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L'Eucharistie
20 décembre 2008

7 - Le pain du ciel et l'eau du rocher

L'Eucharistie chez les Pères de l'Eglise

       0_damascene_isaac_benoit_1_

                           La manne

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                Le pain des anges - Ps 77,2

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      Ambroise de Milan - Homélie sur les Mystères

En vérité il est admirable que Dieu ait fait pleuvoir la manne pour nos pères et qu'ils aient été rassasiés chaque jour du pain du ciel. C'est pourquoi il est dit : "L'homme a mangé le pain des anges."

Pourtant ceux qui ont mangé ce pain au désert sont tous morts. Cette nourriture, au contraire, que tu reçois, ce pain vivant qui est descendu du ciel, fournit le soutien de la vie éternelle, et quiconque le mange ne mourra jamais . C'est le corps du Christ.

Examine maintenant ce qui est supérieur, le pain des anges ou la chair du Christ qui est certes le corps qui donne la vie. Cette manne-là était du ciel, celle-ci au-dessus du ciel ; celle-là appartenait au ciel, celle-ci au maître du ciel ; celle-là était sujette à la corruption si on la gardait jusqu'au lendemain, celle-ci est étrangère à toute corruption ; quiconque en goûte avec respect ne peut éprouver la corruption.

            Cyrille d'Alexandrie - Commentaire de Saint Jean. IV. 2

" Il leur donna le pain du ciel, l'homme mangea le pain des anges." Ps 77,24-25 . Ces paroles semblent bien s'appliquer aux Israélites ; il n'en est pas ainsi mais c'est nous, bien plutôt, qu'elles concernent. N'est-il pas naïf et parfaitement déraisonnable de croire que les saints anges au ciel, bien que de nature incorporlle, se nourrissent d'aliments plus grossiers et réclament pour soutenir leur vie les mêmes secours que notre corps terrestre ? Au contraire, on comprend aisément qu'étant des esprits, ils réclament des aliments de même nature, c'est-à-dire spirituelle et intellectuelle. Comment peut-on dire alors que le pain des anges a été donné aux ancêtres des Juifs, si cette parole du prophète est vraie ?

Evidemment, puisque la manne était l'image allégorique du Christ qui conserve et maintient toute chose dans l'être, qui nourrit les anges et donne la vie sur la terre, le prophète appelait vérité ce qui était comme annoncé par une ombre : car les saints anges ne sauraient prendre part à une nourriture trop terrestre. Il élevait ses auditeurs, même malgré eux, au-dessus de cette idée grossière de la manne jusqu'à une notion d'ordre spirituel, celle du Christ lui-même qui est le pain des saints anges.

         Fauste de Riez - Homélie sur le corps et le sang du Christ.5

Que le Christ lui-même ait été préfiguré sous l'apparence de cette manne, le Prophète aussi nous le montre avec évidence en disant : "Il leur donna le pain du ciel : l'homme se nourrit du pain des anges". Et quel est ce pain des anges, sinon le Christ qui nous rassasie de l'aliment de son amour et de la lumière de sa gloire.

        Augustin d'Hippone - Sermon sur le Ps 33,6

Il a voulu établir notre salut dans l'institution de son corps et de son sang. Par quel moyen ce corps et ce sang sont-ils venus en notre puissance ? Par son humilité. S'il ne se fût fait humble, il ne serait point notre nourriture et notre breuvage. Voyez de quelle hauteur il est descendu : "Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu." Voilà l'éternelle nourriture, la nourriture des Anges,.....la nourriture des Esprits célestes. Ils mangent et ils sont rassasiés, et ce qui fait leur aliment et leur bonheur, n'en demeure pas moins tout entier. Mais quel homme pourrait toucher à cette nourriture ? Quel coeur d'homme serait assez préparé ?

Cette viande spirituelle devait donc être changée en lait, afin d'arriver aux enfants. Mais, comment une viande devient-elle du lait ? Comment peut-elle subir ce changement, si ce n'est en passant par la chair ? C'est là ce que fait la mère. Ce qu'a mangé la mère, l'enfant le mange aussi ; mais comme l'enfant est incapable de manger du pain, la mère doit faire passer ce pain par sa chair, et le rendre à son enfant dans le suc du lait, et par l'humilité des mamelles.

Comment donc la divine Sagesse nous a-t-elle nourris du pain des Anges ? C'est que "le Verbe s'est fait chair, et a demeuré parmi nous." Voilà le fruit de l'humilité, qui donne à l'homme le pain des Anges, ainsi qu'il est écrit : " Il leur a donné le pain du ciel, l'homme a mangé le pain des Anges." C'est-à-dire, l'homme a mangé le Verbe, cette nourriture éternelle des Anges, et qui est égal à son Pére ; car,"ayant la nature de Dieu, il n'a pas cru que fût lui une usurpation de s'égaler à Dieu". Telle est la nourriture des Anges. "Mais il s'est anéanti lui-même en prenant la forme de l'esclave, et en se rendant semblable aux autres hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui ; il s'est humilié; se rendant obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la croix"

          Augustin - Sermon sur le Ps 77,17

Ce pain est vraiment le pain des Anges, le Verbe de Dieu, aliment incorruptible de ceux qui sont incorruptibles. C'est pour être le nourriture de l'homme qu'il s'est fait chair, et a demeuré parmi nous. C'est là le pain que les nuées de l'Evangile font pleuvoir dans le monde entier. Il ouvre les coeurs des prédicateurs, comme des portes céjestes, pour annoncer sa parole, non plus à une synagogue qui murmure et tente le Seigneur, mais à l'Eglise qui croit et met son espoir en lui.


 

        Le pain au goût multiple  -  Sagesse 16,20-21

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                        Augustin  -  Lettre 54,2

De même que, chez le peuple de la première alliance, la manne avait pour chacun le goût qu'il voulait, ainsi dans un coeur chrétien des effets divers sont opérés par ce sacrement qui a vaincu le monde.

          Fauste de Riez  -  Homélie sur le corps et le sang du Christ .4

Si la manne...... prenait au goût de chacun la saveur qu'il avait désirée, autre était ce qu'on prenait, autre ce qu'on sentait, si la saveur se formait d'une manière invisible dans le palais de chacun, si donc cette manne de l'ancienne loi qui tombait du ciel dépassait par cette variété de saveurs son naturel et son apparence spécifique, si la largesse du donateur avait attribué une telle variété à sa créature que le goût en offrait ce qu'ignorait la vue - en effet la nouveauté de cette nourriture et le cas qu'on en faisait dépendaient du desir de qui la recevait ; chacun se trouvait réconforté par l'agreable don de cette pluie aux saveurs variées et étrangéres à sa nature et par la bonté de celui qui multipliait cette rosée solide ; - si donc il était ainsi, que la foi accomplisse ici ce que faisait alors l'appétit, et de même que l'aliment prenait saveur dans le corps, que Dieu croisse dans nos coeurs par notre croyance en lui.

C'est ainsi que nous lisons : "L'homme atteindra les profondeurs du coeur et Dieu sera exalté". Donc, ce que le plaisir du goût obtenait alors dans le palais, Que la bénédiction divine l'opère ici dans les sens, que la puissance même du prêtre qui consacre te donne la force de reconnaïtre et de percevoir le sacrifice du vrai corps du Seigneur et que celui qui se cachait alors préfiguré dans la manne, se révéle maintenant à toi dans la grâce.


        Le " vrai " pain du ciel - Jn 6

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            Ephrem de Nisibe  -  Mimré 4 sur la Passion

Cette manne que les Israélites ont mangée dans le désert, cette manne qu'ils recueillaient et qu'ils ont méprisée bien qu'elle leur tombât du ciel, était la figure de ce pain spirituel que vous avez reçu maintenant. Prenez et mangez-en ; par ce pain vous mangez mon corps, vraie source de la rémission. Je suis le pain de la vie.

       Cyrille d'Alexandrie  -  Commentaire de Saint Jean. IV.2

Vos pères et vos aînés, dit le Christ, ont pourvu, en mangeant la manne, au besoin naturel de leur corps : ils y trouvaient une vie passagère et donnant à leur chair la nourriture d'un jour, ils arrivaient tout juste à ne pas mourir de faim. La preuve la plus claire que ce n'était point là le vrai pain descendu du ciel, c'est qu'à en prendre, on ne gagnait nullement l'immortalité.

En revanche le signe que le fils est le propre et véritable pain de vie, c'est qu'il rend vainqueurs de la mort ceux qui en ont pris une fois et qui se sont en quelque sorte mêlés à lui dans la communion. La manne est prise comme l'image ou plutôt comme l'ombre du Christ : elle annonçait le pain de vie sans être elle-même ce pain


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     L'eau jaillissant du rocher   -   Ex 17,1-6

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    Cyrille d'Alexandrie  -  Commentaire de Saint Jean  .IV .2

Mais ils ont bu aussi l'eau du rocher. Qu'en est-il résulté, quel profit pour ceux qui l'ont bue ? Il sont morts. Ce n'était donc pas là non plus une vraie boisson, mais en réalité, la vraie boisson, c'est le sang du Christ.

         Ambroise de Milan  -  Des Sacrements. V

Nous avons dit qu'on place sur l'autel le calice et le pain, que met-on dans le calice ? du vin. Et quoi encore ? De l'eau. Mais tu dis : "Comment donc ? Melchisédech a offert le pain et le vin. Que signifie le mélange d'eau ? " En voici la raison....Comme le peuple juif avait soif et murmurait parce qu'il ne pouvait pas trouver d'eau, Dieu ordonna à Moïse de toucher le rocher de son bâton. Il toucha le rocher, et le rocher fit couler un flot très abondant. Comme le dit l'apôtre : "Ils buvaient du rocher qui suivait. Or le rocher, c'était le Christ." Ce n'est pas un rocher immobile, puisqu'il suivait le peuple. Toi aussi, bois, pour que le Christ te suive.

Sois attentif au mystère. Moïse,....avec son bâton, c'est-à-dire avec la parole de Dieu, touche le rocher avec la parole de Dieu. L'eau coule et le peuple de Dieu boit. Le prêtre touche le calice, l'eau ruisselle dans le calice, jaillit pour la vie éternelle, et le peuple de Dieu qui a obtenu la grâce boit.

          jean Chysostome  -  Homélie 46,4 sur St Jean

Du Paradis sortait une source qui se partageait de tous côtés en des fleuves d'eau sensible ; de cette table rejaillit une source qui répand des fleuves d'eau spirituelle.Ce ne sont pas des saules stériles qui s'élève autour de cette fonyaine, mais des arbres dont la hauteur atteint jusqu'au ciel, qui portent toujours du fruit dans la saison, qui jamais ne se flétrissent.

Si quelqu'un brûle, qu'il aille à cette fontaine, il y tempérera sa fièvre, car elle dissipe la chaleur et rafraichit tout ce qui est brûlé et en feu, tout ce que des flèches de feu ont enflammé. C'est d'en haut, c'est du ciel que cette fontaine prend sa source et qu'elle tire son origine ; c'est là qu'elle se renouvelle. Elle donne naissance à plusieurs ruisseaux que l'Esprit-Saint fait couler, et dont le fils fait la distribution. Ce n'est pas avec le hoyau qu'il leur trace leur route, mais il ouvre notre coeur et nous dispose à les recevoir.

Cette source est une source de lumière qui ré pand les rayons de la vérité. Là se trouvent les Vertus célestes, qui contemplent la beauté des sources et des canaux, parce qu'ils en connaissent la vertu mieux que nous, et qu'ils voient plus clairement cette lumière inaccessible. Et comme s'il pouvait se faire que quelqu'un mît sa main ou sa langue dans de l'or fondu, il la retirerait toute dorée, de même ceux qui participent aux saints mystères dont nous parlons changent plus véritablement leur âme en or.

Ce fleuve fait boillonner l'eau à plus gros bouillons et avec plus de véhémence que le feu, mais il ne brûle pas ; seulement il lave, il purifie.

            jean Chysostome  - 3° Catéchése baptismale,27

Moïse alors leva les mains vers le ciel et fit descendre le pain des anges, la manne, notre Moïse lève les mains vers le ciel et nous apporte la nourriture éternelle. Celui-là frappa la pierre et fit couler des fleuves d'eau, celui-ci touche la table, frappe la table spirituelle et fait jaillir les sources de l'Esprit.

C'est la raison pour laquelle, telle une source, la table est placèe au lilieu, afin que de toutes parts les troupeaux affluent à la source et s'abreuvent de ses flots salvifiques.

Puisque nous avons une telle source, une telle fontaine de vie et que la table regorge de mille biens et nous inonde de faveurs spirituelles, approchons avec un coeur et une conscience pure, afin de recevoir grâce et pitié pour nous secourir à point nommé.

      Ambroise de Milan -  sur les Mystères,48

Pour ceux-ci l'eau coula du rocher, pour toi le sang coule du Christ. L'eau les désaltéra pour un moment, toi le sang te lave à jamais. Le juif boit et a soif. Toi, une fois que tu auras bu, tu pourras plus avoir soif. Cela se passait en figure, ceci en vériré.


Donne-nous aujourd'hui notre pain. 

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         La Providence de Dieu

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     Augustin d'Hippone - Sermon 57,7 : De l'oraison dominicale

Il faut entendre de deux manières cette demande relative au pain quotidien ; il faut y voir ce qui est nécessaire à la vie charnelle, et ce qui est nècessaire à la vie spirituelle, Ce qui nous est indispensable pour la vie de chaque jour regarde d'abord la nourriture corporelle, puis le vêtement. Mais on prend la partie pour le tout, et en demandant le pain nous entendons tout le reste.

            Cyprien de Carthage -  De la prière dominicale

Celui qui ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne peut être mon disciple." Le disciple de Jésus-Christ, renonçant à tout, selon la parole de son maître, ne doit demander que la pain de chaque jour. Ses désirs ne doivent pas s'étendre plus loin, puisque Jésus a dit : "Ne vous mettez pas en peine du lendemain ; le lendemain se pourvoira lui-même des choses nécessaires ; à chaque jour suffit son mal."

Le Seigneur nous dit : "Ne vous demandez pas à vous-mêmes : que mangerons-nous, que boirons-nous, de quoi nous vêtirons-nous ? Les païens se préoccupent de ces choses ; mais votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez d'abord le royaume de Dieu et la sainteté et tout cela vous sera donné en surcroît."

Telle est la promesse du Christ. Comme tout appartient à Dieu, rien ne peut manquer à celui qui possède Dieu, tant qu'il lui restera fermement attaché. Daniel fut jeté dans la fosse aux lions par l'ordre du roi de Babylone ; Dieu lui envoya sa nourriture, et l'homme de Dieu mangea tranquillement au milieu des bêtes qui, malgré leur faim, n'osaient se jeter sur lui. Elie, fuyant dans le désert, fut sauvé par des corbeaux qui lui apportaient sa nourriture.

            Le pain de la Parole

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Augustin d'Hippone - Sermon 56,10 : De l'oraison dominicale

Ce pain est la divine Parole qui nous est distribuée chaque jour. Voilà, le pain quotidien dont vivent nos âmes et non pas nos corps

  Augustin d'Hippone - Sermon 58,5 : De l'oraison dominicale 

Ce que je vous explique maintenant est aussi notre pain quotidien. Ce pain quotidien est encore dans les lectures que vous entendez chaque jour à l'Eglise, dans les hymnes que l'on chante et que vous chantez. tout cela est nécessaire à notre pèlerinage. Lorsque nous serons parvenus au terme, lirons-nous encore des livres ? Ne verrons-nous pas le Verbe, ne l'entendrons-nous pas, ne le mangerons-nous pas, ne le boirons-nous pas, comme font maintenant les Anges ? Et les Anges ont-ils besoin de livres, de commentateurs ou de lecteurs ? Nullement ; car leur lecture consiste à regarder, et ils voient la vérité même ; ils s'abreuvent à cette source profonde dont nous recevons quelques gouttes.

                   Le pain de l'Eucharistie

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     Augustin d'hippone  -  Sermon 57,7 : De l'oraison dominicale

Les fidèles savent aussi qu'il y a un aliment spirituel qu'on vous fera connaître lorsque vous devrez le recevoir à l'autel de Dieu. Cet aliment sera aussi votre pain quotidien, car il est nécessaire dans cette vie. Mais en prenant ce pain, ne nous contentons pas de nourrir notre corps, nourrissons principalement notre âme. La vertu propre à ce divin aliment est une force d'union ; elle nous unit au corps du Sauveur et fait de nous ses menbres, afin que nous devenions ce que nous recevons.

      Cyprien de Carthage  -  De la prière dominicale

Le pain de vie c'est le Christ, et ce pain n'est pas à tous, mais à nous, chrétiens. Nous disons "Notre Père", parce que Dieu est le père des croyants, de même nous disons "notre pain", parce que le Christ est notre nourriture, à nous qui mangeons son corps. Ainsi donc nous réclamons notre pain quotidien, c'est-à-dire le Christ, afin que nous, dont la vie est dans le Christ, nous demeurions toujours unis à sa grâce et à son corps sacré.

    Augustin d'hippone - Sermon 58,5 : de l'oraison dominicale

Cette même demande : "Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien." s'applique aussi parfaitement à ton Eucharistie, Seigneur, à cette nourriture de chaque jour. Les fidèles savent ce qu'ils reçoivent alors, et il leur est salutaire de prendre cet aliment quotidien, nécessaire à la vie présente. ils prient donc pour eux-mêmes ; ils demandent à devenir bons, à persévérer dans l'innocence, dans la foi et les bonnes oeuvres. Voilà ce qu'ils ambitionnent, voilà ce qu'ils implorent, car s'ils ne persévéraient pas dans la pratique du bien, ils seraient privés de ce pain mystérieux. Que signifie donc : "Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien " ? Accorde-nous de vivre de façon à n'être pas éloignés de ton autel.


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