse de toucher le rocher de son bâton. Il toucha le rocher, et le rocher fit couler un flot très abondant. Comme le dit l'apôtre : "Ils buvaient du rocher qui suivait. Or le rocher, c'était le Christ." Ce n'est pas un rocher immobile, puisqu'il suivait le peuple. Toi aussi, bois, pour que le Christ te suive.

Sois attentif au mystère. Moïse,....avec son bâton, c'est-à-dire avec la parole de Dieu, touche le rocher avec la parole de Dieu. L'eau coule et le peuple de Dieu boit. Le prêtre touche le calice, l'eau ruisselle dans le calice, jaillit pour la vie éternelle, et le peuple de Dieu qui a obtenu la grâce boit.

          jean Chysostome  -  Homélie 46,4 sur St Jean

Du Paradis sortait une source qui se partageait de tous côtés en des fleuves d'eau sensible ; de cette table rejaillit une source qui répand des fleuves d'eau spirituelle.Ce ne sont pas des saules stériles qui s'élève autour de cette fonyaine, mais des arbres dont la hauteur atteint jusqu'au ciel, qui portent toujours du fruit dans la saison, qui jamais ne se flétrissent.

Si quelqu'un brûle, qu'il aille à cette fontaine, il y tempérera sa fièvre, car elle dissipe la chaleur et rafraichit tout ce qui est brûlé et en feu, tout ce que des flèches de feu ont enflammé. C'est d'en haut, c'est du ciel que cette fontaine prend sa source et qu'elle tire son origine ; c'est là qu'elle se renouvelle. Elle donne naissance à plusieurs ruisseaux que l'Esprit-Saint fait couler, et dont le fils fait la distribution. Ce n'est pas avec le hoyau qu'il leur trace leur route, mais il ouvre notre coeur et nous dispose à les recevoir.

Cette source est une source de lumière qui ré pand les rayons de la vérité. Là se trouvent les Vertus célestes, qui contemplent la beauté des sources et des canaux, parce qu'ils en connaissent la vertu mieux que nous, et qu'ils voient plus clairement cette lumière inaccessible. Et comme s'il pouvait se faire que quelqu'un mît sa main ou sa langue dans de l'or fondu, il la retirerait toute dorée, de même ceux qui participent aux saints mystères dont nous parlons changent plus véritablement leur âme en or.

Ce fleuve fait boillonner l'eau à plus gros bouillons et avec plus de véhémence que le feu, mais il ne brûle pas ; seulement il lave, il purifie.

            jean Chysostome  - 3° Catéchése baptismale,27

Moïse alors leva les mains vers le ciel et fit descendre le pain des anges, la manne, notre Moïse lève les mains vers le ciel et nous apporte la nourriture éternelle. Celui-là frappa la pierre et fit couler des fleuves d'eau, celui-ci touche la table, frappe la table spirituelle et fait jaillir les sources de l'Esprit.

C'est la raison pour laquelle, telle une source, la table est placèe au lilieu, afin que de toutes parts les troupeaux affluent à la source et s'abreuvent de ses flots salvifiques.

Puisque nous avons une telle source, une telle fontaine de vie et que la table regorge de mille biens et nous inonde de faveurs spirituelles, approchons avec un coeur et une conscience pure, afin de recevoir grâce et pitié pour nous secourir à point nommé.

      Ambroise de Milan -  sur les Mystères,48

Pour ceux-ci l'eau coula du rocher, pour toi le sang coule du Christ. L'eau les désaltéra pour un moment, toi le sang te lave à jamais. Le juif boit et a soif. Toi, une fois que tu auras bu, tu pourras plus avoir soif. Cela se passait en figure, ceci en vériré.


Donne-nous aujourd'hui notre pain. 

                     * * *

         La Providence de Dieu

                                     * * *

     Augustin d'Hippone - Sermon 57,7 : De l'oraison dominicale

Il faut entendre de deux manières cette demande relative au pain quotidien ; il faut y voir ce qui est nécessaire à la vie charnelle, et ce qui est nècessaire à la vie spirituelle, Ce qui nous est indispensable pour la vie de chaque jour regarde d'abord la nourriture corporelle, puis le vêtement. Mais on prend la partie pour le tout, et en demandant le pain nous entendons tout le reste.

            Cyprien de Carthage -  De la prière dominicale

Celui qui ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne peut être mon disciple." Le disciple de Jésus-Christ, renonçant à tout, selon la parole de son maître, ne doit demander que la pain de chaque jour. Ses désirs ne doivent pas s'étendre plus loin, puisque Jésus a dit : "Ne vous mettez pas en peine du lendemain ; le lendemain se pourvoira lui-même des choses nécessaires ; à chaque jour suffit son mal."

Le Seigneur nous dit : "Ne vous demandez pas à vous-mêmes : que mangerons-nous, que boirons-nous, de quoi nous vêtirons-nous ? Les païens se préoccupent de ces choses ; mais votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez d'abord le royaume de Dieu et la sainteté et tout cela vous sera donné en surcroît."

Telle est la promesse du Christ. Comme tout appartient à Dieu, rien ne peut manquer à celui qui possède Dieu, tant qu'il lui restera fermement attaché. Daniel fut jeté dans la fosse aux lions par l'ordre du roi de Babylone ; Dieu lui envoya sa nourriture, et l'homme de Dieu mangea tranquillement au milieu des bêtes qui, malgré leur faim, n'osaient se jeter sur lui. Elie, fuyant dans le désert, fut sauvé par des corbeaux qui lui apportaient sa nourriture.

            Le pain de la Parole

                           * * *

Augustin d'Hippone - Sermon 56,10 : De l'oraison dominicale

Ce pain est la divine Parole qui nous est distribuée chaque jour. Voilà, le pain quotidien dont vivent nos âmes et non pas nos corps

  Augustin d'Hippone - Sermon 58,5 : De l'oraison dominicale 

Ce que je vous explique maintenant est aussi notre pain quotidien. Ce pain quotidien est encore dans les lectures que vous entendez chaque jour à l'Eglise, dans les hymnes que l'on chante et que vous chantez. tout cela est nécessaire à notre pèlerinage. Lorsque nous serons parvenus au terme, lirons-nous encore des livres ? Ne verrons-nous pas le Verbe, ne l'entendrons-nous pas, ne le mangerons-nous pas, ne le boirons-nous pas, comme font maintenant les Anges ? Et les Anges ont-ils besoin de livres, de commentateurs ou de lecteurs ? Nullement ; car leur lecture consiste à regarder, et ils voient la vérité même ; ils s'abreuvent à cette source profonde dont nous recevons quelques gouttes.

                   Le pain de l'Eucharistie

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     Augustin d'hippone  -  Sermon 57,7 : De l'oraison dominicale

Les fidèles savent aussi qu'il y a un aliment spirituel qu'on vous fera connaître lorsque vous devrez le recevoir à l'autel de Dieu. Cet aliment sera aussi votre pain quotidien, car il est nécessaire dans cette vie. Mais en prenant ce pain, ne nous contentons pas de nourrir notre corps, nourrissons principalement notre âme. La vertu propre à ce divin aliment est une force d'union ; elle nous unit au corps du Sauveur et fait de nous ses menbres, afin que nous devenions ce que nous recevons.

      Cyprien de Carthage  -  De la prière dominicale

Le pain de vie c'est le Christ, et ce pain n'est pas à tous, mais à nous, chrétiens. Nous disons "Notre Père", parce que Dieu est le père des croyants, de même nous disons "notre pain", parce que le Christ est notre nourriture, à nous qui mangeons son corps. Ainsi donc nous réclamons notre pain quotidien, c'est-à-dire le Christ, afin que nous, dont la vie est dans le Christ, nous demeurions toujours unis à sa grâce et à son corps sacré.

    Augustin d'hippone - Sermon 58,5 : de l'oraison dominicale

Cette même demande : "Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien." s'applique aussi parfaitement à ton Eucharistie, Seigneur, à cette nourriture de chaque jour. Les fidèles savent ce qu'ils reçoivent alors, et il leur est salutaire de prendre cet aliment quotidien, nécessaire à la vie présente. ils prient donc pour eux-mêmes ; ils demandent à devenir bons, à persévérer dans l'innocence, dans la foi et les bonnes oeuvres. Voilà ce qu'ils ambitionnent, voilà ce qu'ils implorent, car s'ils ne persévéraient pas dans la pratique du bien, ils seraient privés de ce pain mystérieux. Que signifie donc : "Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien " ? Accorde-nous de vivre de façon à n'être pas éloignés de ton autel.


19 décembre 2008

8 - Présence réelle et transsubstantation

L'Eucharistie chez les Pères de l'Eglise

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  Cyrille de Jérusalem  -  4° catéchèse mystagonique,4

  Jadis, s'entretenant avec les juifs, le Christ disait : "Si vous ne mangez ma chair ni ne duvez mon sang, vous n'aurez pas la vie en vous". Ses auditeurs n'entendirent pas en un sens spirituel les paroles qui leur étaient adressées, et scandalisés, ils se retirèrent, pensant qu'on les invitait à l'antropophagie.

           L'étonnement des néophytes

    Augustin d'Hippone  -  Sermon 272,1-2. Pour le jour de Pentecôte.

  Ce que vous voyez maintenant sur l'autel, vous l'avez déjà vu la nuit dernière. Mais qu'est-ce ? Qu'est-ce que cela signifie ? Quel grand et mystérieux enseignement y est contenu ? On ne vous l'a pas dit encore. Que voyez-vous donc ? Du pain et un calice ; vos yeux mêmes en sont garants ; mais, puisque votre foi demande à s'instruire, ce pain est le corps de Christ, ce calice est son sang. Voilà la vérité en deux mots, et c'est peut-être assez pour la foi. La foi cependant désire comprendre.

    Cyrille de Jérusalem  -   4° catéchèse mystagonique, 6-9

  Le pain et le vin te semblent en leur état purement naturel : ne t'y arrête pas, car selon l'affirmation du Maître, c'est le corps et le sang du Christ. Si en effet tes sens t'engagent dans leur voie, eh bien ! que la foi te rassure. Ne tranche pas la question d'après les données du goût, mais, hardiment, d'après la foi absolue, toi qui as été admis au corps et au sang du Christ.

  Instruit de ces vérités, et bien assuré que ce qui te paraît du pain n'est pas du pain quoiqu'il en semble au goût, mais le corps du Christ, et que ce qui paraît du vin n'est pas du vin, malgré la protestation du goût, mais le sang du Christ, sachant aussi ce que David chantait jadis à ce sujet : " Et le pain qui fortifie le coeur de l'homme l'engage à oindre joyeusement son visage" (Ps 103,15). Fortifie ton coeur quand tu reçois ce pain comme pain spirituel, et réjouis le visage de ton âme.

    Ambroise de Milan  -  Des Sacrements, IV

  Mais peut-être dis-tu : "Je ne vois pas l'apparence du sang." Mais c'en est le symdole. De même, en effet, que tu as pris le symbole de la mort (le baptème), ainsi tu bois aussi le symbole du sang, pour qu'il n'y ait aucun dégoût provoqué par le sang qui coule et que cependant le prix de la rédemption produise son effet. Tu sais donc que ce que tu reçois, c'est le corps du Christ.

  Ambroise de Milan  -  Des Sacrements, IV,1

  De peur donc qu'un plus grand nombre ne tienne le même langage, sous prétexte d'une certaine répugnance du sang qui coule, mais pour garder la grâce de la rédemption, tu reçois le sacrement symboliquement, mais tu reçois la grâce et la vertu de ce qu'il est réellement.


                   L'acte de Foi

            Justin, 1° apologie,66

  Car nous ne prenons pas cet aliment comme un pain ordinaire et une boisson commune. Mais de même que, par la parole de Dieu. Jésus-Christ notre Sauveur, ayant été fait chair, a pris sang et chair pour notre salut, de même aussi cet aliment, qui par l'assimilation doit nourrir nos chairs et notre sang, est devenu, par la vertu de l'action de grâces contenant les paroles de Jésus-Christ lui-même, le propre sang et la propre chair de Jésus incarné : telle est notre foi.

          Faute de Riez  -  Homélie sur le corps et le sang du Christ,1

  Mais comme il devait enlever son corps à la terre, le soustraire à notre vue et l'emporter dans les cieux, il lui fallait instituer pour nous, ce jour-là, un signe sacré de son corps et de son sang, afin qu'on pût légitimement honorer sans fin dans ce mystère ce qu'il offrait une seule fois pour notre rachat. C'est la vraie, l'unique et parfaite hostie dont il faut juger par la foi, non par l'apparence, non par la vue extérieure de l'homme, mais par le sentiment intérieur. C'est ce que nous confirme justement l'autorité divine. "Ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson."

        Jean Chrysostome  -  Homélie 82 sur Matthieu, 4

  Ne regardons pas seulement ce qui se présente à nos yeux, mais attachons-nous surtout à la parole qu'il a dite. Nos sens peuvent nous tromper ; mais sa parole ne le peut jamais. Notre vue est aisément séduite, et tombe souvent dans l'erreur ; mais la parole et la vérité de Dieu ne peuvent errer.

  Puisque le Verbe a dit : "Ceci est mon Corps", soyons persuadés de la vérité de ses paroles, soumettons-y notre croyance, regardons-le dans ce sacrement avec les yeux de l'esprit. Car ce que Jésus-Christ nous y a donné sous des objets sensibles est élevé au-dessus des sens, et ne se voit que par l'esprit. Il en est ainsi dans le baptème, ou, par l'entremise d'une chose terrestre et sensible qui est l'eau, nous recevons un don spirituel, à savoir : la régénération et le renouvellement de nos âmes. Si vous n'aviez point de corps, il n'y aurait rien de corporel dans les dons que Dieu vous fait. Mais parce que votre âme est jointe à un corps, il vous communique des dons spirituels sous des choses sensibles et corporelles.

  Combien y en a-t-il maintenant qui disent : Je voudrais bien voir Notre Seigneur, revêtu de ce même corps dans lequel il a vécu sur la terre. Je serais ravi de voir son visage,toute la figure de son corps, ses habits et jusqu'à sa chaussure. Et moi je vous dis que c'est lui-même que vous voyez ; que c'est lui-même que vous touchez, que c'est lui-même que vous mangez. Vous désirez voir ses habits, et le voici lui-même qui vous permet, non seulement de le voir, mais encore de le toucher, de le manger, et de le recevoir au dedans de vous.

        Cyrille de Jérusalem  -  4° catéchèse mystagorique, 1

  Les divins mystères ont fait de vous des participants de corps et du sang du Christ. ( Littéralement : des concorporels et des consanguins du Christ.) Paul, en effet, proclamait que dans la nuit ou on le trahissait, notre Seigneur Jésus-Christ ayant pris du pain et rendu grâces, le rompit et le donna à ses disciples en disant : "Prenez, mangez, ceci est mon corps, puis, prit la coupe, rendit grâces et dit : Prenez, buvez, ceci est mon sang". Lors donc que la propre parole déclare au sujet du pain : "Ceci est mon corps", qui osera encore hésiter ? Et quand sa propre parole assure : "Ceci est mon sang" qui la mettra en doute en prétendant que ce n'est pas son sang ?

  Jadis à Cana de Galilée, Jésus a transformé l'eau en vin et il ne mériterait pas notre créance quand il transforme le vin en sang ?


                Le réalisme de la Foi

             Jean Chrysostome  -  Homélie 24 sur 1 Go,1-2-5

  "N'est-il pas vrai que le calice de bénédictions, que nous bénissons, est la commonion du sang de Jésus-Christ ?" Langage tout à fait conforme à la foi, et en même temps terrible, car voici ce qu'il veut dire : ce qui est dans le calice, c'est précisément ce qui a coulé de son côté, et c'est à celà que nous participons.

  Les Mages ont adoré ce corps étendu dans la crèche. Ce n'est plus dans une crèche que tu le vois mais sur l'autel.

           Jean Chrysostome  -  Homélie 50 sur Mattheu, 3

  Croyez que c'est encore maintenant ce même repas auquel il présidait. Aucune différence entre celui-ci et celui-là

             Jean Chrysostome  -  Homélie 45 sur Jeann 1,3

  Voilà ce que le Christ a fait, lui aussi, nous entraînant vers un grand amour, nous montrant la passon qu'il a pour nous. Il n'a pas seulement donné de le voir à ceux qui le désirent, mais de le toucher, de le manger, d'enfoncer dans sa chair leurs dents, de s'enlacer à lui et ainsi d'assouvir leur désir.

             Jean Chrysostome  -  Homélie 24 sur 1 Go,4

  C'est ce corps qui fut ensanglanré, fappé par la lance, d'ou ont jailli les sources salutaires, celle du sang et de l'eau, pour toute la terre. Le Christ s'est élancé des abîmes dans une lumière éclatante et, laissant là ses rayons, il est monté non pas jusqu'au ciel mais jusqu'au trône céleste. C'est là en effet qu'il s'est avancé. C'est ce corps qu'il nous a donné à tenir et à manger.


                          La Transsubstantiation

   

"Par la consécration du pain et du vin s'opère le changement de toute la substance du pain en la substance du corps du Christ notre Seigneur, et de toute la substance du vin en la substance de son sang ; ce changement, l'Eglise catholique l'a justement et exactement appelé transsubstantiation"

(Concile de Trente, cité dans l'encyclique de Jean-Paul II Ecclesia de Eucharistia,2003, chap.1,15)

          Athanase d'Alexandrie  -  Homélie aux nouveaux baptisés.

  Venons à la célébration des mystères. Ce pain et ce calice. tant que les prières et les invocations n'ont pas eu lieu, ce sont simplement du pain et du vin ; mais, lorsque les grandes prières et les saintes invocations ont été faites, le Verbe descend dans le pain et le calice, et c'est le corps du Verbe.

          Jean Chrysostome  -  Homélie 1 Sur la trahison de Judas,6

  Le prètre dit : "Ceci est mon corps", et ces mots changent la nature des offrandes.

          Augustin d'Hippone  -  Explication de la messe aux néophytes,3

  Suivent les prières, qui composent la prière sacrée que vous allez entendre, en sorte que la parole produit le corps et le sang du Christ. Sans cette parole, nous avons du pain, du vin. Ajoute la parole, et dejà ils sont autres. Que sont-ils devenus ? Le corps du Christ, le sang du Christ. Retire la parole, c'est du pain, du vin. Ajoute la parole, et voilà le sacrement.

  Tu veux être convaincu que l'on consacre au moyen de paroles célestes ? Voici quelles sont ces paroles :"Accorde-nous, dit le prêtre, que cette offrande soit approuvée, spirituelle, agréable, parce qu'elle est la figure du corps et du sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui la veille de sa passion, prit du pain dans ses mains saintes, leva les yeux au ciel, vers toi, Père saint, Dieu tout-puissant et éternel, le bénit en redant grâces, le rompit et le donna rompu à ses apôtres et à ses disciples en disant : "prenez et mangez tous de ceci, car ceci est mon corps qui sera rompu pour vous."

  Faites attention. "De la même manière, il prit aussi le calice après la cène, la veille de sa passion, leva les yeux au ciel, vers toi, Père saint, Dieu tout-puissant et éternel, le bénit en rendant grâces et le donna à ses apôtres et à ses disciples en disant : "Prenez et buvez tous de ceci, car ceci est mon sang."

  Remarque que ce sont toutes des paroles de l'évangéliste jusqu'à "Prenez le corps ou le sang" ; mais à partir de là, ce sont des paroles du Christ : "Prenez et buvez tous de ceci, car ceci est mon sang."

  Et remarque chaque détail. La veille de sa passion, il prit du pain dans ses mains saintes. Avant qu'on consacre c'est du pain. Mais dès que surviennent les paroles du Christ, c'est le corps du Christ. Ecoute-le dire alors : "Prenez et mangez tous ceci, car ceci est mon corps." Et avant les paroles du Christ, le calice est rempli de vin et d'eau. Mais dès que les paroles de Christ ont agi, cela devient le sang qui a racheté le peuple. Voyez donc de quelles manières la parole du Christ est capable de transformer tout. Puis le Seigneur Jésus lui-même nous affirme que nous recevons son corps et son sang. Est-ce que nous devons douter de l'autorité de son témoignage ?

           Augustin d'Hippone  -  Sermon 227,1

  Le pain sur l'autel, sanctifié par la Parole de Dieu, est le Corps du Christ ; la coupe sur l'autel, sanctifiée par la Parole de Dieu, est le Sang du Christ.

          Ambroise de Milan  -  Des Sacrements,4,15-16

  C'est donc la parole du Christ qui produit ce sacrement. Quelle parole du Christ ? Eh bien, c'est celle par laquelle tout a été fait. Le Seigneur a ordonné, le ciel a été fait. Le Seigneur a ordonné. la terre a été faite. Le Seigneur a ordonné, les mers ont été faites. Le Seigneur a ordonné, toutes les créatures ont été engendrées. Tu vois comme elle est efficace la parole du Christ. Si donc il y a dans la parole du Seigneur Jésus une si grande force que ce qui n'était pas commençait à étre, combien est-elle plus efficace pour faire que ce qui était existe et soit changé en autre chose. Il a dit et ce fut fait.

          Augustin d'Hippone  -  Sermon 272,1-2. Pour le jour de la Pentecôte.

  Ainsi, de même que sur un ordre de Dieu on vit soudain surgir du néant les hauteurs des cieux, les abimes de la mer et l'étendue des terres, de même dans les paroles spirituelles du sacrement, la puissance divine montre une force pareille et la réalité lui obéit.

          Jean Chrysostome  -  Homélie 1 Sur la trahison de Judas,6

  Ainsi cette parole du Sauveur une fois prononcée a suffi et suffira pour opérer sur la table de toutes les églises, depuis la dernière Pâque de Jésus-Christ jusqu'à nos jours et jusqu'à son avènement, l'accomplissement du plus parfait des sacrifices.

        Augustin d'Hippone  -  Sermon Guelf.7.1

  Vient la sanctification et ce pain sera le Corps du Christ et ce vin sera le Sang du Christ. C'est le Nom du Christ qui fait cela, C'est la grâce du Christ qui fait cela.

          Jean Chrysostome  -  Homélie 45 sur Jean,2

  Le pain devient le pain du ciel, parce que l'Esprit vient reposer sur lui.

       Jean Chrysostome  -  Homélie 3 sur le cimetière et la croix

  Lorsque le prètre se tient debout devant la table tendant les mains vers le ciel, demandant à l'Esprit Saint de venir et de toucher les offrandes, il se fait un grand calme, il se fait un grand silence.

      Jean Damascène  -  La foi orthodoxe 4,13

  Si tu recherches comment cela se produit, qu'il te suffise d'apprendre que c'est par l'Esprit Saint, de même qu'à partir de la saint Mère de Dieu, le Seigneur s'est formé une chair par l'Esprit Saint. Et nous ne savons rien de plus, sauf à savoir que la Parole de Dieu est véridique, efficace et toute puissante, cependant que la façon est impossible à découvrir.

  Le moins mal est de dire ceci : de même que naturellement par le manger, le pain, par le boire, le vin et l'eau, sont changés en corps et sang de celui qui mange et boit, sans devenir un autre corps par rapport à son premier corps, de même le pain, le vin et l'eau de l'offrande, grâce à l'invocation et à l'intervention du Saint Esprit, sont surnaturellement transformé en corps et sang du Christ ; et ils ne sont pas deux, mais un seul et le même.

           Ambroise de Milan  -  Des Mystères, 53-54

  Si nous cherchons l'ordre de la nature, la femme a l'habitude d'enfanter après des relations avec un homme. Il est donc évident que la Vierge a enfanté hors du cours de la nature. Eh bien, ce que nous produisons, c'est le corps né de la Vierge. Pourquoi chercher ici l'ordre de la nature dans le corps du Christ, alors que le Seigneur Jésus lui-même a été enfanté par une Vierge en dehors du cours de la nature ? C'est la vraie chair du Christ qui a été crucifié, qui a été ensevelie. C'est donc vraiment le sacrement de sa chair.


Conséquence : Le corps du Christ est indivisible

        Ephrem de Nisibe  -  Minré 4 sur la Passion

  La plus petite de ses parcelles peut sanctifier des milliers d'âmes et suffit pour donner la vie à ceux qui la reçoivent.

        Fauste de Riez  -  Homélie sur le corps et le sang du Christ, 4-5

  C'est que la perception de l'eucharistie n'est pas affaire de quantité mais de vertu sacramentelle ; le corps du Christ distribué par le prêtre est aussi présent dans une petite parcelle qu'on le voit être dans la totalité des espèces.

  Lorsque l'assemblée des fidèles le reçoit, de même qu'il se trouve avec sa plènitude dans toute l'assemblée, de même il est prouvé qu'il se trouve en entier dans chacun.

  C'est de ce sentiment que dérive la parole de l'Apôtre : "Celui qui avait beaucoup recueilli n'eut rien de trop, et celui qui avait peu recueilli ne manqua de rien". Cela ne pourrait êtreadmis en parlant du pain ordinaire. Servons-le à des affamés : il ne saurait parvenir en entier à chacun, chacun n'en recevra pour sa part que des miettes et des fragments.

  Mais quand on prend de ce vrai pain, chacun n'en a pas moins que tous pris ensemble ; un seul l'a tout entier, deux, plusieurs le reçoivent en entier sans diminution, car la bénédiction de ce sacrement peut être distribuée, mais ne peut s'épuiser dans la distribution.

           Augustin d'Hippone  -  Sermon Mai 12,1

  Lorsque nous mangeons, nous n'en faisons point des parcelles. Tel est ce mystère, et les fidèles savent comment se consomme la chair du Christ : chacun en reçoit une parcelle et ces parcelles ont le nom de la Grâce même.

  Le Christ est mangé par fragments, mais il demeure un et entier. Il est mangé par fragments dans l'Eucharistie, et il demeure un et entier dans le ciel, il demeure un et entier dans ton coeur. Il était entier auprès du Père, lorsqu'il vint en une vierge : il emplit celle-ci, sans quitter celui-là. Il s'incarnait afin que les hommes le mangent ; et il demeurait entier auprès du Père pour nourrir les anges.

             Cyrille de Jérusalem  -  4° catéchèse mystagorique,3

  C'est donc en toute certitude que, sous l'apparence du corps et du sang, nous participons au Christ. Voilà comment, selon le bienheureux Pierre, nous devenons "Participants de la nature divine"


18 décembre 2008

9 - Nourriture de Vie éternelle

L'Eucharistie chez les Pères de l'Eglise

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                       * * *

                Ephrem de Nisibe - Mimré 4 Sur la Passion

  Notre Seigneur donna à ses disciples son dernier enseignement de vie ce soir ou il leur distribua son corps et leur fit boire son sang.

  Ce fut un soir parfait que celui ou le Christ accomplit la vraie pâque. Ce fut le soir des soirs, celui ou le Christ mit le sceau à sa doctrine, le soir ou l'obscurité passa, ou les ténèbres devinrent lumière, ou la quatorzième lune devint le jour du soleil nouveau. Le Seigneur avait ordonné que, chaque année, le quatorze nisan la synagogue immolât l'agneau et préparât les azymes ; il donna pour loi à son Eglise de faire, le soir même de cette pâque, mémoire de l'Agneau, fils de notre Dieu qui, avant de s'immoler pour nous, nous a donné son corps et son sang.

  Ô soir à jamais célèbre, durant lesquels les mystères ont été expliqués, l'ancienne alliance scellée et l'Eglise des nations enrichie ! Béni soit le soir, béni soit le temps durant lequel la Cène a été consacrée ! Bénie soit la table qui est devenue un autel pour les apôtres ! Durant la Cène, notre Seigneur produisit une nourriture spirituelle, et mêla à cette nourriture une boisson céleste.


          La véritable nourriture : le Christ

                            * * *      

             Gaudence de Brescia - Homélie pascale    

  Le sacrifice céleste institué par le Christ est vraiment l'héritage légué par son testament nouveau il nous l'a laissé la nuit ou il allait être livré pour être crucifié, comme un gage de sa présence.

  Il est le viatique de notre voyage, notre nourriture sur le chemin de la vie, jusqu'à ce que nous soyons parvenus à celle-ci, en quitant ce monde. C'est pourquoi le Seigneur disait : "Si vous ne mangez pas ma chair et ne buvez pas mon sang, vous n'aurez pas la vie en vous"

     Pierre Chrysologue - Sermon 96-Le repas de Jésus chez les pharisien

  Il priait le Seigneur de manger à sa table. Tu le pries, pharisien, de manger avec toi. Crois, deviens chrétien, afin de te nourrir de lui : "Je suis le pain qui descend du ciel". Dieu accorde toujours plus qu'on ne lui demande. Il s'est offert en nourriture quand on ne le priait que de venir à table.

  Celui qui s'est offert en nourriture, que pourra-t-il te refuser de sa personne dans l'éternité ? Celui qui t'a préparé de telles provisions pour ton voyage, que ne t'a-t-il préparé dans sa demeure éternelle ? "Vous mangerez à ma table, en mon royaume". Tu connais le banquet de Dieu, ne te fais nul souci du menu. Celui qui est digne d'approcher la table d'un roi, goûtera de tous les mets que peut détenir le maître d'un puissant royaume ; et celui qui s'assied à la table du créateur, jouira de tous les délices contenus en la création.

       Jean Chrysostome - Homélie 46 sur Saint Jean

  Souvent les parents confient à des nourrices leurs enfants ; moi, au contraire, je les nourris de ma chair, je me donne moi-même à manger. Je veux tous vous ennoblir et vous donne à tous l'espérance des biens à venir. Celui qui s'est livré pour vous dans ce monde vous fera dans l'autre beaucoup plus de bien encore.

  J'ai voulu être votre frère pour l'amour de vous ; j'ai pris votre chair et votre sang, afin que l'un et l'autre fussent communs entre nous ; Je vous rends cette chair et ce sang, par lesquels je suis devenu de même nature que vous.

       Jean Chrysostome  -  Sermon aux néophytes, 3

  Voyez donc combien le Christ est uni à son épouse. Voyez avec quelle nourriture il nous rassasie. Il est lui-même notre nourriture et notre festin. Comme une femme nourrit son enfant de son lait maternel, en quelque sorte avec son propre sang, ainsi le Christ nourrit sans cesse ceux à qui il a donné la vie de la nouvelle naissance, au prix de son propre sang.

    Jean Chrysostome - Homélie 82 sur Matthieu,5

  Quel est le pasteur qui ait jamais donné son sang pour la nourriture de ses brebis ? Mais que dis-je un pasteur ? Ne voyons-nous pas plusieurs mères qui ont si peu de tendresse pour leurs enfants, qu'après les avoir mis au monde, elles ne leur donnent pas même de leur lait, les mettant entre les mains d'autres femmes qui les nourrissent ? Mais Jésus-Christ ne peut souffrir que ses enfants reçoivent leur nourriture d'autres que de lui. Il nous nourrit lui-même de son propre sang, et en toutes façons nous incorpore avec lui.

  Ne demeurons donc pas dans l'insensibilité après avoir reçu des marques d'un si grand honneur et d'un si prodigieux amour. Vous voyez avec quelle impétuosité les petits enfants se jettent au sein de leurs nourrices, et avec quelle avidité ils sucent le lait de leurs mamelles. Imitons-les, mes frères, en nous approchant avec joie de cette table sacrée, et suçant, pour le dire ainsi, le lait spirituel de ces mamelles divines : mais courons-y avec encore plus d'ardeur et d'empressement, pour attirer dans nos coeurs, comme des enfants de Dieu, la grâce de son Esprit-Saint, et que la plus sensible de nos douleurs soit d'être privés de cette nourriture céleste.

    Saint Pierre Chrysologue  -  Sermon sur le Notre Père

  Le Christ est le pain semé dans le sein de la Vierge Marie, levé dans la chair, formé dans sa Passion, cuit dans le four du tombeau, conservé dans les églises et distribué chaque jour aux fidèles comme une nourriture céleste placée sur les autels

  Toutes les Eucharisties, ne sont qu'une seule et même Eucharistie, avant, maintenant, demain.


       L'amour se donne en nourriture

                            * * *      

       Jean Chrysostome  -  Homélie 46 sur St Jean, 3

  Voilà ce que Jésus-Christ a fait pour nous. Il nous a donné sa chair à manger pour nous engager à avoir pour lui un plus grand amour, et nous montrer celui qu'il a pour nous ; il ne s'est pas seulement fait voir à ceux qui ont désiré le contempler, mais encore il s'est donné à toucher, à manger, à broyer avec les dents, à absorber de manière à contenter le plus ardent amour.

       Augustin d'Hippone  -  Traité 27 sur St Jean,1

  En ce jour, nous célébrons la fête du corps du Seigneur, de ce corps qu'il nous a donné, disait-il aux Juifs, pour nous tansmettre la vie éternelle. Il a expliqué la manière dont il nous communique ce bienfait que nous recevons de lui ; il nous a dit comment il donne sa chair à manger. Voici ses paroles :"Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang; demeure en moi, et je demeure en lui". Tel est le signe auquel nous reconnaissons que nous avons pris cet aliment et bu ce breuvage c'est que nous demeurons en Jésus-Christ, et qu'il demeure en nous ; c'est que nous habitons en lui, et qu'il habite en nous ; c'est que nous nous attachons à lui pour ne pas le quitter.


        La Vie se donne en nourriture

                         * * *         

          Augustin d'Hippone  -  Sermon Mai 12,1

  En quels termes avez-vous entendu le Seigneur nous inviter ? Qui invite ? Qui est invité ? Quelle fête se prépare ? Un maître invite ses serviteurs, et leur sert son propre corps en nourriture. Qui oserait manger son maître ? Et pourtant il a bien dit : "Celui qui me mange vivra par moi".

  Manger le Christ, c'est manger la Vie. Il n'est point mis à mort pour être mangé, mais il rend la vie aux morts. Quand il est mangé, il donne des forces, sans en perdre lui-même. N'hésitons pas, mes frères, à manger de ce pain : il  n'y a pas de danger que nous l'achevions jamais et qu'après l'avoir consommé, nous n'en trouvions plus. Mangeons le Christ. Mangé, il vit ; mis à mort, il ressuscite.

Cyrille d'Alexandrie  -  Commentaire de St Jean, 4,2

  "Je suis le pain vivant descendu du ciel". Cette manne, dit-il, n'était que figure, ombre, image. Ecoutez maintenant ce qui est net sans obscurité. "Je suis le pain vivant ; qui mange de ce pain vivra à jamais." Ceux qui ont mangé la manne sont morts : elle n'était pas source de vie. Celui qui mange ce pain, c'est-à-dire moi-même ou ma chair, vivra à jamais. Ainsi donc, pour la vie de tous, le Christ a donné son propre corps : par lui il rétablit la vie en nous. De quelle manière, je vais le dire autant que je puis.

  Lorsque le Verbe vivifiant de Dieu est venu habiter la chair, il l'a transformée pour qu'elle possède son bien propre, c'est-à-dire la vie. Et s'étant entièrement associé à elle dans une union ineffable, il l'a rendue vivifiante comme il l'est lui-même naturellement. Voilà pourquoi le corps du Christ donne la vie à ceux qui le reçoivent : il chasse la mort quand il entre chez ceux qui meurent, il les soustrait à la corruption puisqu'il porte en lui-même le principe qui supprime la corruption.

  Le Christ est vie par nature, en tant qu'engendré par le Père vivant : mais son corps sacré n'est pas moins lui aussi source de vie, étant associé en quelque sorte et ineffablement uni au Verbe d'où tout être tient la vie. Et puisque la chair du Christ est vivifiante entant qu'unie à la vie par nature, c'est-à-dire au Verbe de Dieu, lorsque nous en goûtons nous recevons la vie en nous, étant unis à elle comme elle l'est au Verbe qui l'habite.

  Quand donc il a ressucsité la fille du chef de la synagogue en lui disant : "Fillette, lève-toi", il lui a pris la main. En lui rendant la vie comme Dieu par son ordre tout-puissant, et en la lui rendant aussi par le contact de sa chair divine, il montre que les deux agissent à la fois dans une seule et même opération.

  D'autre part, quand il faisait route vers la ville de Naïm d'où l'on emportait un mort, fils unique d'une veuve, de nouveau, il toucha la bière en disant : "Jeune homme, je te l'ordonne, lève-toi". Ce n'est donc pas à sa seule parole qu'il donne d'opérer la résurrection des morts. Pour montrer que son corps donne la vie, comme nous l'avons dit, il touche les cadavres et donne par lui la vie aux corps déjà décomposés.

  Si le seul contact de sa chair sacrée rend la vie à la pourriture, quel profit ne trouverons-nous pas à sa vivifiante eucharistie quand nous la recevrons ? Elle nous transformera complètement quand nous y aurons pris part pour nous assurer le bien qui est propre, c'est-à-dire l'immortalité.

  "Le Verbe s'est fait chair'. L'évangéliste a dit sans hésiter, non pas : "a pris chair", mais "s'est fait chair", afin de bien montrer leur union. Donc, qui mange la chair sacrée du Christ a la vie éternelle puisque cette chair renferme le Verbe qui est vie par nature. C'est pourquoi il dit : "Moi je le ressusciterai au dernier jour."

  Le Verbe n'est pas venu habiter la chair il s'est fait chair . Le Christ n'a pas reçu la vie il est vie.

Cyrille d'Alexandrie  - Commentaire sur Jean,4,3

  Comme on dit que la lumière jaillit de la lumière, ainsi la vie jaillit de la vie, et de même que Dieu le Pére éclaire de sa lumière, c'est-à-dire de son fils, ce qui a besoin d'être éclairé, assagit de la sagesse ce qui peut être assagi, fortifie de sa force ce qui demande à être fortifié, de même, il vivifie tout ce qui attend la vie de lui, de sa vie propre ce qui émane de lui-même, c'est-à-dire de son fils.

  Lors donc que celui-ci dit : "Je vis par le Père", n'y voyez pas l'aveu qu'il vivait pour avoir reçu la vie du Père, mais c'est pour avoir été engendré par le Père vivant qu'il s'est déclaré lui aussi vivant.

Ambroise de Milan  -  Sermon sur le Ps 118,18,28

  De ce pain, il est dit : "tous ceux qui s'éloignent de toi, périront" (Ps 72,27). Si tu t'éloignes de lui, tu périras. Si tu t'en approches, tu vivras, il est le pain de vie. Celui donc qui mange la vie, ne peut pas mourrir. Comment, en effet, pourrait-il mourrir celui pour qui la nourriture est vie ? Comment pourrait-il défaillir celui qui a une substance vitale ? Allez à lui et rassasiez-vous, car il est le pain. Allez à lui et buvez car il est la source. Allez à lui et vous illuminez car il est la lumière. Quel est-il celui-là, demandez-vous ? Ecoutez-le lui-même vous dire : "Je suis le pain de vie, qui vient à moi n'aura pas fain et qui croit en moi n'aura jamais soif" (Jn 6,35)


     La Résurrection des corps

                      * * *            

   Irénée de Lyon  -  Contre les hérésies,IV,18

  Le pain qui vient de la terre, après avoir reçu l'invocation du Seigneur, n'est plus du pain ordinaire, mais l'Eucharistie, constituée de deux choses : l'une terrestre et l'autre céleste. De la même manière, nos corps qui participent aussi à l'Eucharistie, ne sont plus corruptibles, mais portent l'espérance de la résurrection.

La Résurrection des corps est la conséquence de l'incarnation !

  Théodore de Mopsueste  -  Homélie catéchétique  15,8-9

  Voilà pourquoi il nous transmit aussi le pain et le calice : parce que c'est par la nourriture et la boisson que nous durons en cette vie d'ici-bas. Mais il appela le pain "corps" et le calice "sang", parce que la passion atteignit le corps, le broya et fit se répandre le sang. De ces deux réalités par lesquelles fût acomplie la passion, il fait la figure de la nourriture et de la boisson, pour manifester la vie perdurable en l'immortalité et c'est en attendant de la recevoir que nous participons à ce sacrement, par lequel nous croyons avoir une espérance ferme de ces biens à venir.

    Irénée de Lyon  -  Contre les hérésies,V,3

  Et de même que le bois de la vigne, après avoir été couché dans la terre, porte du fruit en son temps, et que "le grain de froment, après être tombé en terre" et s'y être dissous, resurgit multiplié par l'Esprit de Dieu qui soutient toutes choses  -  ensuite, moyennant le savoir-faire, ils viennent en l'usage des hommes, puis, en recevant la parole de Dieu, ils deviennent l'Eucharistie, c'est-à-dire le corps et le sang du Christ  -  de même nos corps qui sont nourris par cette Eucharistie, après avoir été couchés dans la terre et s'y être dissous, ressusciteront en leur temps, lorsque le Verbe de Dieu les gratifiera de la résurrection "pour la gloire de Dieu le Père" : car il procurera l'immortalité à ce qui est mortel et gratifiera d'incorruptibilité ce qui est corruptible, parce que la puissance de Dieu se déploie dans la faiblesse.

      


"...Afin que vous deveniez participants de la nature divine"

                              * * *      

          Ambroise de Milan  -  Des Sacrements,6

  "Je suis, dit-il, le pain vivant qui suis descendu du ciel." Cependant la chair n'est pas descendue du ciel, c'est-à-dire qu'il a pris chair d'une vierge sur terre. Comment donc le pain est-il descendu du ciel, et le pain vivant ? Parce que Notre Seigneur Jésus Christ participe à la fois à la divinité et au corps, et que toi qui reçois son corps, tu participes à sa nature divine par cet aliment.

        Hilaire de Poitiers  -  Traité sur la Trinité

  Parce que véritablement "le Verbe s'est fait chair", c'est véritablement aussi que nous mangeons le Verbe incarné en communiant au banquet du Seigneur.

  "De même que le Père, qui est la vie, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui mangera ma chair vivra par moi." Donc, il vit par le Père ; et de la manière dont il vit par le Père, nous-mêmes vivons par sa chair. Tout ce parallèle est à la base de notre intelligence du mystère ; il nous fait comprendre, par le modèle proposé, ce qui se passe. Donc, ce qui nous donne la vie, c'est que, dans les êtres charnels que nous sommes, le Christ demeure en nous par sa chair ; et il nous fera vivre en vertu du principe qui le fait vivre par le Père.

         Jean Chrysostome  -  Homélie 46 sur Jn,1

  "Et je le ressusciterai au dernier jour". Dans ces paroles la dignité du Fils éclate merveilleusement. Le Père attire, et le Fils ressuscite. L'Ecriture ne divise point les oeuvres du Père et du Fils

       Ephrem de Nisibe  -  Mimré 4 sur la Passion

  Recevez, mangez avec foi, sans hésiter, car c'est mon corps, et celui qui le mange avec foi, mange avec lui le feu de l'Esprit divin.

  Prenez-en et mangez-en tous et par lui mangez l'Esprit-Saint ; car c'est véritablement mon corps, et celui qui le mange vit éternellement.

    Théodore de Mopsueste  -  Homélie catéchétique 15,3-4

  Puisqu'à présent, par le moyen du baptème, c'est dans l'espérance de cette naissance attendue que nous naissons en une sorte de figure, il noys faut nécessairement une nourriture qui convienne à cette vie d'ici-bas, qui, comme en figure, nous nourrisse de la grâce de l'Esprit Saint.

  Aussi le bienheureux Paul dit-il : "Chaque fois que vous mangez ce pain et duvez, ce calice, c'est la mort de notre Seigneur que vous commémorez, jusqu'à ce qu'il vienne". Il montre que notre Seigneur, en venant du ciel, fera paraître ce genre de vie à venir et fera notre résurrection à tous. Puisque dès lors nous serons immortels en notre corps et immuables en notre âme, nécessairement cessera l'usage des symboles et des figures : puisque, étant dans les réalités mêmes, nous n'aurons plus dès lors besoin de signes qui fassent surgir le souvenir de ce qui va avoir lieu.

  De même, en effet, que dans ce monde-ci deux choses nous font avoir l'être, la naissance et le nourriture  -  par la naissance en effet nous prenons l'être, tandis qu'en nous nourrissant nous obtenons de durer dans notre être  -  de même est aussi le monde à venir : Quand nous y serons nés par la résurrection, nous prendrons l'être, mais étant immortels nous durerons dans notre être.

        souvenir de ce qui va avoir lieu.

                                     * * * 

17 décembre 2008

10 - L'Eglise, mystère de communion

L'Eucharistie chez les Pères de l'Eglise 

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                            St Augustin   

                             +    +     +

                      Didachè,9

  Comme ce pain rompu, autrefois disséminé sur les montagnes, a été recueilli pour n'en faire plus qu'un, rassemble ainsi ton Eglise des extrémités de la terre dans ton royaume.

              l'Eglise fait l'eucharistie, l'eucharistie fait l'Eglise 

                                                            H. de Lubac                                                      

     Gaudence de Brescia - Homélie pascale

  Ensuite, il faut que le pain soit fait avec la farine de nombreux grains de froment, mêlée à de l'eau, et reçoive du feu son achèvement. on y trouve donc une image ressemblante du corps du Christ, car nous savons qu'il forme un seul corps avec la multitude des hommes, qui a reçu son achèvement du feu de l'Esprit Saint.

    ( Le pain image de l'Eglise rassemblée     -  Feu de la Pentecôte :  naissance de l'Eglise )

   De même, le vin de son sang est tiré de plusieurs grappes, c'est-à-dire de raisins de la vigne plantée par lui, écrasés sous le pressoir de la croix versé dans le coeur des fidèles au moyen de grandes coupes, il y bouillonne par sa propre vertu.

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              Pressoir_mystique_Vitrail_1600_1625

   Le Pressoir mystique, Vitrail. 1600-1625. Saint-Etienne-du-Mont. Paris

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       Augustin d'hippone  -  Sermon 227

  Ce pain sacré nous apprend donc combien nous devons aimer l'union. En effet, est-il formé d'un seul grain ? N'est-il pas au contraire composé de plusieurs grains de froment ? Ces grains, avant d'être transformés en pain, étaient séparés les uns des autres ; l'eau a servi à les unir après qu'ils ont été broyés. Car si le froment n'est moulu, et si la farine ne s'imbibe d'eau, jamais on n'en fait du pain.

  C'est ainsi que durant ces jours passés vous étiez en quelque sorte écrasés sous le poids des humiliations du jeûne et des pratiques mystérieuses de l'exorcisme. L'eau du baptême est venue comme vous pénétrer ensuite, afin de faire de vous une espèce de pâte spirituelle.

  Mais il n'y a pas de pain sans la chaleur du feu. De quoi le feu est-il ici le symbole ? Du saint chrême : car l'huile qui entretient le feu parmi nous est la figure de l'Esprit-Saint. Soyez attentifs à la lecture des Actes des Apôtres. Remarquez donc et reconnaissez que le Saint-Esprit descendra le jour de la Pentecôte. Comment viendra-t-il ? Comme un feu, puisqu'il s'est montré sous la forme de langues de feu. C'est lui en effet qui nous inspire la charité afin de nous enflammer d'ardeur envers Dieu et de nous pénétrer de mépris pour le monde, afin encore de consumer en nous ce qui est comme la paille et de purifier notre coeur comme on purifie l'or. Ainsi donc le Saint-Esprit viendra comme le feu après l'eau, et vous deviendrez un pain sacré, le corps de Jésus-Christ. N'est-il pas vrai alors que le sacrement de la table sainte nous rappel l'unité ?

  Augustin d'Hippone  -  Sermon 272 - Pour Pentecôte

  Veux-tu savoir ce qu'est le corps de Christ ? Ecoute l'Apôtre, voici ce qu'il écrit aux fidèles : "Or vous êtes le corps du Christ et ses membres". Mais si vous êtes le corps et les membres du Christ, n'est-ce pas votre emblème qui est placé sur la table sacrée, votre emblème que vous recevez. à votre emblème que vous répondez "Amen", réponse qui témoigne de votre adhésion ? On te dit : Voici le corps du Christ "Amen", réponds-tu, pour rendre vraie ta réponse, sois membre de ce corps

  Pourquoi sous l'apparence du pain ? Ne disons rien de nous-mêmes, écoutons encore l'Apôtre. Voici comment il s'exprimait en parlant de ce sacrement : "Quoiqu'en grand nombre, nous sommes un seul pain, un seul corps". Comprenez et soyez heureux. O unité ! ô vérité ! ô piété ! ô charité ! "Un seul pain" ! Quel est ce pain ? "Un seul corps" !

  Rappelez-vous qu'un même pain ne se forme pas d'un seul grain, mais de plusieurs. Au moment des exorcismes, vous étiez en queque sorte sous la meule ; au moment du baptème, vous deveniez comme une pâte ; et on vous a fait cuire en quelque sorte quand vous avez reçu le feu de l'Esprit-Saint. Soyez ce que vous voyez, et recevez ce que vous êtes. Voilà ce qu'enseigne l'Apôtre sur ce pain sacré. Pour former cette apparence sensible de pain, on unit avec l'eau la farine de plusieurs grains, symbole de ce que dit l'Ecriture des premiers fidèles, lesquels "n'avaient qu'une âme et qu'un coeur envers Dieu".

  Ainsi en est-il du vin. Rappelez-vous, mes frères, comment il se fait. Voilà bien des graines suspendues à la grappe ; bientôt elles ne formeront qu'une même liqueur.

  Tel est donc le modèle que nous a donné le Christ Notre Seigneur. C'est ainsi qu'il a voulu nous unir à sa personne et que sur sa table il a consacré le mystère de la paix et de l'unité que nous devons former. Recevoir ce mystère d'unité sans tenir au lien de la paix, ce n'est pas recevoir un mystère qui profite, c'est recevoir un sacrement qui condanne. 

   Augustin d'Hippone  -  Explicayion de la messe aux néophytes 1-2

  Ce que vous voyez, frères biens-aimés, sur la table du Seigneur, c'est du pain et du vin. Mais ce pain, ce vin, par le Verbe devient le corps, le sang du Verbe. Le Seigneur, "au commencement, était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu". Dieu par miséricorde n'a point méprisé ce qu'il a créé à son image, "et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous", comme vous le savez. Car le Verbe lui même a assumé la nature humaine, c'est-à-dire l'âme et la chair de l'homme, il s'est fait homme, tout en demeurant Dieu. Voilà pourquoi celui qui a souffert pour nous, nous a légué dans ce sacrement son corps et son sang, que nous sommes devenus nous-mêmes. Car nous sommes devenus son corps, et par sa miséricorde nous sommes ce que nous recevons. 

  Souvenez-vous que cette matière s'est trouvée d'abord dans un champ. La terre l'a enfantée, la pluie l'a nourrie, elle est devenue une tige ; ensuite le travail de l'homme l'a engrangée, l'a triturée, ventilée, transformée, transportée, moulue, humectée, cuite, jusqu'à en faire du pain.

  Souvenez-vous-en aussi : alors que vous n'existiez pas, vous avez été crées, vous avez été conduits jusqu'à l'aire du Seigneur, vous avez été triturés par le travail des boeufs, c'est-à-dire par ceux qui vous ont annoncé l'évangile. Une fois catéchumènes, vous étiez engrangés : vous avez donné vos noms. Vous avez commencé à être moulu par les jeûnes, les exorcismes. Après, vous êtes venus à la fontaine, vous avez été baptisés, vous êtes devenus un seul corps. Vous avez été cuits par le feu de l'Esprit-Saint et vous êtes devenus le pain du Seigneur.

  Voilà ce que vous avez reçu. Vous voyez ce que vous êtes devenus : un corps. Soyez-le en réalité vous aussi, en vous aimant, en gardant une même foi, une même espérance, une charité indivise.

  De même, le vin formé de nombreuses grappes, ne fait plus qu'un. Il est un dans la suavité de la coupe, mais après le pressurage du vigneron. Vous aussi après les jeûnes, les efforts, après l'humiliation et la contrition au nom du Christ, vous avez abouti dans la coupe du Seigneur. Vous êtes sur la table, vous êtes dans la coupe. Avec nous, vous êtes ce mystère, ensemble nous le recevons, ensemble nous le duvons, car ensemble nous le vivons.

       Cyprien de Carthage  -  Lettre 63,13

  De même que des grains multiples réunis, moulus et mêlés ensemble, font un seul pain, ainsi dans le Christ qui est le pain du ciel, il n'y a, sachons-le bien, qu'un seul corps, avec lequel notre pluralité est unie et confondue.

Cyrille d'Alexendrie  -  Commentaire sur St Jean, IV,2

  "Le royaume des cieux est semblable à du levain qu'une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine jusqu'à ce que le tout ait levé". Ne parlons pour l'instant que du levain. De même que selon saint Paul "un peu de levain fait lever toute la pâte", de même la plus petite parcelle de l'Eucharistie se mêle à tout notre corps et le remplit de sa force propre : c'est ainsi que le Christ est en nous et que nous sommes en lui car on peut dire en toute vérité que le levain est dans toute la pâte et la pâte dans tout le levain.

   Jean Chrysostome  -  Homélie 24 sur 1Co,2

  "Le pain que nous rompons n'est-il pas la communion du corps du Christ ? ". Pourquoi ne dit-il pas : la participation ? C'est pour exprimer quelque chose de plus, pour indiquer une intime union ; car il n'y a pas seulement participation, partage, il y a union. Il cherche une autre expression pour rendre une union encore plus intime ; c'est pourquoi il ajoute : "Car nous ne sommes tous ensemble qu'un seul pain et un seul corps"

    Jean Chrysostome  -  Homélie 46 sur St Jean,2-3

  Il a uni, confondu son corps avec le nôtre, afin que nous soyons tous comme un même corps, joint à un seul chef. En effet, c'est là le témoignage et la marque d'un ardent amour.

    Augustin d'Hippone  -  Traité 27 sur St Jean,6

  Pour que nous soyons ses menbres, nous nous unissons intimement à lui ; et ne faire plus qu'un avec lui, c'est l'effet de la charité seule. Et l'amour de Dieu, d'où nous vient-il ? interroge l'Apôtre, il te l'apprendra : "L'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné". Je vous parle ainsi, pour vous faire aimer l'union avec le Christ, pour vous faire craindre d'en être séparés.

    Ignace d'Antioche  -  Lettre aux Philadelphiens,4

  Ayez donc soin de ne participer qu'à une seule Eucharistie ; car il n'y a qu'une seule chair de notre Seigneur Jésus-Christ, et un seul calice pour nous unir en son sang, un seul autel, comme un seul évéque avec le presbyterium et les diacres, mes compagnons de service : ainsi, tout ce que vous ferez, vous le ferez selon Dieu.

"Appliquez-vous à conserver l'unité de l'Esprit par ce lien qu'est la paix. Il n'y a qu'un Corps et qu'un Esprit, comme il n'y a qu'une espérance au terme de l'appel que vous avez reçu ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptème ; un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous." (Ep 4,3-6)

  Augustin d'Hippone  -  Sermon 227

  "La paix soit avec vous", et les chrétiens se donnent alors un saint baiser. Ce baiser est un symbole de paix ; ce que témoignent les lèvres doit se passer dans le coeur. De même, donc que tes lèvres s'approchent des lèvres de ton frère, ainsi ton coeur ne doit pas s'éloigner du sien.

    Jean Chrysostome  -  Homélie  24 sur la 1 lettre aux Corinthiens,2

  "Nous participons tous à un même pain". Et bien, maintenant, si nous participons tous au même pain, et si tous nous devenons cette même substance, pourquoi ne montrons-nous pas la même charité ? Pourquoi, par la même raison, ne devenons-nous pas un même tout unique ? C'est ce que l'on voyait du temps de nos pères : "Toute la multitide de ceux qui croyaient, n'avaient qu'un coeur et qu'une âme".

  Il n'en est pas de même à présent ; c'est tout le contraire. Des guerres innombrables, et sous toutes formes, ne montrent que trop que nous sommes plus cruels que les bêtes féroces, pour ceux dont nous sommes les membres, et qui sont les nôtres. Et pourtant, ô homme, c'est le Christ qui est venu te chercher, toi qui étais si loin de lui, pour s'unir à toi ; et toi, tu ne veux pas t'unir à ton frère ? Tu n'y mets pas l'empressement que tu devrais montrer ; tu te sépares violemment de lui, après avoir obtenu du Seigneur une si grande preuve d'amour, et la vie !

       Augustin d'Hippone  -  Taité 26 sur St Jean, 13

  "Nous ne sommes tous qu'un seul pain et un seul corps". O profond mystère de piété ! ô signe d'unité ! ô lien de charité ! Celui qui veut vivre, sait où il jouira de la vie, où il la puisera. Qu'il s'approche et qu'il croie, qu'il s'incorpore au Christ, il y trouvera la vie ; qu'il ne lui répugne aucunement de s'unir à d'autres membres ; qu'il ne soit lui-même ni un membre pourri, que l'on doive retrancher du reste du corps, ni un membre difforme dont on puisse rougir : qu'il soit beau, bien proportionné, parfaitement sain ; qu'il ne fasse qu'un avec le corps du Christ ; que, puisant sa vie en Dieu, il vive pour Dieu ; qu'il travaille sur la terre, pour régner un jour dans le ciel.

       Jean Chrysostome  -  Homélie 50 sur Matthieu

  N'estimons pas suffisant pour l'accomplissement de notre salut, de présenter à la table sacrée un vase d'or enrichi de pierreries, après avoir dépouillé les veuves et les orphelins. Voulez-vous honorer ce sacrifice ? Offrez cette âme pour laquelle le Christ a été immolé. Faites-la d'or, cette âme. Vous voulez rendre honneur au corps du Sauveur ? Ne le dédaignez pas lorsque vous le voyez couvert de haillon. Après l'avoir honnoré dans l'église avec des ornements de soie, ne le laissez pas dehors souffrir de froid dans le dénuement. Tout en décorant la maison de Dieu, ne méprisez pas votre frère indigent. Le temple de ce frère est plus précieux que celui de Dieu.

      Jean Chrysostome  -  Homélie 27 sur 1 Co 11,17

  Si c'est pour l'Eucharistie que vous venez, ne posez donc aucun acte qui contredise l'Eucharistie, ne faites pas de peine à votre père, ne méprisez pas l'indigent, ne vous enivrez pas, n'insultez pas l'Eglise.

  Vous venez de rendre grâce pour les bienfaits reçus ; efforcez-vous de rendre la pareille, et ne vous séparez pas de votre prochain.

  Vous avez pris part à ce repas divin, et quand vous devriez être plus compatissants des hommes, vous touchez aux limites de la cruauté ! Vous avez bu le sang du Seigneur et vous méconnaissez encore votre frère ! L'eussiez-vous méconnu jusque là, vous devriez le reconnaître à cette table.

  Donnons au Christ la nourriture, le breuvage, le vêtement : voilà ce qui nous rendra dignes de cette table.

             Augustin d'Hippone  -  Sermon sur l'Eucharistie, aux néophytes, 3

  Si vous recevez dignement le mystère de l'Alliance nouvelle, qui vous donne l'espérance de l'éternel héritage, gardez le commandement nouveau, en vous aimant les uns les autres et vous avez la vie en vous.

           Augustin d'Hippone  -  Traité 26 sur St Jean, 14

  "Les Juifs disputaient donc entre eux et disaient : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ? " Ils disputaient entre eux, sans aucun doute, parce qu'ils ne comprenaient point que c'était un pain de paix et de concorde, et ne voulaient pas davantage s'en nourrir. Car ceux qui mangent ce pain ne se disputent pas entre eux ; la raison en est que " nous sommes tous un même pain et un même corps". Et, par ce pain,"Dieu unit les hommes et les fait habiter dans une même maison".

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L'Eucharistie
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